lundi 31 mars 2014

Pepe Hillo... confiant !


Cogida de Pepe Hillo par Goya

"Au début de ce siècle, où le toreo à pied était encore peu connu, le péril de mort n'était pas tenu pour imminent. A plus forte raison aujourd'hui, où l'art de toréer a progressé. José Candido vint pour ouvrir la porte à la finesse et à la sécurité des "suertes" ; les fameux Joaquin Rodriguez, surnommé Costillares, Pedro Romero et Juan Conde ont perfectionné ses maximes. J'y ai moi-même donné mes petits coups de pinceau et j'ai perfectionné ses maximes. J'y ai moi même donné mes petits coups de pinceau et j'ai découvert d'autres "suertes", non moins fines et sublimes. Enfin, nous traitons les taureaux avec le même mépris que s'il s'agissait de moutons, pour reprendre l'expression dont usa un seigneur maure la première fois qu'il vit, à Cadix, une course de taureaux."

José Delgado dit Pepe Hillo, tué par Barbudo à Madrid le 11 mai 1801 - Extrait de la préface de sa "Tauromaquia, o arte de torear" - Cadix, 1796 (et il y eut une réédition en 1894) - 

El Ubano

vendredi 28 mars 2014

Autres temps, autres mœurs...

En 1933, la revue Le Pèlerin vivait beaucoup de la publicité.
On y trouvait donc de nombreuses réclames vantant les mérites des pilules Corpulencia : "Pour grossir sûrement en un mois sans aucune fatigue, prenez la dragée Corpulencia - Boîte 145 francs - Traitement 5 boîtes 70 francs impôt compris" ou encore les vertus du petit "vin rouge exquis" vendu par les  Établissements Fournier Vins de Nîmes pour le prix modique au litre de "1 franc 75 port réglé tt. compris en pièce".

Il y avait également tout un tas de rubriques incontournables : les recettes de cuisine (dans celui que j'ai sous les yeux, il n'est pas question de verrine au surimi mais de fromage de porc), la page dédiée aux sciences et aux voyages (on émettait des doute sur le train pétroléoélectrique supposé atteindre l'affolante vitesse de 150km/h), et bien sûr les potins de "La Semaine du Pèlerin" où l'on  pouvait apprendre que c'est par souci d'économie (et non de protection de la vie privée) que les new-yorkais ont enlevé les "Miss" qui précédaient les noms de jeunes filles dans leur annuaire (deux millions de feuilles de papier économisées tout de même !).

Dans Le Pèlerin, toutes les semaines, il y a aussi un "poster central"...
Voici celui qui se trouve dans le numéro 2915 du 5 février 1933.
Une autre manière de dire qu'on n'est pas favorable à la corrida...

Une "corrida" peu banale où les "banderilleros" travaillent en automobile.

Nous espérons voir bientôt le taureau remplacé par un "toro-mécanique" et ce spectacle devenir moins sanglant.

(dessin de Gignoux)

lundi 24 mars 2014

Déjà... Jadis...

Jadis... Déjà...


La séance très attendue au Tribunal de Grande Instance de Dax revenant sur les incidents de Rion-des-Landes du 24 août 2013 est reportée pour des raisons techniques au lundi 22 septembre 2014. Le tribunal  s'est prononcé en faveur d'un sursis à statuer, les avocats des parties concernées ayant soulevé et admis qu'une "question prioritaire de constitutionnalité" se posait et qu'en attendant une décision de La Cour d'Appel de Paris puis de la Cour de Cassation (puis éventuellement du Conseil Constitutionnel ?) il était urgent d'attendre afin de ne pas bosser pour des prunes. Nous aurions un souci avec le mot "manifestation" et la constitution de 1958. M. Garrigues Jean-Pierre est condamné donc "en attendant" à 50 euros de dommages par aficionado insulté et à 300 euros d'amende pour "injures publiques" (ainsi qu'une participation aux frais).
Le temps était à la bruine et aux CRS autour du Palais de Justice, toutefois Météo France nous prévoit un été plutôt chaud autour des petites arènes.

El Ubano

samedi 22 mars 2014

Fallas - The ultimate

On ne peut pas dire qu’on n’était pas prévenu. Ça avait été très officiellement  annoncé : la dernière corrida des Fallas était une corrida « monstre ». Et la palme du plus monstrueux revient de droit (malgré une concurrence relativement farouche) à Ganador, chèque en bois n° 97 de Garcigrande, handicapé moteur et déficient de la caste, lidié par le Juli en septième position. 

