jeudi 28 novembre 2013

NarcoToros


Ciudad Tres Marias, banlieue spectrale et cuirassée de Morelia (Michoacan). Un peu comme "La Zona, propriété privée" de Rodrigo Pla. Pour y entrer, ce qui ne peut se faire autrement qu’en voiture, il faut ouvrir le coffre et montrer patte blanche aux gardiens lourdement armés qui font le pied de grue devant les casetas. On dirait pas mais il y a des gens qui habitent ici. Il y a aussi un golf 27 trous et presque pas de bruit. Il parait que c’est très agréable de résider dans le coin. Qu’il n’y a pas de pollution.

Le chauffeur de taxi (initialement très sceptique quant à son existence réelle) finit par trouver le Centro Cultural y de Convenciones de Tres Marias qui abrite le Museo Taurino. Je paie, fais quelques photos et m’étonne du choix de cet emplacement incongru, perdu, inaccessible, presque hostile. Et je trouve porte close.

A peine le temps de me demander avec une certaine inquiétude comment je vais bien pouvoir rallier Morelia qu’une jeune femme rayonnante m’ouvre la lourde porte de verre et m’accueille comme si j’étais Maria Felix ressuscitée. Je fais antichambre dans le hall immense au pied d’une énormité équestre de Botero pendant qu’on lève la grille de fer du musée en lui-même. Le temps d’allumer les lumières des 1200 m2 d’exposition sur 2 niveaux, je fais un détour par la bibliothèque.

Cette bibliothèque, ceux qui sont déjà allés sur bibliotoro.com la connaisse. 12000 volumes traitant de tauromachie (dont 56 sont pour l’instant scannés avec une qualité impeccable) qu’on peut toucher, ouvrir et lire sur place, y compris les plus anciens (sauf ceux du 16ème siècle).

Le musée est une sorte d'ultra-moderne caverne d’Ali Baba (Ali-Baba dont, en dehors de son évidente afición, on m’a vivement conseillé de ne pas m’étendre sur les autres activités).

Suerte de varas en velocipedo en el Anfiteatro de Nimes en Francia (1870)
On y trouve en vrac, parmi les 700 objets et œuvres présentés :
- un exemplaire de la première édition complète de « La taureaumachie » de Goya,
- vingt-huit planches de « La tauromaquia o arte de torear » de Picasso,
- des tonnes d’affiches qui nous apprennent qu’en 1929 les dames payaient leurs entrées aux arènes moins chères que presque tous les messieurs (il faut en effet excepter les chauffeurs qui eux-aussi bénéficiaient d’un tarif préférentiel),
- des tas de peintures qui, avec les habituelles mais toujours aussi étonnantes fautes de goût qu’on trouve dans la peinture taurine, nous présentent des toreros prenant des airs de Napoléon à Austerlitz face à des toros plus ou moins menaçants (les plus nombreuses sont de Carlos Llopis et Pancho Flores),
- la preuve que Nîmes n’a pas attendu Monsieur Casas pour être le théâtre d’extravagances taurines parfaitement fantaisistes,
- moult capes, épées, et habits de lumières ayant appartenu aux incontournables Manolete, Paco Camino, Manazares, Jose Tomas, et consorts,
- la tête de l’idole nationale Pajarito (!),
- un certain nombre de références à Cantinflas qui aura été le premier à faire le plein à la Monumental de Mexico 5 ans après son inauguration,
- et bien d'autres choses, des perles, et des horreurs...

La librairie est elle aussi un passage obligé. Pas pour y acheter des cartes postales ni de magnets pour le frigo. Il n'y a rien de ce genre. On trouve juste quelques vieilles revues, anciennes affiches et livres poussiéreux dont aucun ne porte d'étiquette mais qui, après étude du bibliothécaire, s'avèrent étonnamment abordables.

NB : Si un jour vous passez par Guadalajara (Jalisco), ne cherchez pas le musée taurin ou du moins ce qui en tenait lieu, il a fermé il y a quelques années. Si vous passez par Mexico, ne cherchez pas non plus le musée taurin, il a fermé il y a 6 mois.

