mardi 30 septembre 2014

L'origine de « la planète des toros »

"La terre est la planète que nous habitons. Y vit-on bien, y vit-on mal ? Sur ce point, les avis sont partagés. Les toreros ont résolu cette difficulté, eux et toute l’humanité qui vit dans leur entourage, qui participe à leur vie et ne vit que d’elle. A leur usage, ils ont construit une planète qui consent bien à tourner avec la terre, selon le même orbe et le même rythme, mais qui n’a rien de commun avec elle. C’est la planète des toros. Rien n’y est vulgaire comme sur notre planète. C’est le dernier refuge du merveilleux picaresque. Pour ceux qui l’habitent, la vie n’est que fantasmagories et prodiges sans fin. Heureuse planète des toros !

Ce monde merveilleux comprend trois castes : les toreros, les valets d’épée et ceux que nous appellerons les taurins. Soyons généreux, et accordons une place, parmi ces privilégiés, à quelques éleveurs et aussi à quelques amis des toreros. Du coup, me voici admis dans ce paradis…

Parlons du taurin. C’est ce personnage qui vit dans les coulisses de la fiesta. Il lui apporte une collaboration parfois importante, souvent inutile, mais à ses yeux toujours fondamentale. Cette collaboration s’exerce sur des plans très divers. En premier lieu, pour le taurin pur, elle consiste essentiellement à dire du bien de certains toreros et du mal des autres. Activité tranquille et suave qui occupe intégralement ses journées et une bonne partie de ses nuits. Pour le surplus, il vit au jour le jour, et, bien entendu, uniquement d’expédients, extorquant cent pesetas à tel torero, cinquante à tel autre. Le fait est qu’il vit et prospère sans jamais mettre un pied hors de la planète des toros, la plus petite des planètes connues. Ce monde enchanté tient entre deux limites : un café et la plaza du lieu. Le reste, c’est la planète terre, et le taurin s’y aventure, quand il ne peut faire autrement, comme s’il devait marcher sur des charbons ardents."

Antonio Diaz-Cañabate - Extrait de "Au cœur de la corrida"

samedi 27 septembre 2014

"Ale" du temps de son vivant

  
On connait l'histoire de Jaime Ostos qui reçut une cornada en 1963 à Tarazona de Aragon et conserva chez lui l'acte de décès signé par le chirurgien Val-Carreres qu'on ne félicite pas.

On connait moins celle de Alejandro Sàiz Ortiz, dit "Ale" né à Bilbao en 1891 ou 1892. On sait qu'il était petit mais bon matador et "managé" par Felix Urcola. Il prit l'alternative dans la plaza de Carabanchel en 1917 et confirma en 1918. 

Victime d'une grave cogida au Mexique dans les arènes de Octoland, province de Jalisco, en haut à droite, une agence de presse annonça prématurément son décès et on s'émut beaucoup sur les rives du Nervion. Un peu sous le coup de l'émotion le Cocherito Club, croyant bien faire,  organisa une cérémonie funèbre.

Quand Alejandro revint des Amériques, bien gaillard, dans sa ville natale, on lui rendit un grand hommage et le brave homme mourut bien plus tard, en 1970 à Lisbonne.

(source Cossio, Cocherito Club, Federation Taurina de Bizkaia)

El Ubano

jeudi 25 septembre 2014

Un nouveau portail taurin "por y para aficionados"

Avant, il y avait le blog Pureza y Emoción. Aujourd’hui, il y a le site Pureza y Emoción, un vrai site avec son « .com » bien à lui, un vrai portail taurin indépendant, avec ses rédacteurs bien à lui qui ont leurs façons de penser bien à eux.

Comme le créneau du « raconter tout et n’importe quoi pourvu que ce soit plus vite que le concurrent » était déjà pris, cette bande de joyeux aficionados a décidé de parler de tout mais en prenant le temps d’y associer un point de vue et d’en soigner la forme. 