Finito et les Pétroleurs font le paseo

Auparavant, le Scélérat avait désoreillé son premier adversaire, manso vaguement picotazé, suite à une faena giratoire de son cru (puissante, mécanique, sans âme) et une épée pas comme dans les livres (bien que moins pire que la veille). C’est vraiment dommage que je ne l’aime pas sinon, j’aurais à coup sûr passé un excellent moment. 

Morante n’a été ni bon ni mauvais. C’est juste qu’il n’a pas eu d’opposants à affronter. Rien à lidier. Rien à toréer. Le premier est faible et sans charge. Tous les messieurs poussent des cris de sanglier en rut (je veux dire que c’est rauque et plein d’amour) dès que le Nabab attrape son capote. C’est beau à entendre mais assez risible.  Beaucoup plus justifié en revanche lors de la riposte au quite du Juli à son deuxième toro qui traine la patte autant que la langue. C’est balot car Morante est plutôt bien intentionné.

Ganador, n°97 de Garcigrande

Il faut savoir revendiquer ses héros. Le mien aujourd’hui, c’est Finito. Timide et irrésolu face au premier manso perdido qui marche en crabe, l’Outsider finit par envoyer après le deuxième avis une épée a media vuelta qui, pour la coup, parait totalement justifiée. Si certains toreros m’inspirent une aversion déraisonnable, il faut reconnaitre que j’ai en faveur de Finito de Cordoba le même énergique préjugé qui me le fait aimer avant même de l’avoir vu. Je ne sais pas d’où ça vient étant donné que je n’ai que fort peu (et jamais en bien) entendu parler de ce monsieur. Ceci dit, et évidemment en toute objectivité, face à son second adversaire (qui avait un peu gigoté dans le peto et s’avéra assez faible), il a été parfait. Parfait avec beaucoup de pico, parfait avec une distance parfois impertinente, mais parfait quand même. Sachant s’adapter au toro et sans sacrifier à la mode circulaire, Finito a proposé un truc différent. Tout s’est bien goupillé, le toro savait embister, le torero savait toréer, et ni l’un ni l’autre n’a cherché à compliquer les choses. Une vraie oreille, bien méritée. 

Le piquero de Manzanares s’empresse de donner un furieux coup de main à son patron pour détruire Le-The-Toro des 4 dernières courses de la feria. Taponcito n’en a cure, il pousse jusqu’au batacazo et y retourne avec autant de moral (mais moins de moyens, forcément). A partir de là et jusqu’au 8ème toro, le Traître (qui ne mérite pas d’avoir Curro Javier dans sa cuadrilla) nous chante sa petite chanson. C’est profond comme une œuvre de jeunesse de Vincent Delerm. Les Fallas 2014 se terminent sur une rime pauvre et un accord mineur.

NB : faut pas croire ce que disent les journaux, le costume de Morante était très beau.

Zanzibar

jeudi 20 mars 2014

Joyeux anniversaire Jean-Sé

Dans la petite cité de Eisenach on connaissait le gusanillo héréditaire de Johann Ambrosius, il était respecté, bénéficiait d'indemnités de service et d'un privilège de brasseur. Le rêve. Hélas, il meurt en 1695, en Thuringe, au cœur d'une Allemagne « centrale encore très rurale ». Il laissait là un fils né dix ans plus tôt, le 21 mars, qui deviendra le plus grand et le plus inattendu des toreros, rejeton d'une longue lignée de taurinos en tout genre.
(Je ne voulais pas le faire ce texte... on m'a obligé...)

Bach par Bachatazo


A l'âge de dix ans donc, le petit Juan Sébastian est orphelin, il travaille en cachette avec acharnement de jour et de nuit, à la lueur de la lune. Il fait ses gammes, et tire l'épée en 1703 lors d'une altercation avec un autre torero : Geyersbach, moins connu.
Premières capeas à Arnstadt, Mühlhausen, puis première non piquée à Weimar en 1708, nommé ConcertMaestro en 1714, il est apprécié par la famille ducale.
Alternative en 1717 dans la principauté de Cöthen. Il a trente-deux ans ce qui est l'âge normal pour prendre l'alternative dans l'Allemagne protestante "thuringeote" de l'époque.
(Je vous redis qu'avec trois infos et un peu de mauvaise foi, tout se plaide en tauromachie)

