dimanche 25 janvier 2015

¡ Cinema !

Luis Procuna

L’inconstance n’est pas l’apanage des toreros gitans.
Les mexicains ont également eu leur lot de matadors capables des pires déroutes et des plus grands triomphes, à commencer par Luis Procuna, torero maudit-chéri de Mexico. 
Avant de s’habiller de lumières, il travaillait au marché de  San Juan de Letrán dans le centre de Mexico et il avait une mèche de cheveux blanc sur la tempe droite. On l’appelait donc le "Berrendo de San Juan". 
Le 5 février 1946, il est au cartel inaugural de la Plaza México au côté de Luis Castro “El Soldado” et Manolete face à des toros de San Mateo.

Cette photo (à gauche) prise par Rodriguez a fait le tour du monde. Elle caractérise le toreo de Procuna, par le haut, tout en raideur, et avec de l’aguante… selon les circonstances. En Espagne, il parait qu’on ne l’aimait pas trop. Trop à contre-style. Pas à la mode de l’époque. Au mieux, on le considérait comme exotique.
C’est cette photo qui a servi de modèle pour l’affiche du documentaire « ¡Torero!  » du cinéaste espagnol Carlos Velo.

« ¡Torero!  », c’est l’histoire d’un matador vue par le prisme de la peur. Cette peur qui réclame la despedida et ne permet même pas de profiter d'un fugitif triomphe puisque l'homme sait que, le dimanche suivant, il y aura une autre course qu'il commence déjà à redouter. Pas vraiment un rôle de composition pour Luis Procuna qui disait qu'il y avait trois sortes de peur : la peur du toro, la peur du public, et la peur de la peur. Une véritable confession scénarisée par Hugo Butler (qui n'est autre que le collaborateur, entre autres, de Aldrich, Renoir et Buñuel). 

« ¡Torero!  » a fait couler beaucoup d'encre en son temps (sortie en 1955 et nomination aux Oscars en 1958). Morceaux choisis* :
  • "... Carlos Velo fait le néo-réalisme des hommes qui travaillent le dimanche..." (Cesare Zavattini) 
  • "... Si je n'avais pas vu ¡Torero!, je n'aurais pas fait "La bataille d'Alger"..." (Gillo Pontecorvo)
  • "... Pourquoi ¡Torero! est un film magnifique ? Parce qu'il nous montre, presque sans artifice, la vie d'un matador célèbre qui aime la gloire, l'argent, les hommes et sa famille, mais que la peur oblige à abandonner momentanément sa carrière. Cette carrière cruelle avec qui il renouera, poussé par son orgueil..." (François Truffaut) 

"El Berrendo de San Juan" Luis Procuna et le Dr. Alfonso Gaona


Sur cette autre photo (ci-dessus) prise par les frères Mayo, on voit l’autre facette du déconcertant "Berrendo de San Juan", se jetant à corps perdu dans le callejon après une fuite éperdue face au toro qu’il est censé toréer. C’est le Dr. Alfonso Gaona, empresa de la plaza, qui va lui prêter main forte.

 * Citations allègrement piochées dans le "Cinéma & Tauromachie" de Manuel Rodriguez Blanco.

Zanzibar 

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