Au programme : analyses de l’actualité, reportages, chroniques, histoire de la tauromachie, comportement du toro, technique du toreo, sans oublier le campo et les novilleros, y algo mas...

L'objectif de cette belle équipe, c'est David Zamora qui en parle le mieux : "La cuestión es crecer poco a poco pero sólidamente. Trataríamos de  conseguir llegar a ser un medio de referencia para aumentar el nivel de los aficionados, porque si todo sigue por el camino que va, la Fiesta no pinta bien..."

Forcément, on leur souhaite bonne chance !

lundi 22 septembre 2014

"A la Saint Mathieu, fais ce que tu peux"

Le cuivre astiqué

"Parfois le temps concentre les évènements et  les gens en un lieu unique où en plus il fait chaud"... phrase idiote mais ça fait cossu en introduction.
Le mariage de René, la despedida de Marcel, le retour de Mumu et celui des Barcial....
Deux Thomas, celui du Palco et celui de la Cal, des montois en pagaille, trop, qui s'égaillent à la moindre information rugbystique, des professionnels de la restauration débordés et Saint Mathieu qui s'amuse de voir qu'on le fête de familière manière.

On se dit que c'est la dernière de l'année, qu'il faut profiter des uns et des autres, de la journée estivale et de ces  Barcial si beaux dans le corral vicois. Encore plus beaux quand ils rentraient en piste, armés en guerre et parfois hauts sur pattes, ce qui n'est pas leur spécificité.
La bravoure quand elle n'est pas soutenue par la solidité finit  par se diluer. Le toro brave quand il est faible, se ralentit et s'arrête, il se défend, ou se réserve ou se décompose. "Bref ça part en sucette".

Quinze rencontres au cheval. Le premier a poussé mais s'est agenouillé deux fois et a renoncé. Le deuxième aussi a poussé et avec une pointe de caste et une autre de sentido qui déborderont Cesar Valencia. Le troisième ne pousse pas, fléchit, se réserve vite. Le quatrième, franchement faible, avance en se défendant et arrose de gañafones inquiétants le matador. On a passé beaucoup de temps à mettre en valeur le brave cinquième sur un premiers tiers spectaculaire qui consistait en un gros puyazo et deux puyas citées depuis les vingt deux adverses, suivi d'un tercio de banderilles soutenu, suivi de... rien puisque l'animal avait liquidé ses forces. Quant au dernier, "il a mangé chaud"  sur trois rencontres en raison de son comportement compliqué et inquiétant  car mal voyant de notre point... de vue.

Tomas Angulo a subi, Cesar Valencia n'a pas grand-chose a regretter et le rustique Vicente Soler repart avec un malentendu. Soirée de pinchazos et sans trophées. Vuelta de Valencia au second de la tarde.

El Ubano

jeudi 18 septembre 2014

Communiqué Aire sur l'Adour

La gestion des arènes Maurice Lauche est confiée aux aficionados aturins.

La délégation de service public relative aux arènes d’Aire sur l’Adour arrive à son terme le 30 septembre 2014.

Pour les temporadas à venir, la municipalité a répondu favorablement au projet présenté par la Junta des Peñas Aturines. Ainsi, l’association regroupant l’afición locale sera en charge de l’organisation des spectacles taurins espagnols dès 2015, avec pour objectif de dynamiser l’image des arènes Maurice Lauche, en proposant des spectacles sérieux et attractifs (en collaboration avec la commission taurine extra-municipale).
La programmation sera clairement axée sur le toro, en termes de présentation, d’origine et de caste. Pour rappel, les 2 principaux rendez-vous de la temporada aturine sont le premier Mai et le troisième dimanche de Juin.

Aire sur l’Adour, le 17 Septembre 2014

Thierry Pinot - Président de la commission taurine extra-municipale d’Aire sur l’Adour -

mardi 16 septembre 2014

Dada y torero

Selon le Larousse, le mouvement dada est un mouvement « terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre ». 