Une immense main droite, la main gauche est redoutable. Aucune vraie concurrence, la domination est totale. Haendel né la même année à quelques verstes s'expatrie en Angleterre... terre qui n'a guère produit de bon toreros, excepté Henry Purcell.
Vivaldi, le "torero roux", inspiré, moins technique, s'avère répétitif dans ses suertes inventives. Un peu plus tard arrive l'immense Mozart, le "Muñoz viennois"... bouleversant Mozart bien sûr mais auquel il manque la mystique. Autre concurrent dans cette histoire-là, plus tard encore : Beethoven, énorme torerazo, mais qui laissa rentrer tant de toros vivants... Beethoven n'entendait pas les avis. 

De 1708 à 1750, Johann Sebastian Bach  affrontera tous les élevages, tous les encastes et tous les toros, sous toutes leurs formes : oratorios, cantates, messe, passions, œuvres pour orgue, suites pour orchestre, pour violoncelle, clavier bien tempéré, variations Goldberg, offrande musicale, art de la fugue... des cathédrales empilées jusqu'au ciel au point que Cioran dira : « S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu ».

On ne sait pas si le Maître était plutôt Mahou ou San Miguel mais sa fréquentation du Café Zimmerman de Leipzig et les tertulias qu'il y animait avec ses fils nous le rend encore plus attachant. Il meurt le 28 juillet 1750 dans cette ville qui lui avait causé davantage de tracasseries que de triomphes.
Algo se devait de lui rendre hommage.

El Ubano

mercredi 19 mars 2014

Fallas - Part 3


La estocada (Benlliure)

Six Victoriano del Rio à moitié moches (je veux dire 3 sur 6), solides dans l'ensemble (5 sur 6), avec du tempérament (4 sur 6) et parfois braves même si le seul batacazo n'a pas été fracassant (3 sur 6) qui ne m'ont pas paru recevoir les lidias appropriées (6 sur 6).

Compte tenu des circonstances, il serait  sûrement inconvenant de dire ce que j'ai vraiment pensé de l'unique faena de Ponce. Du coup, pour faire bref et ne pas manquer d'égards envers un homme qui n'a pas pu sortir de l'infirmerie, je dirais que le vieux renard a montré des attitudes parfaites pour finir au Musée Grévin mais pas du tout adaptées pour illustrer un quelconque traité de tauromachie.

Le Juli, je ne l'aime pas. Quand je le vois se désarticuler et qu'il réussit à faire embister son toro, j'ai l'impression qu'il torée une caisse enregistreuse. Sans compter qu'il a le charisme d'une endive et qu'il tue un peu plus la tauromachie à chaque fois qu'il met un coup d'épée.

Jesus Duque... Hier, il prenait l'alternative. Quand, par mégarde il a donné un peu de distance à son premier adversaire, il a paru surpris que le toro démarre au quart de tour. Bien sûr, pas un de ses peones n'a pensé à lui faire la remarque et le gamin s'est entêté à étouffer la bête tout en maudissant le mauvais sort. Au cinquième, d'une infinie noblesse et qui paraissait avoir une durée de vie supérieure à celle de l'uranium, ces mêmes peones ont eu la cruauté de cautionner le petit cinéma qui a consisté à aller changer trois fois d'épée en espérant que le palco cède à la demande d'indulto.

Cette fois-ci ça n'a pas marché mais je pense qu'on s'est bien échauffé pour ce soir...

Zanzibar

Fallas - Part 2

Six vieux Zalduendo très peu fonctionnels, tous plus ou moins sifflés à l'arrastre, pour un mano a mano parfaitement casse-pied et dénué de competencia.
Castella et Perera se sont bien mis à genoux une ou deux fois pour éviter au public de mourir d'ennui mais ils n'ont réussi à tromper personne.

Je pourrais, au nom d'un douteux chauvinisme, défendre une ou deux séquences de Castella sur la gauche à son premier. Effectivement, je pourrais défendre ça. A condition que ce soit très mollement. Par la suite, il n'y eut rien de plus remarquable que le peu d'affectation avec laquelle il a reçu ses deux autres invalides adversaires.

Perera a laissé entendre à la sortie de la course que les toros n'avaient pas du tout été pratiques pour triompher et qu'íl en était très contrarié. Je profite de cette tribune pour lui dire que moi aussi, je suis sortie très contrariée de cette course.

