lundi 30 juin 2014

Expo à Aire sur Adour

 

"Arènes de silence", ce sera une expo, à partir du 2 juillet à la médiathèque de Aire sur Adour. 

Mais c'est d'abord un livre qui explore silencieusement des arènes à des heures inhabituelles et dans le secret de saisons, sans toros. Une visite mystérieuse et pleine de réflexions et de surprises.

On croit bien connaître son arène de prédilection mais on fait de jolies découvertes avec Martine Chenais.

vendredi 27 juin 2014

Qui était donc cette dame ?


" Une artiste de cinéma, très connue et même célèbre, choisit cet instant pour pénétrer dans le dancing. Pour être plus précis, nous dirons qu’elle était de nationalité française. Quant à l’idiome, elle baragouinait l’espagnol, mais d’une façon fort gracieuse. A peine avait-elle aperçu Luis Miguel qu’elle se précipitait vers notre table. 
- Et moi qui te cherche partout ! s’écria-t-elle en lui en lui appliquant deux baisers sonores sur les joues. Où donc es-tu passé ? Je voulais à tout prix que nous dînions ensemble. Tu bois du gros rouge ? Formidable. Offre-m’en un verre !
On lui remplit un verre qu’elle avala d’un seul trait. Nos compagnes la contemplaient avec extase. Elles avaient reconnu ce visage souvent admiré à l’écran. A défaut de cela, elles eussent été alertées par le magnifique manteau de vison que portait l’artiste.
- Viens à notre table, ajoute-t-elle, s’adressant à Luis Miguel. D’ailleurs, nous t’emmenons, car l’on est en train de préparer pour nous une fête flamenca à Villa Rosa.
- Je regrette, mais c’est impossible. Je suis engagé avec ces jeunes personnes et avec l’ami que voici. Vous ne vous connaissez pas ?
Il fit les présentations.
L’illustre artiste nous tendit la main comme on fait l’aumône aux pauvres des rues, sans daigner nous regarder et tout en continuant de parler avec Luis Miguel.
- Pas libre, tu dis toujours que tu n’es pas libre !
Rien ne t’empêche de venir, et tu sais, ce sera une fête exceptionnelle. Donne-moi encore un verre. Avec nous il y aura…
- Je le regrette vivement, mais je ne le puis. D’autre part, je tiens à me coucher tôt.
- Oh la bonne plaisanterie ! Te coucher tôt. Mais naturellement tu te coucheras tôt : à huit heures du matin. Impossible avant.
- Nous verrons cela. En tout cas, j’irai tout à l’heure à votre table.
En nous quittant, la grande artiste gratifia Luis Miguel de deux autres baisers tout ce qu’il y a de plus cinéma. Et elle but un troisième verre de rouquin.
- Merveilleux ton vin rouge, ponctua-t-elle. A Villa Rosa aussi nous en boirons.
Et elle s’en fut sans un regard pour les pauvres comparses que nous étions." 

Antonio Díaz-Cañabate

mardi 24 juin 2014

Espontaneo

28 avril 1956 - El Cordobés

Franchir le câble, sauter dans le callejon et déboucher sur la piste.
Echapper aux peones, rentrer dans la juridiction du toro.
Garder le contact, éviter le torero qui veut le tirer par le bras.
Sans s'énerver, extorquer quelques derechazos grossiers.
Revenir à la barrière, se faire insulter par les peones qui l'escortent.
Affronter les milliers d'yeux goguenards et la guardia civil qui s'en saisit.
Aller au poste, la muleta confisquée, payer l'amende et se retrouver au point de départ.

L'espontaneo a disparu, fin des années quatre-vingt, début quatre-vingt-dix... L'étoffe de ce héros-là ne se fait plus. Il y fallait de l'aficion et de la précarité. Depuis la crise, la précarité est bien là mais l'aficion s'est effilochée. L'espontaneo était devenu un intermède salutaire les soirs de déprime. C'était l'inattendu, le danger, l'improvisation qui débarquaient en piste, de la tauromachie aussi mais disons plus... spontanée.