Selon Jorge Luis Borges, le dadaïsme représente le nihilisme, le désespoir de la littérature et de tous les arts. Malheureusement, toujours selon Borges, les dadaïstes n’étaient pas vraiment des sceptiques. C’était des artistes aussi professionnels, aussi jaloux et vaniteux que les autres. 
Alors que tous les autres s’arrogeaient la paternité du mouvement ou mettaient en valeur leur importante contribution à celui-ci, seul Picabia a eu la véritable « dadaïste attitude ». Quand on faisait référence à la part active qu'il avait prise dans le dadaïsme, il s’offusquait et rétorquait « Dada, je ne connais pas, je n’y suis pour rien ». 

A l'époque, c'était très torero.

Zanzibar 

Picabia - Torero - 1901

 

Picabia - Gitanillo de Triana - 1917


Picabia - Le toreador - ????

 

Picabia - Portrait de Torero - ????

 

Picabia - Torero - 1941


dimanche 14 septembre 2014

Telefono 46 y 140

Photo  © Jean-François Luquet


Sepulveda, c'est d'abord un joli village niché dans une faille rocheuse entre Lerma et Ségovie. Un endroit qui a été sauvage, austère et très religieux si l'on considère le nombre de clochers. Sepulveda c'est aussi les vautours qui rasent les toitures. A certaines périodes de l'année, leur ombre glissante devant vos pas les rend inquiétants... les pigeons dégagent à leur passage, on ne sait jamais.  Sepulveda, c'est aussi une jolie place avec une vielle quincaillerie pour cow-boys tenue par deux vieux qui se tiennent derrière un antique comptoir en bois comme le plancher de la boutique.  Sepulveda, c'est une sortie possible depuis la capitale, pour la journée, un dimanche, avec un énorme embouteillage assuré au retour. Sepulveda, c'est là qu'il faut aller s’attabler devant un quart d'agneau de lait grillé au four à bois. Et parmi tous les établissements spécialisés, il en existe un qui pratique la chose avec un art consommé : Tinin.

Il faut arriver  à deux minimum, vers 14h avec détermination et appétit.
Inutile de lire le menu car le patron, lui, le connait.
N'essayez pas de choisir votre table, car le patron, lui, sait où vous serez bien installés.
Le patron ? C'est un gros monsieur qui cuit des agneaux de lait depuis la Reconquista, aussi ne fait-il aucun effort de séduction. Il est bourru, fatigué, mal accoutré, expéditif et presque patibulaire. Donc intéressant. Il enfourne et défourne des gigots d'agneaux comme un boulanger des baguettes.

Si vous aimez l'ensalada mixta assaisonnée d'eau et d'huile, vous êtes au bon endroit.
Ici le vin est servi glacé et d'ailleurs c'est  très souhaitable. Et quand arrive le plat en terre contenant l'agneau fondant et grillé, chuintant et bronzé, que le patron vous présente puis découpe... à la cuillère à soupe... croustillant dehors et fondant dedans... tout ce que vous avez supporté prend du sens. 

 Le dessert n'a aucun intérêt, comme souvent. L'idéal serait un sorbete al cava maison ou une glace de leche meringada avec de la cannelle, n'y pensez plus, on ne vous offrira même pas le petit verre de hierbas. 
Tout est dans l'agneau.

El Ubano

vendredi 12 septembre 2014

Empresa Ordoñez


Photo © "Tehel"

 
C'était plein à Ronda samedi dernier pour la Goyesca
A l'ombre, les messieurs en blazer de lin se congratulaient et les dames affichaient toilettes distinguées et sourires carnassiers.
Et pour le cas où l'on ne saurait pas, sur un petit mouchoir satiné distribué larga manu à l'entrée des tendidos  figurait, outre le programme : Con este panuelo pida la oreja.
Une supplique ? Un ordre ? Une indication pour les touristes ? (dans ce cas, il aurait fallu l'écrire en anglais).