Quant au sobresaliente Victor Manuel Blazquez, il doit également en avoir gros sur la patate, lui à qui nul n'a pensé pour lui laisser faire le moindre quite.

Zanzibar

Fallas - Part 1

Valencia ou l'art de savoir s'adapter

Six Nuñez del Cuvillo sans classe et d'une laideur humiliante pour le ganadero et les toreros du jour, à savoir : Juan Jose Padilla, El Fandi et Daniel Luque.
Chacun dans son style, les trois matadores se sont attachés à évoluer très en périphérie de la tauromachie que, faute de mieux, je  qualifierais de "traditionnelle". 

Padilla fait dans le gesticulatoire face à un premier qui va a menos et un second querencioso. Mais attention : il a beau faire mal au coeur avec son numéro tragi-comique, en tant que chef de lidia, il fait le job avec beaucoup de sérieux.

Fandi fait dans l'aléatoire et le public le lui rend bien : après avoir demandé l'oreille de son premier adversaire... il oublie de le faire saluer.

Luque fait dans l'usurpatoire. Il a un certain talent pour çmais il faut lui reconnaître le mérite de n'avoir pas hésité à prendre l'épée au 6ème qui embistait sans relâche, avec un calme de génisse et une affabilité de bon camarade.
Sortie a hombros pour le monsieur et vuelta al ruedo pour le toro. Public déçu : le dernier indulto commence à dater et faudrait voir à remédier à cette carence.

Zanzibar

dimanche 16 mars 2014

Histoire incertaine d'un certain gentilhomme


Que ça soit dit sans chichi, je n’ai pas les talents d’enquêteur de l’Ubano. En fin limier de l’Histoire de la tauromachie, il ne nous a jamais servi que des histoires à l’indicatif alors que je vais vous en raconter une qui va rapidement tirer vers le conditionnel.
 
Lors de son voyage en Espagne, en 1846, Alexandre Dumas a eu l’occasion d’aller faire une partie de chasse dans la Sierra Morena. En réalité, la chasse était prétexte. Dumas, toujours friand d'aventures picaresques, souhaitait avant tout rencontrer les inaccessibles et fameux « gentilshommes » de la montagne (autrement dit, les bandits de la Sierra Morena, sorte de « robins des bois » à l’hypothétique grand cœur mais aux évidentes mauvaises manières).

Pepete (par Jean Laurent)

 

Photo prise entre 1861 et 1862

C’est à cette occasion que Alexandre D. père aurait rencontré José Dámaso Rodríguez y Rodríguez, mieux connu des aficionados sous le nom de Pepete. Les circonstances de cette rencontre ne sont pas très nettes mais il apparait que l’écrivain aurait pris le tout jeune torero pour un authentique coupe-jarret alors que celui-ci n’aurait eu pour mission que de guider Dumas et sa suite dans la Sierra. Toujours est-il qu’à bien regarder l’allure de Pepete sur la photo et en l’imaginant vêtu de hardes moins seyantes, on admet volontiers qu’il y ait eu matière à confusion. Et on apprendra sans s'en étonner outre mesure que son valeureux comportement dans l’arène s'apparente plus à celui du gladiateur qui cherche la victoire qu'à celui de l’esthète qui cherche à exprimer ses sentiments.

De cette rencontre, il n’est nullement question dans le récit de voyage « De Paris à Cadix ». On y croise bien quelques forbans et un torero mais aucun dont le portrait ressemblât à celui qui nous intéresse aujourd'hui. En revanche, il me plait de croire que la nouvelle intitulée « Les gentilshommes de la Sierra Morena » met en scène Pepete sous les traits d’un brigand qu’on devine doté d’un grand sens de l’honneur et nommé… El Torero. L’indice semble un peu trop massif pour être pris au pied de la lettre mais comme la subtilité n’est pas forcément la caractéristique première de Dumas et que c’est le seul argument dont je dispose, alors, j’ai décidé de voir dans ce personnage (dont la dimension littéraire est réduite à la portion congrue) une forme de brindis à Pepete.  

Ce que Dumas ne pouvait pas raconter, parce que ça n’avait de toute façon rien à voir avec l’intrigue de sa nouvelle et surtout parce que celle-ci fut publiée en 1849, c’est que Pepete serait un jour le grand-oncle de Manuel Laureano Rodríguez Sánchez « Manolete » et qu’il mourrait à Madrid en 1862, tentant de sauver son piquero au sol,  sous la corne de Jocinero. Un toro de Miura. 