L'espontaneo a disparu peut-être au profit des ces jeunes et minces picadors qui ont chassé les picadors vieux et gras. Après tout, picador, c'est mieux payé qu'espontaneo, avec des risques moindres. Ces alchimies-là nous échappent, elles ont leurs propres règles, comme le déplacement des planètes dans les galaxies. C'est compliqué.

El Ubano

dimanche 22 juin 2014

Dumas au Mexique

Contrairement à ses Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas n'a jamais mis les pieds au Mexique.
Ce minuscule détail ne l'a nullement empêché de signer le "Journal d'une Parisienne en voyage", un récit de voyage qui passe par les terres aztèques (et par bien d'autres que le génial écrivain n'a d'ailleurs pas plus foulées).
Un jour, qui sait, on va peut-être découvrir qu'il a écrit les Mémoires de Cúchares... Ce ne serait pas la première fois que Dumas se serait amusé à nous raconter de l'intérieur la vie de quelqu'un qu'il n'est pas ! 



jeudi 19 juin 2014

Les photos de Camilo

Parmi ses nombreuses possessions taurines, Camilo José Cela conservait dans sa maison de Iria Flavia une série de onze photographies prises en 1960 à la plaza de toros de Muro (Mallorca) par le catalan Francesc Catalá Roca. Voici 5 de ces 11 instantanés qu'on pouvait voir à la Real Casa de Correos de Madrid au mois de mai dernier à l'occasion de l'exposition "Camilo José Cela y los Toros".






lundi 16 juin 2014

La tertulia du talus

Roger Wild

Il existe à Vic Fezensac un lieu dédié à la réflexion, un forum, une medersa du toro.
Terrain surélevé, à deux pas de la statue de Ruiz Miguel et bordé de guinguettes blanches, nous sommes sur le talus. Promontoire de terre, ce tumulus herbeux devient un incontournable de la glisse les jours de pluie. Ce monticule révéré concentre les meilleurs penseurs taurins pré et post course depuis des lustres. 

Lundi soir de Pentecôte, brainstorming de rigueur. Extraits des réflexions autour de Cantinillo , de la Présidence, du public, des cuadrillas etc... où il apparaît que :
  • Le public est mauvais durant le tercio de varas et s'insurge en voyant Gabin Rehabi franchir la distance pour rencontrer Cantinillo. A Vic ou à Céret, c'est très embêtant. Depuis le web la crème de l'aficion française n' a pas manqué d'information sur ce thème.
  • Le palco (Molero, Chamaco, Passicos) c'est pas des bleus, ils en ont vu d'autres... pourtant, ne se font-ils pas embarquer par le public en changeant prématurément le tercio ? Lamelas n'est-il pas d'avantage inconséquent en demandant le changement ? Mais alors méritait-il la deuxième oreille ? Je te dis que si... et bé moi je te dis que non !
  • Bonijol a été formidable de courage et de compétence en conservant les rênes de Destinado... Bof, c'est surtout la carence des piétons qui a mis Bonijol en situation de briller.
  • Seuls les toros de cinq ans peuvent produire des situations exceptionnelles de ce type. Cette réflexion fait l'unanimité semble-t-il, excepté un alguazil dacquois et un cordouan qui déplorent le peu de toréabilité du lot.
  • Les second et cinquième toros étaient sérieux et importants, le mayoral devait-il faire la vuelta ? Oui ! …..en raison de la caste !.... mais non !..... c'étaient des mansos !
  • Lamelas a été formidable de courage et d'entrega pour la plupart. Sauf que Lamelas était débordé du début à la fin, excepté l'estocade... pour beaucoup d'autres. 
  • Cuadrillas et toreros ont été débordés par la course... hou !!! … Stop ! Peu de toreros et cuadrillas pouvaient se mesurer à des cinqueños de cette trempe... Olé !!!
  • Lamelas méritait deux oreilles madame ! Des prunes, cher monsieur, une oreille pour le coup d'épée et basta ! Chéri, faut y aller, on doit récupérer les gosses chez ta mère. 
  • Et ainsi de suite...

Il est 22h, l'aficion s'est dispersée sur les routes du sud, les gares, l'autoroute. Quelques-uns sont déjà à la maison et préparent les affaires « pour demain ».