Arruza recibe el aplauso del publico
(par Norman Thomas)
Zanzibar

mercredi 27 novembre 2013

Communiqué de la FSTF



2ème SYMPOSIUM PRÉSIDENCE 

Organisé par la FSTF, le 2ème Symposium Présidence de Corrida vient de se tenir à Toulouse. Il a permis aux Présidents et Assesseurs présents d’échanger leurs expériences et de renforcer l’existence du CAPC (Corps de Présidents et Assesseurs de Corrida). 

Rappelons que le CAPC est une structure d’aide à l’organisation des Corridas et qu’il propose aux organisateurs et à l’UVTF une liste de personnes disponibles pour assurer des postes de Présidence.

Ces membres du CAPC, signataires d’une charte, sont une ressource de compétences qui doit permettre d’assurer un sérieux et une harmonisation des pratiques. Ils s’engagent à faire respecter le règlement taurin municipal.

Les travaux de cette journée Symposium ont notamment permis de :
- Constater que les petites arènes sont parmi les premières sensibilisées,
- Réitérer l’importance de communiquer avec l’UVTF, notamment en proposant des améliorations de règlement taurin dans le sens de la précision,
- Renforcer l’importance du « Document d’aide à la Présidence » sur lequel un nouveau chapitre traitera des cas particuliers (comme les incidents avant et pendant la course),
- Prévoir l’organisation d’un suivi des Présidences afin de réaliser un bilan annuel,
- Définir la composition et le rôle d’un Groupe de travail au sein du CAPC, notamment pour l’organisation de la formation à la Présidence (présidences partagées entre confirmés et débutants, présence d’un stagiaire auditeur, séances avec support vidéo …)

Le 3ème Symposium Présidence aura lieu le Samedi 8 Novembre 2014.

Communiqué de la FSTF



Suite au 97ème Congrès de la Fédération des Sociétés taurines de France qui vient de se tenir à RION des LANDES et qui avait pour thème : « Défendre avec détermination le Public aficionado et sa liberté dans notre 21ème Siècle », nous vous prions de trouver ci-après les conclusions de nos travaux :

Après avoir fait un bilan des différentes exactions des groupuscules anti-corrida envers le public aficionado durant ces dernières années, nous ne pouvons que constater une dérive grave vers la violence et le mépris de la loi.

Notre Fédération a pourtant dénoncé cette dérive et les dangers qu’elle représente par des courriers aux Maires et aux Préfets depuis 2007. Nous avons demandé à plusieurs reprises que les « manifestations-confrontations » ne puissent se tenir aux abords des arènes afin d’éviter les affrontements et nous avons multiplié nos appels à ne pas répondre aux provocations et à garder le calme. Il faut d’ailleurs noter que, malgré les provocations violentes et incessantes, le très nombreux public aficionado est jusqu’alors resté calme et exemplaire.

Ces manifestations pseudo pacifiques, de plus en plus souvent non-autorisées, ne sont devenues que des provocations très violentes dont le seul but est de parvenir à troubler l’ordre public. Ces groupuscules savent très bien qu’ils ne vont convaincre personne mais espère obtenir des réactions plus ou moins violentes du public aficionado et faire le buzz médiatique qui leur donnera l’importance qu’ils n’ont pas. Les medias ne devraient-ils pas se méfier de leurs contacts plaintifs fait de sensiblerie hypocrite ? 

Les événements de RION des LANDES, le 24 Août dernier en ont été le paroxysme, ceci avec une liberté d’action que le public ne peut comprendre :
Ce public vit sa culture taurine comme une fête familiale, en toute légalité.
Comment peut-il être molesté à ce point, obligé de subir un vacarme assourdissant de sirènes et d’insultes par mégaphone, pendant tout le spectacle ? Pire encore, devoir sortir en passant obligatoirement à proximité de ceux qui les insultent !
Comment le spectacle de la fête du village peut-il être troublé, entravé à ce point par quelques pseudo-manifestants hors la loi ?
Comment comprendre que des individus aient la possibilité de lancer des fumigènes dans un bâtiment public (en bois !) pendant un spectacle ?
Le public à dû subir tout cela en présence de la gendarmerie et de la police ! Et ceci sans aucune interpellation !

