dimanche 31 mai 2015

Jeu des captures taurines - Manche 2

C'est une farce ?
C'est pas une farce. C'est la deuxième manche du jeu des captures taurines.

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§
 
Le monde se divise en deux catégorie : ceux qui connaissent les règles et ceux à qui il faut les rappeler
 
  • Le but est de reconnaître les films dont sont tirées les captures qui composent cette manche (il s’agit donc d’en découvrir les titres)
  • Tout le monde peut jouer (certains devraient même se sentir obligés de participer)
  • Les réponses doivent être adressées à l’adresse mail de contact du blog : algodememoria@gmail.com
  • Un seul message par personne
  • Une seule proposition de titre par capture
  • Un point de l'humour pourra éventuellement être accordé au petit rigolo le plus méritant de la manche. Ce point est laissé à la discrétion de l'organisateur.

Il a ceux qui participeront pour 200 000 dollars et ceux qui joueront pour un saucisson (un bon).

Il y a ceux qui répondront sous 8 jours et ceux qui répondront... trop tard. 

§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§


Capture 1


Capture 2
 

Capture3
  

Capture 4
 

Capture5
 

Capture6
 

Capture de regalo
 

mercredi 27 mai 2015

Braves mansos

Le souffle dans le dos

Caracorta nous enquiquine. On le range où Caracorta ? Quel tiroir ? Et tous ces Carafea ?... A chaque corrida de ce fer on nous sort des Carafea plus ou moins décantés, le sorteo en indique trois dont deux sobreros
Charger le cheval, encaisser en poussant un gros puyazo pompé, et remettre le couvert, pousser sous la carioca et s'échapper directo au toril ; salut Caracorta.
Ainsi fut la course de Dolores Aguirre... des taffes de bravoure, des bouffées de mansedumbre et des volutes de noblesse. 

Une petite vingtaine de rencontres au cheval, consistantes pour la plupart. Des taureaux qui poussent mais qui sortent seuls, qui chargent fort mais qui partent aux planches. Ils attaquent puis prennent la tangente. Opiniâtres par à-coups. Un peu de noblesse par-ci, des derrotes par-là...
Prenez le quatrième : il part trois fois au cheval avec peu de classe, se transforme en manso con casta en début de faena et file aux tablas sans prévenir. 

Course entretenue, jamais ennuyeuse. Cela supposait un public averti et des matadors consistants.

Sanchez Vara et Rafaelillo n'ont rien à se reprocher. Assurant la funcion, souvent efficaces et dominateurs, imposant une lidia dure faite de doblones par le bas, de derechazos à l'arrache, partant guerroyer en querencia quand il le fallait mais malheureusement longs à la mort.

Lamelas n'a pas démérité, nous aurions juste apprécié qu'il revienne à Vic en pleine possession de ses moyens. Son entourage a décidé pour lui des changement de tercios  et on piqua quand on voulut, comme on souhaita et autant qu'on estima. Lamelas se contentant d'agiter sa montera, la mise en scène se reproduisit à chacun des taureaux. Passés ces pénibles moments, il nous a paru dépassé et fragile au dernier alors qu'il avait pu placer une faena valeureuse à son fréquentable premier. Il tua d'un bajonazo le second et d'une entière correcte après deux pinchazos le premier.

Il y eut des moments d’héroïsme inattendus : le saut à la garrocha de Ramirez peon de Sanchez Vara. C'est déjà bien de le voir sur les vielles lithographies, c'est quand même mieux en vrai. Dans cet exercice il est impératif d'assurer le planter de bâton et le décollage. Bravo Ramirez.
Il y eut cet aficionado du tendido soleil qui enfin osa publiquement déclarer haut et fort son amour  à la jolie alguazil : "¡Alguazil te quiero!" 
"Depuis que les alguazilles  sont des filles, c'est plus facille" dit la chanson (?) ... et puis on les aime ces courses vivantes où il se passe des choses.