Demain va sauvagement rimer avec quotidien.

El Ubano

samedi 14 juin 2014

Les toros manceaux


Kazuki Nakajima

Premier japonais à signer une pole position au Mans

Tous les ans, à la même époque, il y a course au Mans.
Ces week-ends-là, la ville se transforme : on y parle anglais, il y a du monde dans les rues même après 21 heures, et on ne se plaint pas de la pluie. 
Les plus aficionados arrivent quelques jours avant le paseo, la parade du vendredi. Ceux-là vont au paddock comme on va aux corrales et ergotent sur le poids des casques comme on commente le trapio des lots de toros madrilènes. Pendant ce temps-là, leurs épouses se font signer leur entrada par les figuras et leurs cuadrillas. Sinon, ils y vont eux-mêmes.
Les regretteurs d’hier évoquent avec nostalgie et fierté le « Départ Le Mans » - quand les toreros couraient à leur voiture garée en épi au mépris de toutes règles de sécurité - et blâment encore (quoique avec admiration) le geste de Jacky Ickx templant le départ, marchant tranquillement à sa voiture et s’élançant en dernier… avant de finir premier. Depuis, les choses ont changé. Comme le peto, il est malaisé de regretter le départ lancé, mais quand même, on a perdu en authenticité qu'ils disent les anciens...

Accident de Loïc Duval sur l'Audi R18 n°1

© Hervé Petitbon (Maine Libre)

En tendant un peu l’oreille, on se rend compte qu’il est aussi question des encastes disparus comme Chenard et Walcker et du manque de diversité des élevages. Rendez-vous compte : 33 Porsche sur 49 voitures au départ en 1971 ! Par moment, il est même tellement question de l’importance des chevaux que je m’attends à ce qu’on parle de Bonijol…
A les en croire, côté mundillo, ils ne sont pas mieux lotis que nous : maestros égocentriques, et empresa particulièrement indigne sur certains aspects. Seul exception : les alguaciles qui sont très appréciés de tous. Il faut dire que les commissaires de piste assurent le règlement et la sécurité. Vraiment. Et bénévolement.

Si la comparaison entre les « aficionados a los toros  manceaux » et les « aficionados a los toros bravos » s’arrêtait là, il s’agirait à peine d’une mignonne analogie. Mais il se trouve que lors de la tienta de mercredi dernier, Loïc Duval, est sorti vivant d’un accident spectaculaire en toréant l’Audi n°1. Parte facultativo :  menos grave que le impide continuar la lidia. C’est l’espagnol Marc Gené qui s’est soustitouillé à Duval et a pris le départ à sa place. L’an passé, Allan Simonsen a eu moins de chance. Il est mort au troisième tour. L’équipe d’Aston Martin Racing a décidé de continuer la course. The corrida must go on.

Zanzibar

mardi 10 juin 2014

Vic, par où commencer ?


 

Relance al capote de Goya

 

Par la fin... Il eut été bien injuste qu'il ne sorte rien d'une féria qui alignait des cartels aussi respectables. Or un désespoir poignant se lisait sur les visages fatigués des aficionados les plus aguerris au soir du dernier soir.

Comme un pichet de bière tiède, les Adolfo dépourvus de gaz, nous plongeaient dans l’hébétude, les Pagès Mailhan nous enfonçaient dans le coma et seul un Cebada Gago nous maintenait assez de vie pour prendre la mesure de la misère moite qui dégoulinait dans nos âmes et entre les omoplates. Un soir de Toros, une féria ou quarante années d'afición ne se prolongent que par la grâce inspirée d'un Morante ou le magnifique instinct de conservation de Cantinillo. Sans ces moments d'exception, la tauromachie à pied telle que nous la connaissons ne se survivra pas. 

Le mano a mano des banderilleros du premier jour nous a porté son lot de... banderilles, très professionnelles, risquées parfois. Banderilles – plat de lentilles, ça cale avec le petit salé, mais on ne vient pas pour ça, il y faut rajouter une entrée ! un dessert ! que sais-je... des danseuses !