De fait, les oreilles tombèrent comme à Gravelotte pour des prestations affligeantes : des toros de Zalduendo d'une faiblesse sans nom, bouche ouverte dès le deuxième tiers après des micro-piques même pas "ouvre-boitées". En faena, ils ne chargeaient plus mais progressaient par petits bonds sous une avalanche de toques, version taurine du dead cat bounce !
Ironiquement, c'est celui qui fut le moins récompensé (Perera) qui fut à l'origine du seul moment d'un petit peu d'émotion : à la fin de son premier, une série de manoletinas espacées et très exposées, laissant longuement le toro respirer, imposant une rupture de rythme judicieuse, créant attente et tension, puis déclenchant la charge d'un seul mouvement de tête, con aguante. Le tout rehaussé d'un chorus de trompette pianissimo que le maestro (celui de la musique) réglait suivant les passes. Du bel effet, mais ce fut tout pour l'après-midi.

Et avec un touchant ensemble, à chaque toro, les blazers de lin et les sourires carnassiers agitaient leurs petits mouchoirs satinés, systématiquement et frénétiquement. Un peu comme autrefois à Barcelone quand un bon tiers des gradins était occupé par des touristes japonais qui pensaient qu'agiter le mouchoir faisait partie d'un rite obligé à la charge du spectateur. Ils sont disciplinés les japonais, alors ils agitaient, ils agitaient... Et aujourd'hui, ils ne peuvent plus.

A Ronda, ça n'est pas par discipline qu'ils se fatiguent les poignets, mais par une espèce d'auto-persuasion enivrée que tout chez eux est fantastique ; une plaza historique, une goyesca à sa 58ème édition, des figuras... Tout est merveilleux.

L'autre coup de force fut de fournir dès le dimanche (toujours aussi généreusement, à l'entrée des tendidos) une revue sur papier glacé d'une dizaine de pages avec photos et commentaires (dithyrambiques) de la course de la veille... et bien sûr un autre pañuelo. Les rotatives ont dû tourner toute la nuit. Ils font les choses bien à Ronda. 

Tehel

jeudi 11 septembre 2014

El winner is...

Vu dans le bas Aragon

Les prix de la feria de Calasparra :

  • Triomphateur de la Espiga de Plata : Pablo Aguado (d'accord).
  • Triomphateur de la Espiga de Oro : Antonio Puerta (sans commentaire).
  • Meilleur lot de novillos : Cebada Gago (desierto... on a vu des choses par-ci par-là mais pas de lot complet).
  • Meilleur novillo : le 5ème Pallares (le 3ème Cebada Gago).
  • Meilleure épée : Juan de Castillo (d'accord, même si certains autres ont également été très méritants lors de la suerte suprême).
  • Meilleur piquero : "Pastelito" (d'accord, mais ils n'ont pas été nombreux à avoir l'occasion de mettre en avant leur talent plus d'une fois...).
  • Prix "Detalle para el recuerdo" : aux organisateurs de l'encierro (à la Peña El Quite et à son Président !).
  •  Prix "Al quite de peligro" : desierto (au public pour avoir sauvé la feria du gouffre financier en enfin venant en masse le dernier jour).
  • Prix au meilleur banderillero : Antonio Cama de la cuadrilla de Antonio Puerta (d'accord, mais il peut le partager avec Carmelo Gonzalez El Gallo de la cuadrilla de Antonio Linares)

Zanzibar

mercredi 10 septembre 2014

6 soberbios novillos-toros de Cebada Gago

Antonio Puerta : 2 oreilles +  2 oreilles
Fernando Rey : 1 oreille + 1 oreille
Varea : 1 oreille + 2 oreilles et la queue

Sortie a hombros de la terna, du mayoral, et du ganadero (ce dernier en équilibre très instable, comme en manière d'allégorie).
Mais, chers lecteurs, ne vous fiez pas aux résultats car, contrairement aux apparences, cette course n'a pas été faite que de gags !

Alors oui, bien sûr, il y a eu beaucoup moins de piques que de trophées et la privation de triomphes depuis deux jours a quelque peu émoussé le sens commun des aficionados présents (celui du président était altéré depuis le début de la feria).
 