Pour l’ensemble du public aficionado, ces derniers événements s’ajoutent à de nombreux méfaits commis depuis quelques années : détérioration de biens publics et privés, menaces de mort, lettres piégées, harcèlement, atteinte à la liberté du culte, atteinte à la liberté du commerce, etc …
Attention, la coupe est pleine. Aujourd’hui les conditions sont réunies pour que surviennent une explosion de violences absolument incontrôlable.
Si ces provocations, face au public aux abords des arènes restent possibles, si toutes ces exactions et ces méfaits restent impunis, nous ne pourrons plus rien contrôler, mais nous réitérons notre avertissement sur la situation auprès des autorités.
Le droit de manifester est bafoué puisqu’il est détourné par ces groupuscules anti-corrida pour en faire des actions de provocations du public en face à face ou pour entraver le déroulement d’un spectacle légal.

Pour sa part, comme le prévoient désormais ses statuts, la FSTF utilisera la justice pour défendre le public aficionado chaque fois que cela sera nécessaire. Elle continuera également à dénoncer les méfaits et les mensonges de ces groupuscules qui voudraient imposer leurs idées contre nos cultures régionales.

Dans notre Pays, des millions de citoyens sont très attachés à leur patrimoine culturel tauromachique, y compris parmi ceux qui ne sont pas aficionados. Tous demandent à être respectés. Le public aficionado n’est pas insensible, il ne vit pas en marge de la société, il est issu de toutes les couches sociales et il est en accord complet avec la réalité de la vie et de la mort.

lundi 25 novembre 2013

Toros'n'Roll

 Le temps passe, le rock s'envole, les toros restent...


Folk Rock - 1972


Roots Rock - 1980


Pop Rock - 1995


Hard Rock - 2013


Et en bonus...

Pas sur la jaquette, directement sur le vinyle. Dans les 60's...

vendredi 22 novembre 2013

Tango y Toros

 

Le Hyacinth, bâtiment de sa gracieuse majesté, a passé suffisamment de temps au mouillage sur le Rio de La Plata pour qu’un passager puisse quitter le bord et parte se promener du coté de Montevideo et de Buenos Aires.
Etait-il aficionado ?
Rien n’est moins sûr… mais il savait peindre et dessiner, il était aquarelliste et de passage dans le secteur car administratif pour la marine royale britannique.
De cette escale Emeric Essex Vidal  a ramené plus de cinquante aquarelles qu’il confia à un éditeur londonien : Richard  Ackerman.
Deux aquarelles représentent chacune un moment de la lidia dans les « nouvelles » arènes de El Retiro de Buenos Aires, inaugurées le 14 octobre 1801 avec une capacité de dix mille places, de forme octogonale, en briquette et en bois.
A priori, ce devait être pittoresque et un rien sauvage à considérer les gauchos, les lassos et les banderilles de feu. Vous noterez la petite porte dans la barrière.
Tout allait bien jusqu’à la prise de fonction au poste de gouverneur du général Eustoquio Diaz Velez qui décida de détruire la plaza au prétexte (contesté depuis) qu’elle était délabrée et dangereuse pour le public. Selon Juan Manuel Beruti *, la dernière course eut lieu le 10 février 1819.
Il se serait produit quelques corridas clandestines jusqu’au 4 février 1822, jour où le nouveau gouverneur de Buenos Aires, Martin Rodriguez prit un décret interdisant les corridas de toros sur le territoire de la province sans l’autorisation du chef de la police et… sans que les toros soient « préventivement écornés ».

Il va pleuvoir comme ça jusqu’en avril… on peut bien perdre un peu de temps à ce genre de considérations. 

El Ubano

* Juan Manuel Beruti (1777-1856) : Mémoires Curieuses……... que nous vous conseillons vivement.


lundi 18 novembre 2013

Dérives ultramarines

 Ils ont du pain sur la planche les ayatollahs aztèques !
Et la planche en question, elle est sacrément savonneuse.
Côté institutionnel, côté public, côté ganadero, côté organisation, côté communication... ça fait beaucoup de côtés pour un cercle aussi vicieux que celui sur lequel surfent aujourd'hui les empresas et les toreros.