Zanzibar 

NB : si la nouvelle intitulée « Les Gentilshommes de la Sierra Morena » n’a d’intérêt que pour les fans de Dumas, je recommande vivement « De Paris à Cadix ou Impressions de voyage » à tous les aficionados amoureux de l'Espagne.

jeudi 13 mars 2014

Pourquoi les toros tombent ?

Interrogation


Quel est l'aficionado qui ne s'est jamais posé la question ?

"Algo" a trouvé la réponse dans un travail universitaire de Thomas Benmedour à Bordeaux Sciences Agro (2012) et que vous demanderez à votre marchand de journaux :

« DÉTERMINATION PAR MÉTA-ANALYSE DE FACTEURS RESPONSABLES DE LA FAIBLESSE ET DES CHUTES
 DES TOROS DE LA RACE BRAVE AU COURS DE LA CORRIDA »

C'est le titre…

« En ce qui concerne les chutes, les résultats obtenus sont plus concluants. En effet, de nombreuses variables sont mises en avant pour expliquer les chutes. Le modèle obtenu (à 16 variables, figure 33) aboutit à un R² de 0,53, ainsi 53% de la variation des chutes peut s’expliquer par les paramètres métaboliques musculaires et sanguins. Les variables les plus explicatives du modèle (au seuil de 5%) sont (figure 34) :
  • L’activité de l’enzyme PFK (phosphofructokinase) qui ressort à la fois pour le muscle TB ainsi que le muscle ST,
  • Les fibres IIA ou fibres intermédiaires,
  • La capacité des plasmas à résister à la peroxydation (Lag Phase),
  • La variable « TBgly_PG » évaluant l’utilisation du glycogène dans les muscle. Elle correspond au rapport entre le glycogène post mortem dans le muscle TB et le potentiel glycolytique initial du muscle,
  • Le pH du muscle ST. »
En conclusion on découvre que « La solution passe peut-être par l’entraînement ou l’alimentation comme nous l’avons vu ».

Vous ne pourrez plus dire "je ne savais pas" et désormais au lieu de brailler des insanités et d'agiter un mouchoir vert douteux vous devez vociférer ou sortir une banderole :

« Président !!!... Phosphofructokinase !!! »

El Ubano

mardi 11 mars 2014

Vallito ou Les hasards objectifs de l’afición

Bernardo del Valle Mora aka Vallito

Sur les routes sud-ligériennes, il m’est parfois arrivé de préférer sortir de mon sac une revue taurine un peu périmée plutôt qu’un bon roman en me disant que si un(e) aficionado(a) passait dans le coin, ce serait un excellent moyen d’entrer en contact.  Une sorte de message pas subliminal du tout en forme d’invite à la discussion.
Il va sans dire que cet ingénieux stratagème n'a absolument jamais  fonctionné. 

Cette nuit-là, à l’aéroport de Madrid Barajas, j’avais sorti une revue d’actualité taurine parce c’était ça que j’avais envie de lire, sans arrière-pensée, peinardement affalée dans un coin d’une cafétéria sinistre et bondée, en attendant mon vol pour Mexico.

C’est d’abord le bruit de la chaise qu’on rapprochait de moi que j’ai entendu. J’ai énergiquement ignoré l’importun qui me priait de m’asseoir jusqu’à ce qu’il m’adresse un insistant et incrédule « ¿ Te gustan los toros ? ». « Très observateur » me suis-je dit un brin narquoise, juste avant de réaliser que ma savante tactique venait (bien malencontreusement) de porter enfin ses fruits. Bonne joueuse, j'accepte la chaise.

L'importun s’appelle Bernardo del Valle Mota. Autrement connu sous le nom de Vallito. Banderillero de son état. Dans la cuadrilla de Sergio Aguilar himself le jour de son alternative à Madrid face aux pupilles de Partido de Resina.

On a eu vite fait de dresser une liste commune de ganaderias : celles pour lesquelles je me déplacerais volontiers pendant ma prochaine temporada correspondant à peu de chose près à celles qu’il aimerait autant éviter pendant la sienne. En même temps, il fait pas trop le bégueule Vallito. Ce qu’il veut, ce sont des dates.