Les Pagés-Mailhan-vive- la- France étaient beaux et sentaient bon le sable chaud. Porteurs de nos espoirs nationaux, du coq provençal, ils étaient... mous et mon voisin coureur d'encierro, avec qui je m'engueulais presque, les trouvait plutôt... cons. La vérité se trouvant sans doute quelque part entre nous deux, je refuse de revivre une quelconque reconstitution.
Ami Vilches, merci pour tes naturelles. Valeureux Mota, gloire à ton sérieux et à ton engagement. Cher Aguilar, olé à ta combativité. Mais de Cebada Gago il n'y en eut qu'un... le dernier.

Quelques pichets de bière plus tard… On se retrouve, toujours les mêmes 6000 rêveurs, en hypoglycémie de toros quand débarque le premier Dolores blando et mansote, puis un second manso encasté, fils de plusieurs générations de patates chaudes, il sera très piqué. L'avisé troisième n'est pas tendre non plus, Lamelas s'entête à le gaver de trop de passes trop longtemps pour un tout petit résultat. Le quatrième régale d'un batacazo, il sort seul des deux puyas, et décompose sa caste au lieu de l'étaler.
"Como antes" dit la devise du nouveau CTV... et l'Esprit de Pentecôte vint à souffler avec le cinquième, très bien présenté, genre qualité supérieure, manso con casta et sin fijeza ce qui ajoutait à son charme, il sortira seul de cinq rencontres au cheval et mettra en difficulté les banderilleros vedettes. Castaño renonce à l'affrontement et choisit de rester vivant par curiosité, pas fou, il veut voir le sixième.
Il se nomme Cantinillo, il vit seul et pèse 600kg. Assez renfermé, ses voisins ont déclaré à la gendarmerie qu'il ne recevait personne, se montrait discret et affable. A la "dehesa de Frias" on ne lui connait pas d’ennemis, ils sont morts. Il est beau et il fait peur.
« On s'enfuit, on franchit les grilles ...». Pétoche aussi dans les gradins des escaliers A.B.C...Y.Z à la perspective d'un saut réussi. Le seul à ne pas perdre les papiers et les factures sera Bonijol plutôt exposé mais sa passion du cheval est grande.
Trois cartons au cheval en sortant seul ne font pas un toro piqué et on est même loin du compte, Gabin lui, le sait, et va chercher Cantinillo là où il est... au centre si nécessaire. Les néo-aficionados s'étonnent et s'insurgent, le palco tient des raisonnements... or IL FAUT PIQUER... on discutera plus tard.
Et là, chère enfant, j'en suis à regretter la présence du deuxième picador et l'application d'une manœuvre d'encerclement subtile qui permette de piquer "al alimon" comme il est prévu dans les traités de tauromachie. Mais déjà résonnent les clarines et pour Lamelas, co-responsable du prématuré changement de tercio, la mission est simple : tuer Cantinillo avec une épée et un chiffon rouge.
Cela va prendre cinq exaltantes mais interminables minutes dépourvues d'orthodoxie.
Minutes chargées d'incertitude : la mort de Cantinillo ou celle de Lamelas.
Epilogue : estoconazo et descabello.
En récompense Lamelas obtiendra une oreille d'un palco mesquin mais souverain, deux vueltas triomphales, des contrats, et notre estime à jamais.

Bon anniversaire patronne.

El Ubano

samedi 7 juin 2014

Remember Camarito

  C'était hier, en 2009


Du temps où les corridas concours faisaient le plein


Du temps où les ganaderos choisissaient les toros dans le haut du panier


Et où les piqueros sortaient sous de tonitruantes ovations


Du temps où le public vibrait, en apnée


Cette année-là, Camarito a hésité


Et Baraquero, "brave-à-la-muleta", la moitié du trône lui a piqué


Peut-être bien que ce soir, au bar du CTV, on parlera encore...

En photo : Camarito de Palha (n°507, né en août 2004) & Baraquero de Victorino Martin (n°133, né en novembre 2003)

Vainqueurs ex-aequo de la corrida concours du 31 mai 2009 à Vic Fezensac.

vendredi 6 juin 2014

San Isidro - Puerta Grande sur grand plateau

Mardi 3 juin 2014. Adolfo Martin pour Antonio Ferrera, Diego Urdiales et Miguel Perera.