Les lignes qui suivent ne prétendent pas décrire une vérité absolue : elles sont le simple constat d'une sarthoise qui a assisté à moins d'une dizaine de courses là-bas, de l'autre côté.

A Guadalajara cette année, en pleine feria, dans le centre ville, il n'y a pas une seule affiche de la course du dimanche. Hormis le placard en 8 x 4 qui borde le périphérique, on peut trouver quelques carteles sur les murs de Tlaquepaque, une banlieue qui dispose d'une arène en propre (plaza que presque aucun habitant n'est capable de situer, soit dit en passant).

Aux arènes, les batacazos (somme toute assez fréquents même si la maladresse des hommes en est régulièrement à l'origine) déstabilisent manifestement autant le public que le... heu... disons... écuyer. On voit bien certaines personnes applaudir lorsque le toro pousse et renverse le cheval, mais c'est de manière embarrassée, en évitant le regard courroucé - ou pire, indifférent - du voisin.
Quant à la deuxième pique, elle est honnie. La chance n'est donc jamais donnée au toro de se grandir ni au public de se mettre en apnée et de frémir.

La surenchère des trophées ne choque évidemment personne ici. Le 10 novembre à Mexico, à chaque fois que le palco a sorti les 2 oreilles (3 fois pendant la course), il y a eu pétition de la queue. Et aussi 2 pétitions d'indulto. Ce qui a choqué la franchouillarde que je suis, au-delà de la déconnante disconvenance de tant de largesse, c'est le mécanisme froid avec lequel ces pétitions ont été faites.  L'industrialisation de la reconnaissance. Le manque d'alegria. Et l'absence totale de symbolique.

Last but not least : la présentation des toros.
Inutile d'en rajouter, les toros qui sortent dans les ruedos mexicains sont dans l'ensemble épouvantablement et ridiculement présentés. Et si l'on excepte quelques blogs et 3 banderoles de porras plus ou moins actives (équivalent de nos peñas), personne ne songe à dénoncer l'indécence des trapios et des têtes. Ici, on lutte pour la réhabilitation du toro de 4 ans. On en est là. Le sujet n'est évidemment jamais évoqué par les médias. De toutes façons, à ma connaissance, il n'y a pas de presse taurine au Mexique.
A certains encastes près, le toro mexicain est intrinsèquement moins présenté que le toro européen, origine oblige. Les toreros espagnols (trop contents de cette aubaine, surtout en cette période où les contrats se raréfient de ce côté-ci de l'atlantique) menacent les empresas mexicaines de ne pas venir toréer si les toros ont une taille "normale" et sont dans le type. Les empresas (qui remplissent copieusement les arènes et gagnent de l'argent - le prix des places est majoré - lorsqu'un espagnol est à l'affiche) non seulement cautionnent ce type de demandes mais s'en servent comme appât pour racoler les têtes d'escalafon en Europe !

Quant aux toros de regalo... S'il n'y avait plus que ce problème-là...  

Pour autant, ce qui me fait dire que la tauromachie au Mexique va vraiment très mal, c'est qu'il n'y a même plus d'antis qui manifestent à Mexico avant les courses. Il y a deux ans, ils se déplaçaient. Cette année, même pas. 
Ça, et puis aussi la certitude jupitérienne avec laquelle les aficionados vous disent qu'ils sont "muy exigente". 

Et pourtant...

Les cuadrillas à pied se comportent plutôt bien (et même franchement  mieux qu'en certaines places réputées sérieuses de France et d'Espagne). Pour ce qui concerne les hommes à cheval... bah, là, on peut pas vraiment savoir.
Les ganaderos ne "fundassent" pas (encore) leurs toros.
Les toros ne sont certes pas lidiés mais quelques-uns sont loin d'être inintéressants. 
Un petit carnet bien fait (semblable à celui qu'on nous remet lors des corridas concours mais plus complet) est fourni avant les courses dans certaine arènes.
Quelques juezes de plaza (l'équivalent de nos présidents) font de la résistance et certains savent même rappeler à l'ordre les brigands qui s'octroient d'autorité des oreilles non attribuées et les font descendre des épaules de leurs complices.