C’est d’ailleurs ça qu’il va chercher au Mexique. Des dates. Des opportunités. Pour lui et pour le novillero mexicain dont s’occupe son ami Roberto qui partage notre table désormais nappée de chips au poivron, de bières sans alcool et de bières avec. Roberto est un peu apoderado. Il est aussi un peu ganadero et  un peu empresa de quelques placitas dans la région de Valladolid.

Je les ai écoutés me raconter toutes sortes d’anecdotes sans trop savoir si elles dataient d’hier ou du siècle passé. Comme celle de ce novillo de Los Bayones, le numéro 27, annoncé à « 650 kg approximativement » car sans le « approximativement », ça aurait été contraire au règlement ( ! ). Ou encore l’histoire de la cornada flanquée par un toro mort à un mulillero distrait. Ou encore ce batacazo avec envol du piquero et de sa monture dans le callejon de je ne sais plus quelle plaza et qu'ils n'ont pas pu me raconter jusqu'au bout tant ce souvenir les faisait encore marrer. Et d’autres aventures que j’ai oubliées, ou pas comprises…

Pour une raison obscure, le novillero de Roberto ne les attend pas à l’aéroport à l’arrivée. On s’en inquiète un peu, mais pas trop. Bienvenue au Mexique, terre nourricière de l'"ahorita" (forme savante du "maintenant mais pas tout de suite"). On prend les dernières photos et on se sépare en faisant un cinéma pas possible avec promesses de prochaines retrouvailles et abrazos à n’en plus finir.

J’avais rencontré deux figuras de l’ombre. Deux routards de l’afición, un peu roublards, très authentiques, avec le cœur au bon endroit. Le voyage commençait bien.

Zanzibar

samedi 8 mars 2014

Histoire de filles

Photo de Bill Gekas

Élisabeth Hardouin-Fugier, historienne des arts et des mentalités, ne nous aime pas.
C'est même dur de ne pas être aimé à ce point par une femme.
Élisabeth Hardouin-Fugier a produit deux ouvrages sur la tauromachie : La corrida dans la collection « Que Sais-Je » en 1995 qui n'est déjà pas tendre, et re-frappera fort dans le cou dix ans plus tard aux éditions « Connaissances et Savoirs » avec une Histoire de la Corrida en Europe du XVIIIème au XXIème siècle. Ouvrage savant, documenté et servi par une bibliographie imposante, qui s'organise en onze chapitres  gaillards. 

Hélas Élisabeth ne dépasse pas le constat “barbarie, violence, cruauté et en passant nous accroche un peu plus sur nos réelles mauvaises pratiques. Elle ne se demande surtout pas pourquoi nous sommes cruels l'été et câlins l'hiver… elle s'en fout.
Elle ne se pose pas non plus la question du peuple andalou, peuple barbare, cruel et méchant, des plus jeunes aux plus vieux y compris les jolies cueilleuses de fraises bronzées qui le soir font du stop en rentrant du boulot sur la route de Huelva.
Elle ne se pose surtout pas la question de la ruralité, du campo des ganaderos : tous des détraqués.
Elle est comme ça Élisabeth. Elle a les réponses.

Bizarrement en 1995 aussi, une autre fille, gentille celle-là, publiait un ouvrage important : Naissance de la Corrida aux éditions Laga. On la connait sous le nom de Maria Araceli Guillaume-Alonso, elle est Maître de Conférences à l'U.F.R. d’Études ibériques et latino-américaines de l’Université Paris IV (Sorbonne). 
Démarche d'historienne, de nombreux articles et conférences sur l'Espagne et la Tauromachie.

Elle pose une question assez brulante du passage de l'ancienne psychologie des peuples dont le rapport à la mort autorisait la mort ritualisée à la psychologie moderne (des peuples) qui s'installe dans la civilisation occidentale et considère cette souffrance dénuée de sens. On la sent bien aficionada, mais sans tapage.

Voilà donc deux femmes, deux historiennes, deux livres et deux psychologies... au même instant.

El Ubano

mercredi 5 mars 2014

Cantinflas au cinéma


"La primera obligación del hombre es ser feliz

y la segunda hacer feliz a los demás"

Mario Mereno Reyes "Cantinflas"

Il a son verbe : cantinflear (une manière de parler pour ne rien dire basée sur le non-sense et la digression qui fait aujourd’hui le fonds de commerce d’une série d'animation télévisée et d’une application pour smartphone).