El Ubano

Il n’y a pas si longtemps de ça…


Que me reste-t-il de cette corrida deux jours après ?…

Je me souviens d’une après-midi longue et ennuyeuse !

Peut-être à cause de la bonne course matinale pas encore tout à fait digérée ?

A moins que cela ne soit les saucissons savamment sélectionnés pour le concours de l’entracte dominical qui me restaient encore en bouche et sur la panse… me poussant alors à la somnolence ?!!!

Je reprends mes notes…

Ce qui me revient effectivement, c’est une corrida monotone, chaque toro ne prenant seulement que deux piques « de principe » telles celles que l’on administre à des cornus sans saveur dans tant d’autres arènes, histoire de respecter le règlement !

L’ultime de la tarde fera cependant exception à la règle en rencontrant la cavalerie à quatre reprises lors d’un tercio de varas plus approprié en ces lieux toristes.

En ce qui concerne les derniers tiers, les Santa Coloma ont montré une certaine inappétence au combat, dépourvus de caste, de piquant, de mobilité… Les ingrédients mêmes de cet élevage qui faisaient l’intérêt de ces encierros.

Alors la fin de cette course, nous tentions de nous rappeler à notre mémoire…
2012… Les Escolar de Céret, ceux de Mont de Marsan…
C’était… il n’y a pas si longtemps de ça, …il y a à peine trois ans …

Les « épices Rabelais » d’Escolar auraient-elles disparues ? 

Olivier Barbier

PS : A Clément, triomphateur de la journée.

mardi 26 mai 2015

Un pic, un cap, que dis-je, une péninsule !


6 toros de Valdellan mobiles et encastés, tous applaudis à l'arrastre, pour Paulita, Mehdi Savalli et Cesar Valencia.

 

Sans être effrayants, les 6 Valdellan sont sortis étonnamment grandis et gonflés par rapport à ce qu'ils laissaient apercevoir au corral. Deux d'entre eux ont eu la chance de bénéficier d'un tiers de pique digne de leur condition. Les quatre autres ont été les victimes de piqueros aussi peu scrupuleux que très inventifs.

Après avoir dû avaler 10000* indigestes capotazos, le premier conservera alegria et distraction affirmées du début à la fin de sa vie publique. Paulita fait un excellent travail d'approche par doblones et prend la mesure du toro sur une superbe première série à droite. Châtiment parfait. Après : plus rien. Ou si peu... Castizo accuse la baisse de régime du maestro avant de rallonger sa charge et Paulita poursuit au pico jusqu'à la mort où il s’embrouille à gogo.

Le 4ème titulaire se casse une corne en rematant contre le burladero. On le regrette évidemment, beaucoup... Son remplaçant, Mochuelo, fut à mon goût le moins piquant du lot, noble, plus souvent sur la défensive que sur l’offensive, et de moindre transmission (si on le compare à ses frères) malgré une bravoure avérée à la pique. A la muleta, Paulita dépense beaucoup d'énergie pour un maigre résultat. Entière tombée.

Le deuxième, particulièrement mal piqué, est bourré de qualités qui ne s'accordent pas du tout avec le toreo intranquille de Medhi Savalli. Au deuxième tiers, le torero décide de poser les banderilles et j'ai vivement soutenu ce projet en lui souhaitant du fond du cœur de se mettre en valeur pour l’occasion. Malheureusement, mes prières n'ont manifestement pas été envisagées par Mehdi comme autant d'obligations sacrées. Ou si peu… La faena qui suit est menée à la diable et l’homme se retrouve logiquement noyé sous la charge vive de Mirasuelos qui le trimballe un peu partout dans le ruedo. Et pourtant, dieu que ce toro avait envie d’être toréé ! Entière détournée.

Le cinquième subit un premier tiers encore plus épouvantable que celui évoqué juste avant. En revanche, sur le front des banderilles… il y a égalité parfaite. Compliqué mais racé, ce toro s’est plus ou moins** aimablement prêté à la muleta inopérante de Savalli qui l’achève d’un bajonazo. Puntillé par derrière, Huerfanito aura mérité son ovation au moins autant pour ses qualités que pour avoir été pareillement négligé (© RC). 