La crise économique affecte beaucoup moins le public mexicain que nous : il en souffre depuis tellement plus longtemps qu'il y est habitué, s'est organisé en conséquence, et ça ne constitue pas un motif de désaffection des arènes.
Or, les mexicains aiment aller aux arènes. Pas forcément pour les mêmes raisons ni avec les mêmes attentes que nous, mais ils aiment ça. Ils aiment voir des hommes banderiller (ce qui arrive de moins en moins et ça, ça les agace grave). Ils aiment les passes de capote tarabiscotées et des passes de muleta templées. Ils apprécient une mort al recibir.
Ils aiment voir des hommes triompher de manière ostentatoire. Mais je ne crois pas qu'ils en voudraient à qui que ce soit si ces hommes en question se jouaient la vie avec panache et triomphaient face à une véritable adversité.

Zanzibar

vendredi 15 novembre 2013

Espagne, La passion de l'identité

Les Éditions Nevicata ont sorti le mois dernier une nouvelle collection baptisée "L'âme des peuples". 

Aux antipodes des guides touristiques où il est surtout question d'artisanat, de boire et de manger (comme si les voyageurs n'étaient bons qu'à ramener des souvenirs, et risquaient de se laisser dépérir), ce sont de petits livres mêlant témoignages, récits, entretiens, et anecdotes qui ont pour ambition de vous donner des clefs d'entrée un peu plus originales pour voyager en Europe.

Parmi les quatre premiers titres disponibles : Pologne, Grèce, Allemagne et Espagne, c'est évidemment le dernier qui a attiré mon attention.
Ca commence bien : "Le jour se lève sur la Plaza del Sol, à Madrid. La ville met autant de langueur à se réveiller qu'elle a déployé de bravoure à ne pas s'endormir".
La suite est construite un peu à la vas-y-comme-j-te-pousse, toujours par le prisme de la quête identitaire, passant de Don Quichotte au régionalisme en passant par Théophile Gautier et la guerre civile. Les pages dédiées à la géopolitique et à l'étude génétique de la population espagnole m'ont paru prendre trop de place, ou plutôt, ne pas être à leur place.

Forcément, en 98 pages, on survole tout mais on n'apprend pas grand chose dans le fond. Toutefois, ça donne envie de relire Le voyage en Espagne et de se faire un week-end au plumard avec l'intégrale de Amenabar. On découvre qu'il existe 2 langues des signes officielles en Espagne : la langue des signes catalane et la langue des signes castillane. Et on note qu'il faut absolument aller à l'église de La Paloma lors de la prochaine virée à Madrid.
C'est peu, mais c'est déjà ça. 
Et pourtant, ce livre est assez détestable pour l'aficionado.
Parceque, les toros, ne les cherchez pas ailleurs que sur la couverture. Ils sont là pour appâter le chaland mais voilà le sort (exhaustif) que leur réserve l'auteur, Luis Lema : 
- "Derrière le kitsch des images pieuses et des taureaux en velours, ils [les espagnols] peuvent faire preuve d'un cynisme éclatant."
- "Les grandes églises dessinées par les adeptes du néo-mudéjar se comptent par conséquent sur les doigts d'une main. Ce qui n'empêchera pas les Espagnols d'instiller un air arabe dans tous les bâtiments qui abritent leurs penchants les moins convenables : arènes, salles de jeu, cafés, fumoirs..."
- "Pendant longtemps, les Espagnols n'ont pas eu d'eux-mêmes cette image orientale, musulmane, andalouse, de fêtards joyeux, amateurs de corridas et de flamenco. cela ne leur plaisait pas. Auparavant, c'était plutôt l'identité à l'aragonaise qui dominait : l'Espagnol fort, sérieux, austère, profondément catholique... Mais le mythe a fait son chemin : les taureaux, Grenade, le flamenco."

Ben voyons !

La première phrase de présentation de cette nouvelle collection est "Comprendre l'autre, c'est apprendre à le connaître".

Y'a tromperie sur la marchandise.

Zanzibar

mercredi 13 novembre 2013

80 pesos

Dimanche 10 novembre 2013. 
Monumental Plaza de toros México. 