Nos emplois du temps respectifs, et des critères de choix de bétail quelque peu opposés, ont fait que Miguel Perera et moi nous ne nous étions jamais vus. C’est désormais chose faite, même si je ne suis pas catégorique sur le fait qu’il m’ait aperçu au moment de sortir des arènes à dos d’homme en passant à deux mètres de mon smartphone.
Tout ça pour dire que j’ai donc découvert sur le tard ce torero et, s’il m’a rappelé un grand bonhomme, ce n’est pas Dominguin, Ortega ou Espartaco mais Fabian Cancellara. La même puissance, une domination sans partage et une tendance à choisir ses courses.

Pour une fois, Perera venait participer à une "Classique" après moultes kermesses, critériums et contres-la-montre balisés. Mais les Adolfo du moment ne consistent pas vraiment en un Paris-Roubaix ou un Tour des Flandres, un Grand Prix E3 tout au plus.
Plutôt pas mal présentés, mieux que certaines années passées malgré une relative hétérogénéité (498 à 590 kg, 3 cinqueños et 3 cuatreños), les Adolfo sont sortis seuls de la deuxième rencontre (1,3 et même le 6 après avoir désarçonné le piquero) ou ont démontré leur manque de poder (4 et 5). Seul le 2 a été bravito mais ce fut aussi le plus faible. Faiblesse quasi générale enlevant beaucoup d’intérêt à leur charge parfois piquante malgré tout.

Antonio, récent rescapé d’un accident de la route qui le fit défiler tête nue (des points restants ?), est resté superficiel à son premier. Pinchazo, rinconera et silence. Poderoso aux banderilles avec le 4, il sera tout aussi marginal avec la muleta, Pinchazos, rinconera et silence à nouveau.

Diego Urdiales a souffert de la faiblesse de ses opposants. Rien à tirer du 2, deux tiers de bajonazo et silence. Il tirera quelques pépites sur la gauche du 5 mais s’entêtera à droite avec fadeur. Pinchazo, 1 avis, re-pinchazo, une demie et des descabellos entrainant des pitos.

Perera a donc étalé sa facilité, supérieur à gauche avec le 3, quelques enganchones à droite ne lui offriront qu’un salut après sa belle estocada. Le 6 commence par étaler sa faiblesse mais après l’épisode de « Paf ! Le Piquero », il exprimera une belle dose de piquant au troisième tiers. Perera conjugue le verbe "mandar" à tous les modes, main basse, facile. Une sublime série à gauche est suivie d’un final un peu accroché. L’estoconazo libère naturellement une oreille, la deuxième me parait abusive mais autorise une deuxième Puerta Grande dans une même San Isidro. Besoin de buzz ou bien ?

Même si la course a été globalement décevante, elle m’a donné envie de revoir Perera/Cancellara avec les toros réservés habituellement aux grimpeurs/puncheurs. Cela risque de ne pas arriver avant que Fabian Cancellara ne prenne le départ de Liège-Bastogne-Liège.

Marc

jeudi 5 juin 2014

San Isidro - Corrida de Cuadri

Celestino Cuadri pour Javier Castaño, Ivan Garcia et José-Carlos Venegas (confirmation). 

Comme le dirait l’immense Homer Simpson : « Le problème des chips légères c’est qu’il faut boire deux fois plus de bière ». Et les Cuadri allégés en caste de cette édition 2014 n’ont pas été accompagnés d’assez de degrés de toreria pour que nous ayons, à défaut d’une course de toros, une bonne course de toreros. 

Lot bien roulé dans le type maison, un peu juste pour Madrid les 2 premiers (?), globalement mansote, douchant à la deuxième rencontre les maigres espoirs parfois suscités à la première (notamment un batacazo dû au piquero sur monture trop droguée au 6). Si les 3, 4 et surtout 5 avaient peu à donner, 1 et 2 permettaient faena et le 6 s’est allumé en se jetant sur la muleta comme Homer sur la dernière Duff dans le frigo. 