Il a son pays : le Mexique.

Et il a maintenant son biopic. Ou plutôt son énième biopic. Sobrement intitulé "Cantinflas". Actuellement en post-production, il devrait sortir en 2014 sur le continent européen.
Son réalisateur, Sebastian del Amo (inconnu au bataillon), a défrayé la chronique lorsqu’il a choisi Óscar Jaenada pour interpréter le rôle de Mario Moreno Reyes.
Un espagnol dans la peau de Cantinflas : inconcevable !
Le pauvre Óscar n'a vraiment pas de bol. Il avait déjà subi les foudres de la critique lorsqu’il avait été choisi par Jaime Chávarri pour jouer José Monge Cruz dans son film biographique.
Un gadjo dans la peau de Camaron de la Isla : hérésie ! *

Il parait que le film (celui sur Cantinflas, pas celui sur Camaron) couvre la période allant des années 30 aux années 50. On n’y verra donc vraisemblablement pas la scène où, à 16 ans, le jeune Mario Moreno enfle un sergent du 27ème Bataillon de la 3ème Compagnie en prétendant qu’il a 21 ans pour pouvoir s’engager. L’armée n’ayant pas l’heur de lui convenir, il en ressort aussi sec pour devenir boxeur. Premier combat. 1er round. 1er KO. Gants raccrochés.

Ensuite, il devient Cantinflas. Il fait le clown. Il torée beaucoup. Il regarde le monde autour de lui, trouve matière à en rire, et à en faire rire. Et ça marche tant et si bien qu'entre 1930 et 1950, le petit bonhomme tournera bon nombre des quelques 55 films dont il a été le protagoniste. De 1942 à 1944, il sera également président de l'ANDA**. Rien que ça !
En France, nous le connaissons surtout pour son rôle de Passepartout dans Le Tour du Monde en 80 Jours (Golden Globes du meilleur acteur dans un film ou une comédie) au côté de Phileas-David-Fogg-Niven et pour son interprétation de D’Artagnan dans Los Tres Mosqueteros (film primé à Cannes en 1946).

Admiré par Charlie Chaplin qui le tenait pour le plus grand comique du monde, ami de Manolete qui piquera pour lui un novillo à l’occasion d’un festival de bienfaisance, et honni par Díaz-Cañabate qui n’avait que mépris pour les toreros comiques qui causèrent « un grave préjudice moral à la fiesta authentique » et qui « contribuèrent à encanailler la fiesta nationale », Cantinflas est une icône mexicaine adorée par les vieillards autant que par les mouflets.
Il est le premier à avoir rempli la Monumental de Mexico (en vérité, ça, la majeure partie des mexicains s'en fiche, ça n'intéresse que les aficionados), il a créé la Casa del Actor (en vérité, ça aussi, la majeure partie des mexicains s'en fiche, ça n’intéresse que les gens du spectacle), il a fait construire des logements sociaux et a trouvé mille manières d'aider généreusement les plus démunis (et ça, en vérité, c'est pas que tout le monde s'en fiche mais ça intéresse surtout les sans-logis et les miséreux)... En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Mexique, tout le monde a une bonne raison d'aimer Cantinflas.

Il n'a épousé qu'une seule femme dans sa vie et a fondé sa propre ganaderia de toros braves en 1959. La ganaderia Moreno Reyes Hermanos. A sa mort, en 1993 à Mexico, le deuil fut national. Il a duré 3 jours. Au Sénat des États Unis, il n'y a eu qu'une minute de silence pour lui rendre hommage. Mais Cantinflas le savait, il avait raté sa carrière américaine. La faute à son mauvais anglais.

Óscar Jaenada a reçu en 2005 un Goya pour son interprétation de Camaron dans ce biopic
** ANDA : Asociación Nacional de Actores

Zanzibar 

Vidéo d'une corrida burlesque à Mexico en 1951 (INA)

lundi 3 mars 2014

Les toros dans la réclame (I)


Publicité parue le 2 juin 1928* dans la revue L'Illustration

 

  *1928, l'année où le peto est devenu obligatoire


Les carrosseries Manessius
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Résistance 
Une carrosserie doit résister à une collision, à un choc.
Les carrosseries Manessius en tôle emboutie sont résistantes tout en restant plus légères.
Les puissants moyens industriels de Manessius permettent de réaliser ces carrosseries 
en donnant toutes les garanties.