31 mètres au-dessus du ruedo. Déclivité de 76°.
Les delanteras des générales sont conçues pour des fakirs. Je monte un peu.
35 mètres au-dessus du ruedo.
Curieusement, on a moins le vertige ici que dans les tendidos.
Il est 15h30 et déjà les peñas s'interpellent, Lucio vend sa première bière, et les longs courriers commencent à nous frôler. Dans les gradins, si j’en crois la quantité de nourriture qui transite, les 35000 présents doivent s’attendre à être assiégés et à ne pas pouvoir sortir du chaudron avant une bonne semaine. En se restreignant un peu, on devrait pouvoir tenir 10 jours.

Une heure plus tard, quatre microscopiques bonhommes prennent la tête du paseo. Ce sont Emiliano Gamero, El Juli, Joselito Adame et El Payo. Les 3 derniers, sauf à l'ordre d'ancienneté, on ne peut pas les reconnaitre. Le premier triche : il est monté sur un cheval.
Les toros (je suis en mesure d’affirmer qu’ils avaient 4 pattes chacun, mais je ne peux toutefois pas m’avancer en ce qui concerne la présence de cornes) sont de Fernando de la Mora (Santa Coloma).

El Juli ferait charger un tabouret, alors il fait charger son premier opposant dont il se tient certes un peu plus près que moi, mais pas tant que ça. A son second, il parait hébété, perdu, absolument sans envie. Epées scandaleuses à chaque fois. Mauvais lot. Mauvaise journée. Salut au tiers et silence.

Pour Joselito Adame, ce qui s’est passé est bien plus fâcheux. Avec ses deux adversaires très nobles, le torero est tombé de Charybde en Scylla finissant par faire passer son second à droite en le tenant par une banderille. Deux faenas vides de toute toreria et maculées d’une vulgarité crasse qui, 4 oreilles et deux arrastres lents plus tard, deviennent d’anthologie.
A Madrid, j’ai hâtivement pensé que Adame en avait plus dans la taleguilla que sous la montera mais, si le jeune homme a malgré tout deux sous de bon sens, il devrait rapidement arrêter de se jouer la vie avec vaillance pour aller cueillir les fruits du succès accrochés aux branches d'en bas, ceux qui assurent les sorties a hombros en forme d'éloge à la défaite de l'homme face à la bête.

El Payo a été injustement privé de la deuxième oreille de son premier adversaire (merci de ne jamais sortir cette phrase de son contexte) dans la mesure où il a sorti les plus belles séries au toro le plus complet de l’après-midi. Le dernier bicho ne valait rien. En revanche, le blondinet s’est entendu comme cul et chemise avec le toro de regalo (lui montrant plus souvent le premier que la deuxième). Et le palco de sortir deux nouvelles oreilles en se levant (ce qui est signe d'arrastre lent).

Ici, on n’a pas l’hypocrisie de dire que le salut de la tauromachie réside dans l’aficion française. Que les toros soient piqués, que les toreros se mettent de face, que le palco soit clairvoyant, tout ça importe peu. Ou plutôt si, ça importe. Car quand ça arrive, ça gronde. Et quand la plaza quasiment pleine se met à gronder...
La plupart des aficionados mexicains que j’ai rencontrés n'ont ni l’envie, ni le besoin d’avoir peur. Dans l’ensemble, ils ne sont pas aficionados a los toros. Ils sont aficionados à ce groupe d’appartenance un peu subversif (qui ne le restera que tant que l’épée sera admise dans le ruedo), bien habillé, très attachant, et toujours convivial, qui n'est pas sensible à l'orthodoxie de la lidia mais à la générosité du moment partagé et à la présence de la mort potentielle.

L’entrée m’avait coûté 80 pesos. Moins de 12 pesos par oreille.
Bonne tarde pour Lucio.

Zanzibar

samedi 9 novembre 2013

L'aficionada

Elle représente environ 50% de l’effectif aux arènes. L’aficionada est très peu représentée dans le ruedo, rare au palco et fort discrète dans les peñas. Mais à sa décharge il faut admettre que les peñas comme les loges maçonniques, ça se veut très convivial et fraternel et donc les sœurs peuvent rester à la maison.  