Le troisième toro est un brave qui réfléchit beaucoup. L’homme au castoreño (et au physique avantageux) fait très bien son travail lors des trois rencontres (poussées la première et la troisième) et mérite pleinement son ovation. J’insiste sur le fait que cette dernière assertion ne repose aucunement sur le contenu de la parenthèse de la précédente observation. Ou si peu… Cesar Valencia nous fait l’honneur de nous brinder Marmolejo. Obligé au départ de se replacer beaucoup, le vénézuélien finit par contenir les embestidas bouillonnantes du toro sur la corne droite. Il ne réussira jamais vraiment à absorber toute l’énergie de la corne gauche mais, pour un garçon qui a pris l’alternative fin janvier dernier, il est allé beaucoup plus loin que bien des espadas plus aguerris. Une bonne grosse oreille. Bien lourde. Bien vicoise.

Maintenant, le 6. 
A cette heure-ci, sûr que tout a déjà dû être raconté à son sujet, qu'il a un compte Twitter, une page Facebook et que tout le monde le connait mieux que moi. Mais, tant pis, je vais en parler quand même. Juste histoire d’avoir le plaisir de me le remémorer.

Le 6ème de Valdellan s’appelle donc Cubano. Et là où Cubano passe, l’herbe ne repousse pas***. 
Cubano est brave, puissant, sûr de lui, dangereux, et généreux. Il nous a offert un premier tiers qui va nous éviter de nous ennuyer pendant l'hiver. Le moment fut rare et complet : un vrai bon gros puyazo sous une poussée franche, suivi d’un contact prometteur, lui-même suivi d’un autre bon gros puyazo pendant lequel Cubano met à nouveau les reins et puis, et puis, et puis… l’indispensable accumulation de quiproquos qui participent aussi de la légende des grands toros. Au final, la quatrième pique n’a pas été prise bien que le toro l’ait réclamée de son galop fulgurant. Cette œuvre inachevée se termine dans un gros bordel acoustique : musique (c’est elle qui nous a foutu dedans, qu’on se le dise), ovation au toro, ovation au picador Ivan Garcia, hurlements pour renvoyer ce dernier à sa place car le palco n’avait, à juste titre, pas demandé le changement. C’est bien simple, pendant deux ou trois minutes, Vic a pris des allures de Hellfest. Faute de mieux, le palco a fait tomber le mouchoir blanc alors que le piquero arrivait à la porte. Et pendant ce temps-là, les "alguacilettes"…  Bref. Alors que nous étions repus de tant d’émotions et que la cuadrilla nous avait joué un tiers de banderilles à la Tex Avery, il restait à Valencia un petit os à ronger : Cubano, tout frais, tout prêt au combat. Le gamin ne s'est pas décontenancé et a décidé de monter à l’échafaud. Ce fut électrique, courageux, approximatif et poignant. Le torero a camouflé ses carences derrière une résolution sans faille mais, arrivé au cadrage, Cubano, toujours aussi frais, toujours aussi prêt au combat, désarme le matador et le poursuit aux planches. Deux fois. Et puis ce fut l’inévitable voltereta sur un pinchazo porté à la volée. C’est Paulita qui tuera finalement Cubano d’une entière aussi périlleuse que chanceuse. La plaza se noircit de mouchoirs bleus. C’est beau. Vuelta al ruedo pour Cubano et grande ovation pour la cuadrilla au complet en l’absence de Valencia qui sera transporté à l’hôpital. 

Ce n’est pas que Cubano avait eu les yeux partout depuis sa sortie du toril. Ce n’est pas que Cubano avait poussé au cheval. Ce n’est pas que Cubano avait embisté sans relâche. Ce n'est pas que Cubano avait vendu cher sa peau. C’est que Cubano venait de régner pendant 20 minutes sur le royaume de Vic. Pffffff….

Salut du mayoral. Évidemment. 