Il n'empêche que la novillada a revêtu plusieurs moments de grand intérêt à commencer par la sortie en troisième position de celui qui aura été LE toro de la feria. Beau trapio, prenant deux piques en mettant les reins (provoquant un batacazo à la première), poursuivant aux planches au deuxième tiers, doté une charge fixe et offensive à la muleta, particulièrement à gauche, allant a mas malgré la faena tristement scolaire de Varea.
Le hic, c'est que ce n'est pas du tout à ce toro que le mayoral a été invité à faire la vuelta mais au suivant (un "faiblichon" de bon moral qui se laissait caresser le frontal sans rechigner).

Ce que ne dit pas non plus le score final c'est que Fernando Rey s'est joué la vie face au très compliqué 5ème qu'il fera rentrer dans la marmite d'une entière un peu delantera. Une oreille, de celles qui ne comptent pas pour du beurre. Il en avait précédemment gagné une autre de manière très honnête face à un novillo de sentido et après une entière que les maniaques de l'euphémisme appelleront "habile".

En dernier lieu, il y a eu le 6ème, sorti avec une crampe et sifflé jusqu'aux banderilles. Le novillo s'est refait de manière spectaculaire aidé en cela par la très intelligente faena de Varea. Pinchazo al recibir. Estoconazo. De là à dire que nous avons assisté à un faenon de deux oreilles et rabo, heu... je ne crois pas, non. Pour ça, il aurait fallu un combat.

Je n'ai strictement aucune idée des raisons qui ont motivé l'octroi de quatre oreilles à Antonio Puerta dont la grande valeur des deux faenas aura échappé à ma légendaire sagacité...

Présidence nuisible. 

Zanzibar

6 grandiosos novillos-toros de Jose Luis Osborne

Falta uno !" "Falta uno !"
Celui qui manquait, c'était le numéro 14. Un colorado qui a fait le show pendant 21 minutes lors de l'encierro matinal. Il sort en troisième position et nous crève les yeux de sa présence en piste mais... c'est juste une illusion. A peine une sensation.

Comme le cinquième du reste, de magnifique présentation... mais dont le châssis tolère à peine la carrosserie.
Le pire lot de la feria à égalité avec les Los Chospes.
Le seul instant "d'intérêt" de la course est venu de la mort spectaculaire du 4ème qui a tardé à tomber de manière définitive (les 18 minutes étaient largement passées quand le deuxième avis a enfin sonné après que le novillo ait envoyé 2 peones au tapis).
Inutile de faire un récit détaillé de ce genre de course.  Un bête bilan comptable suffira.

Fran Gomez : une oreille (sur pétition minoritaire et après un bajonazo) et silence après 2 avis.

Miguel Angel Leon : silence (après une faena affreuse faite dans la tourmente au seul novillo qui semblait avoir quelque chose dans le ventre) et silence (après une faena affreuse, pourtant pas contrariée par le vent cette fois-ci).

Louis Husson : salut au tiers (après une faena hésitante et une épée contraire en sautant) et salut au tiers (après s’être de nouveau fait trimballer par un manso qui mettait la tête assez sottement et une très belle épée).

Ceux qui ont vraiment illuminé ma journée : Maria (87 ans, qui a vu toréer Manolete et chez qui on mange le riz et le fromage des gens qui ont connu la faim) et Alfonso (12 ans, l'aficion chevillée au corps, et voisin de gradin épatant).

Zanzibar

mardi 9 septembre 2014

6 magnificos novillos-toros de Pallares

"Le passé est un pays étranger. Les choses s'y font différemment."