Le problème de l’aficionada est surtout que dans la majorité des cas elle accompagne son partenaire aux Toros sans quoi il y partirait tout seul. Passé un âge certain, les filles aiment les rideaux Vichy, la promenade du week-end et les séjours dans le sud. Donc la corrida a cela de bon que l’on y rencontre une population bien élevée dans des endroits sympathiques. Sans cela il y a belle lurette que l’aficionada ferait dissidence avec ses copines ou chez sa mère. 

Cependant il existe dans la catégorie quelques spécimens  qui ont un sens instinctif du Toro dont elles voient immédiatement les qualités et les lacunes. C’est un don. On en croise peu mais quelques aficionadas ont un  flair de vieux mayoral

Autre problème pour l’aficionada : la tenue vestimentaire. La mini-jupe ne fait pas bon ménage avec les tendidos, autant y aller en culotte. D’où la propension qu’ont les créatures à se caser en barrera où l’on est vue sans être trop vue. La vraie aficionada n’hésite pas à enfiler un poncho quand il pleut. Les autres quittent les gradins, reviennent et repartent au gré des précipitations. En Espagne elles mangent toutes des pipas et on ne peut pas les reconnaitre à ce détail.

Il y a,  et elles ont toujours existé, les rôdeuses de grands hôtels (Ercilla, Yoldi, Atria….) à l’affût des cuadrillas ou d’un torero. Pour une étreinte d’Antonio Ferrera,  la délicate parfumeuse des Galeries Lafayette  peut se transformer  en cougar hystérique. Il y a celle qui essaie de caser sa fille dans les bras d’une espada le soir aux petits fours, celle qui s’ennuiera toujours, ou celle qui traversera l’Europe en bus pour un coucher de soleil à Constantine. 
 
Tout compte fait c’est une richesse.

El Ubano

mardi 5 novembre 2013

Variations tlaxcaltèques

Amparito Roca à la coule


Mickael Jackson Revival


Sans les plumes


Ceux d'en haut sont arrivés tôt, très tôt


La raison pour laquelle les toros sont applaudis avant même leur sortie


L'exotisme a un prix


Le bon sitio n'a pas de frontière


C'est un peu flou, mais ça arrive


Aficionado tlaxcalteca (n'essayez même pas à haute voix)

vendredi 1 novembre 2013

Dax dans le collimateur


Joseh FOUCHE

Journal des Landes  du  26 fructidor de l’an IX  (13 septembre 1801) :

Douis fils, Sorbet fils, Dussarat ( ! )  et Luquet ( ! )  sont arrêtés dans la nuit du 15 au 16 fructidor. 

«  Ils se sont permis, au mépris de l’arrêté du 4 thermidor, de faire courir un taureau dans les rues de Dax sur les une heure du matin et…ont arraché les bancs placés devant plusieurs maisons particulières… » 

........................ 

Ah ils sont frais nos lascars ! …surtout Sorbet. 

Le préfet Méchin, exaspéré (et un rien  lèche-cul)  informe le ministre de la Police : Joseph Fouché. 
(Joseph Fouché, c’est ce sympathique séminariste élevé chez les Oratoriens, devenu enseignant avant de connaitre Robespierre et qui « parvenu aux responsabilités » a maté la contestation à Lyon en mitraillant au canon les récalcitrants car la guillotine n’y suffisait plus. Fidèle a ses convictions démocratiques et populaires il s’élèvera au rang de  Duc d’Otrante sous l’Empire et finira ministre de Louis XVIII quoiqu’ayant voté la décapitation du grand frère… voyez le genre….)

Et voici en avant première, ce que le délicat Fouché répond à Méchin dans une première lettre du 5 vendémiaire an X :

« La férocité de ce genre de divertissement, les accidents qui pouvaient en résulter, enfin la nécessité d’abolir un exercice qui se ressent encore des mœurs sauvages de la féodalité sous laquelle il a pris naissance, étaient autant de motifs légitimes pour le prohiber…. » 

Désœuvré car manquant de poudre  il en remet une louche le 23 vendémiaire :
« J’apprends, citoyen Préfet, qu’une coutume barbare et indigne d’une nation civilisée trouve encore des partisans sans quelques départements méridionaux : je veux parler des jeux et courses de taureaux…. »* 

La suite en nivôse… peut-être.

El Ubano 

* extraits des archives départementales des Landes