Javier Castaño est devenu le subalterne de sa propre cuadrilla (Fernando Sanchez, a gusto, et David Adalid ont salué deux fois), marginal et fade. Rinconera et silence. Tendida trasera, descabello et silence. 

Ivan Garcia a toréé 2 fois en 2013, faut-il que personne d’autre ne souhaite ‘prendre’ les Cuadri pour le programmer ? Déficient avec l’épée, 1 avis avec le 3, silence aux deux. 

José-Carlos Venegas brouillon avec son toro de confirmation (« Ribete » n°31 pour les statisticiens), se laisse mener aux planches. Pinchazo, belle entière et salut après 1 avis.
Le bouillonnant 6ème charge donc comme un missile sol-sol et Venegas essaye de faire front. 
Ses demi-passes slicées à gauche éprouvent la clarté de la charge jusqu’à une effrayante cogida, dont on le relève sans blessure. Demie, série de descabellos et 1 avis.

Ouf ! Cañas para todos ?

Marc

lundi 2 juin 2014

San Isidro - Corrida de Montealto

Francisco Javier Sánchez piquant Lirio

Toros de Montealto (et aussi de Julio de la Puerta – un titulaire et un sobrero – et de El Ventorillo – sobrero) pour Pedro Gutiérrez "El Capea", Alberto Aguilar et Sebastian Ritter qui remplace malheureusement Paco Ureña. 
Une corrida assez étonnante, avec son lot d’évènements infiniment regrettables et son lot de satisfactions dont nous sommes respectivement redevables à El Capea, Ritter, et 3 toros pour la première part, et Aguilar et 3 toros pour la seconde. 

Après le changement du premier toro qui s’est cassé la corne en cours de lidia (le règlement taurin espagnol doit sûrement permettre ça sinon, évidemment, le palco n’aurait pas cédé à la demande de cambio), El Capea nous inflige l’indigence de son toreo face à une bête inerte. Il reproduit  le concept (aguante en berne, main gauche en carafe et jambe contraire au chômage) face à son second qui est pétri de vilaines manières. Silence (1 avis) et silence.

Juste avant la course, C. m’a dit que Sebastian Ritter devait avoir « le bras sacrément long » pour avoir réussi à intégrer un cartel de dimanche soir en pleine San Isidro alors que tant d’autres l’auraient justement mérité. L’expression prête à sourire quand on repense au peu d'allonge du torero et à sa muleta que, telle une excroissance bien encombrante, il n’a jamais réussi à flanquer au bon endroit. C’était vraiment dommage face au dernier toro de la course, sobrero particulièrement intéressant de El Ventorillo, qui embistait avec beaucoup classe pour peu qu’on le lui demande avec les égards dus à sa caste, mais qui a fini avisé après une faena entièrement hasardeuse. Je n’ai pas entendu le troisième avis sonner mais le mouchoir est bel et bien sorti. Grand seigneur, Ali-Rota, s’est couché après une vingtaine de descabellos (à peu de chose près) juste au moment fatidique. Silence et bronca (3 avis).

Alberto Aguilar a dû en premier lieu faire face à un très étrange adversaire qui s’appelait Lirio. Un toro d’une présence peu ordinaire qui a provoqué un batacazo d’anthologie (suivi d’une scène interminable avec le cheval se faisant rouler-bouler à terre). La monture est partie à l’infirmerie sous l’ovation pendant qu’Alberto remettait le toro en suerte au cheval de réserve resté au toril. On n’était plus à 2 minutes près et ça aurait eu plus de gueule de faire les choses au bon endroit, à l’opposé. Peut-être aurait-on vu quelque chose... Après un deuxième tiers tout aussi tumultueux, Lirio s’est éteint. Au 5ème, Alberto se la joue façon "Basquiat de la tauromachie", il capte l’énergie de tout ce qui l’entoure : celle du toro (qui va a mas), celle du soleil (dont les premières morsures font tant de bien), et celle du public (qui aime ses séries propres et concises). Dans le genre, on l’a déjà vu faire mieux et on peut regretter qu’il n’ait jamais repris la gauche après une unique tentative pas rudement convaincante. L’oreille accordée n’apparait tout de même pas déplacée. Silence et oreille.

 Zanzibar