Avec sa montera vissée sur le crâne et sa silhouette de bucheron canadien, Antonio Linares a repris à son compte l'adage de LP Hartley. Le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas un torero d'école (à moins bien sûr que LF Espla en ait créée une dernièrement) : il connait les principes de la lidia, respecte les règles écrites et non écrites, exige la même chose de sa (très bonne) cuadrilla, et n'est pas avare de desplantes délicieusement démodés.  Il n'est pas non plus né de la dernière pluie et connecte avec le public à son premier grâce à sa muleta rustique et ses poses théatrales (sans pour autant donner la faena adaptée). Vuelta inattendue après bajonazo.

 A son second, Antonio laisse briller "Pastelito", son piquero tellement rond et luisant qu'on dirait une cerise confite. 3 mises en suerte pour 3 cites à l'ancienne et 3 piques parfaitement dosées (étant entendu que le novillo n'avait pour lui qu'un beau galop et pas un gramme de bravoure). Faena ostentatoire alliant quelques impostures aux gestes d'une rare authenticité qui font se lever la plaza et me font sortir mon mouchoir après une entière du plus bel effet. Une oreille méritée pour un novillero pas comme les autres. Vuelta avec la cuadrilla au complet. C'est la première fois en 4 courses que la lidia est mise en valeur. C'est aussi le premier moment d'émotion.

Vicente Soler n'a eu de cesse de reculer devant le troisième manso et distrait, et s'est trouvé littéralement écrasé par le dernier novillo de la soirée qui était le seul vraiment encasté du lot. Même si ça n'a pas été avec une grande réussite, notons à son actif qu'il est le premier (et le dernier) de la feria à avoir banderillé ses deux adversaires. Silence et silence.
Tomas Angulo voit son premier opposant changé pour inaptitude au combat. Le sobrero baisse bien la tête mais s'éteint très vite. Salut au tiers. Son second lui fait peur dès la sortie, et pour cause ! Les deux premiers tiers sont expédiés tant bien que mal et la faena est dictée par une extrême terreur. Bajonazo prémédité. Silence.

Le lot de Pallares ? Présentation aléatoire, peu de moteur, peu de piquant, et beaucoup de complications.

Zanzibar

lundi 8 septembre 2014

6 fabulosos novillos-toros de Lagunajanda

Faire comme hier, se lever tôt, profiter de la fraicheur.
Rencontrer un novillero dans l'escalier de la hospederia, le trouver trop jeune et trop maigre pour aller se jouer la vie. Se souvenir de ce qu'il a fait la veille, se taire, et lui sourire. Regarder l'heure, 9h25, commencer à chercher une barrière. Détester la mamie qui s'est enracinée à la place idéale et jette des mauvais sorts quand tu tentes de te couler à côté d'elle. Renoncer. Reprendre ses recherches. 

Trouver une meilleure barrière, occupée par des jeunes et à l'ombre. Envisager de revenir sur ses pas pour aller narguer la vieille. Ne pas passer à l'acte et s'en vouloir un peu. Monter sur la barrière, s'installer inconfortablement dans un équilibre précaire. Réaliser rapidement que le soleil tourne vite à cette heure. Maudire la sorcière. Entendre le coup de feu. Attendre bouche bée. Les voir passer. Trouver ça bath.

Dégringoler de la barrière. Bousculer les autres. Ne pas s'excuser. Courir au café le plus proche. Voir l'arrivée de l'encierro aux arènes retransmise par la chaine de télé locale. Monter tranquillement à la plaza avec tous les autres. Avoir dans la poche 2 places pour la vaquilla matinale et proposer à une bande de gamines d'en profiter. En faire passer 4 devant et 2 derrière sous les yeux atterrés du gars de l'entrée. Lui expliquer qu'on ne parle pas bien espagnol et se faire sermonner au prétexte qu'il ne s'agit pas de parler espagnol mais de savoir compter jusqu'à deux. Hausser innocemment les épaules et promettre de ne pas lui servir la même chanson demain. Mentir.

Tendre le dos pour la très commerciale novillada de Lagunajanda. Prier pour que, s'il sortait un bon exemplaire, Gonzalo Caballero, Borja Jimenez ou Francisco Jose Espada songe à le mettre en valeur. Regretter que Dieu ait fait la sourde oreille. Ne pas envisager un instant que la prière fut mal dite. Le regretter d'autant plus amèrement qu'ils sont 2 à être sortis très intéressants. Se résigner à les voir toréer exactement comme les 4 autres. Supporter de moins en moins bien le "toreo mainstream", linéaire et culero des 3 novilleros du jour que seule la couleur du costume permet de différencier. Parier 10 dollars que, parmi eux, se trouvent au moins deux des figuras de demain. Être potentiellement riche à millions. Admettre toutefois sans marchander mon admiration, avoir vu trois très, très, très, très, très belles épées dans la soirée.

Aller manger une salade de tomate à l'ail accompagnée d'un tinto de verano. Reporter à demain l'écriture des cartes postales... S'endormir en se disant qu'on a bien de la chance d'être ici... 

Zanzibar

vendredi 5 septembre 2014

6 escogidos novillos-toros de Los Chospes

La Caverina

Juan Fernando Moreno Roman et Enrique n'ont pas réussi à se mettre d'accord. 

Le premier, propriétaire de l'élevage Los Chospes (JP Domecq - D. Ruiz), a vainement expliqué au second, président d'une Peña torista de Calasparra, qu'il ne servait à rien d'élever des toros qui ne servaient pas, que le toreo c'était par le bas et pas autrement, et que se pâmer sur la présentation était une attitude très surfaite.
Enrique est resté courtois. Il a parlé d'émotion en piste et évoqué le peu d'intérêt qu'il portait au nombre d'oreilles coupées. Le ganadero s'est mis à rigoler... jusqu'à ce qu'il adopte un rictus incrédule face à l'assistance qui commençait à s'échauffer bruyamment en soutenant les propos du président.
 

Fin de la causerie sur ce qui aurait pu passer pour un malentendu si 5 novillos (sur 7 puisque le premier a été changé pour invalidité) n'avaient été sifflés à l'arrastre...

Il faut dire qu'ils étaient tellement fragiles ces novillos, mansos confinant au comique, sans race, brusques et derroteurs quand ils n'étaient pas éteints (le seul maniable, le troisième, allant rapidement a menos).
Au compteur du premier tiers : 6 vagues piques prises généralement sur une corne et sans s'employer.
Que pouvaient faire les novilleros face à "ça" ?

Lama de Gongora subit placidement les défauts du premier sobrero et soigne la cambrure face à l'aplomado quatrième. Pas convaincant... (Entière en place suivie d'un silence + Entière bien tombée suivie d'un salut au tiers)

Juste avant de lire que David de Miranda occupait la deuxième place de l'escalafon novilleril, je lui aurais volontiers suggéré d'apprendre à marcher sur l'eau, persuadée que j'étais qu'il y rencontrerait plus de réussite que face aux toros. La muleta outrageusement molle face à son bas et grassouillet premier, il se trouve totalement déconfit et "inconfiant" face quatrième à la charge désordonnée et au beuglement incessant. Mettons que ce n'était pas son jour... (2 pinchazos et 1 entière tombée suivie d'un salut au tiers + 1 entière delantera suivie d'un silence).

Juan de Castillo a le regard confiant et pénétrant des sud-américains. Je sais, ça ne devrait pas compter au moment d'évaluer ses qualités en matière de toreo mais on ne se refait pas... Pour être franche, des qualités, le petit colombien n'en a guère que deux : de l'allure au capote et de l'envie à revendre. Il écope du moins pire lot (et du plus joli aussi) qu'il réceptionne bien dans les deux cas. Après, il fait tout ce qu'il peut à la muleta sachant que sa première novillada piquée date d'il y a 5 jours. (1 hallucinant bajonazo contraire (!!!) suivi d'une oreille + 2 pinchazos et 1 entière de "traviole" suivie d'une vuelta auto-proclamée).

A la mort du troisième toro, j'ai eu confirmation du fait que le peuple calasparreño pouvait être particulièrement belliqueux lorsqu'il se sentait offensé. Le partage de bocadillos étant un motif d'orgueil patriotique, j'ai manqué de me faire casser la figure en tentant de rendre à leurs propriétaires respectifs les 3 sandwiches qui s'étaient miraculeusement matérialisés sous mes yeux. C'est sous l’œil encore réprobateur de mes généreux donateurs que je suis sortie des arènes...

Zanzibar

jeudi 4 septembre 2014

6 hermosos erales de El Añadio

C'est un bled perdu tout au fond de l'Espagne, la vraie et tranquille Espagne, celle qui est perpétuellement moite et bruyante, celle qui est tellement lumineuse qu'on y voit  clair la nuit, et où les oranges sont tellement sucrées que leur jus en est presque écœurant. C'est un bled coincé entre une colline caillouteuse, un sanctuaire dédié à Nuestra Señora de la Esperanza et une plaza de toros qui accueille 6 novilladas dont 1 non piquée chaque mois de septembre à l'occasion des fêtes du riz.

Ici, leur coquetterie, c'est de soigner la présentation et de varier les encastes. Les erales du jour sont de El Añadio (Santa Coloma - Coquilla). Pas bien épais dans l'ensemble, la corne fine et tricolore, le premier faible, le deuxième querencioso et tête jamais baissée, le troisième et le quatrième vifs et galopeurs mais sans grande transmission, et les deux derniers franchement bons, le sixième étant plus exigeant.

Quant aux minots, Borja Garcia, Fernandez de la Torre et Pablo Aguado,  ils ont tout fait : salut très solennel après le paseo et brindis à foison, jeté de muleta en manière de desplante (avec la certitude de ressembler à Morante), redondos inversés et adornos plus ou moins rigolos, lâché de muleta juste avant l'épée (avec moins de succès toutefois que Fandiño), quites chaotiques et faenas de 80 passes, arraché de muleta en fin de séries (avec la collaboration active du novillo).

Ils ont tout fait donc sauf : banderiller, avancer la jambe, sourire, ou encore aller attendre leurs adversaires au toril... Ils ont tout fait sauf se comporter en novilleros, à l'exception toutefois de Pablo Aguado qui se donne un mal fou pour être pueblerino alors qu'il est régulièrement rattrapé par de bons gestes dès qu'il cesse de regarder le public et qu'il se concentre sur le bicho.

Au-delà de ses bons concepts, Aguado maitrise à merveille la suerte du "mulillero parado" (vrai modèle de rendement que Borja Garcia reprendra à son profit au quatrième), à savoir : transformation du train d'arrastre en statue de sel tant que le mouchoir n'est pas tombé du palco.
 
Sortie à hombros insensée donc, mais gamin à revoir en piquée.
Après la course, il faut aider quelques vieux à remettre dans des sacs de plastique trois fois trop petits leurs énormes coussins amoureusement customisés au point de croix à l'effigie du toro de Madrid. On me remercie en bredouillant trois mots d'anglais car dans le coin, les français n'existent pas et personne ne t'affirme que c'est de la France que viendra le salut de la tauromachie. Non, tout le monde le sait ici, le salut de la tauromachie, s'il vient de quelque part, ce sera de Calasparra.

 Zanzibar

lundi 1 septembre 2014

30ème semaine taurine & culturelle de Saint Sever


Ils ont bossé comme des fous à la Peña Jeune Aficion, il en est même qui nous ont fait faux bond lors de certaines corridas pour aller travailler à l'élaboration cette nouvelle semaine taurine et culturelle qui se déroulera du 4 au 11 novembre prochain à Saint Sever.
Se priver de toros pour permettre aux autres d'en profiter, sous toutes ses formes, pendant une semaine, moi je dis chapeau !

Côté novillos, rien n'est encore complètement arrêté mais, le numéro 33 de Malabat présenté sur le flyer sortira dans le ruedo saint-séverin si Dieu et surtout ses compères le permettent...

¡Suerte para todos!