Zanzibar 

* J’exagère (mais pas tant que ça)
** Plutôt moins quand même
*** Je n’exagère pas

NB : corrida vue avec mes vrais yeux et pas avec ceux du cameraman de Canal + Toros 

vendredi 22 mai 2015

La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine (Part6)

Précédemment dans « La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine »
Après plusieurs années de gestation, et face aux outrages que multiplient les matadors à leur encontre, une poignée de subalternes des ruedos mexicains décident de créer une Association qui pourra faire valoir leurs droits. A la tête de ces frondeurs, on trouve le banderillero Román "El Chato" Guzmán et le picador Saturnino Bolio « Barana ». Ces deux-là battent le rappel de leurs compañeros mais les partisans du projet se font rares…

El Chato et Barana se sont sérieusement inquiétés quand ils se sont rendu compte que la majeure partie de ceux qu’ils croyaient avoir réussi à convaincre au prix de plusieurs heures de discussion leur faisaient finalement faux bond à la dernière minute. Du coup, ils ont eu l’idée de se rapprocher de Simón Cárdenas (dont il a déjà été question ici), chef des monosabios, afin de lui proposer que son groupe rejoigne celui des subalternes. La proposition était sérieuse et Cárdenas a promis qu’on pourrait compter sur l’affiliation des monosabios. L’association qui allait voir le jour serait donc baptisée La Unión Mexicana de Picadores, Banderilleros y Monosabios.

Le ralliement des monosabios de Simón Cárdenas fut un premier et important succès : leur nombre ajouté à celui des quelques ceux qui avaient foi en le projet permettait d’atteindre le minimum requis par la règlementation pour pouvoir créer le syndicat. Il ne restait plus qu’à trouver un avocat pour monter le dossier et le présenter aux autorités compétentes. La chose n’était pas si aisée puisque ni Chato ni Barana ne diosposaient d’un sou vaillant pour payer de quelconques honoraires… C’est en passant en revue ses connaissances que Barana s’est souvenu que le « licenciado » Alfredo Freg (c’est ainsi qu’on l’appelait dans les tertulias auxquelles il participait fréquemment) accepterait sans doute de les aider et d’être payé ultérieurement. Pour sûr, le « licenciado » Freg  devait être à même de prendre en charge les aspects administratifs et juridiques de la création officielle du syndicat ! 

Le Chato et Barana se sont donc rendu plein d’espoir chez Monsieur Freg, au 222 de las Calles de Chihuahua. Quand ils eurent exposé l’objet de leur visite à leur hôte, celui-ci a explosé de rire : il n’était nullement licencié en droit et ne pouvait leur être d’aucune utilité dans ce domaine. La confusion venait du fait que, dans le milieu taurin, le terme « licenciado » était utilisé de manière abusive pour le désigner. Mais  si Alfredo Freg n’était pas avocat… il était tout de même le frère du matador de toros Luis Freg ! Sensible à la détresse des deux compères et séduit par leur projet, Freg accompagna le banderillero et le picador chez Leonardo Zenteno qui sera le conseiller juridique de l’Union jusqu’à sa mort.

Zenteno a immédiatement été convaincu de l’intérêt et du sérieux de l’entreprise du Chato et de Barana, et il a accepté de les aider. Le premier geste ô combien généreux de l’avocat envers les subalternes a été de leur offrir sa machine à écrire et de demander à sa propre sœur de se charger de la rédaction de tous les courriers nécessaires. Depuis ce jour, l’homme de loi et sa sœur Lupita sont intimement liés à l’histoire de l’Union qui leur voue une estime et une reconnaissance sans borne.

A ce stade de l’histoire, les choses semblaient aller plutôt bien et El Chato et Barana avaient toutes les raisons d’être optimistes quant à la création imminente de l’Union. 

(A suivre...)

Zanzibar

lundi 18 mai 2015

Que sont les vueltas devenues ?

6 toros cinqueños, ternes et de peu de transmission (sauf le bon 4ème et, dans une moindre mesure, le 6ème) de Parladé pour Miguel Abellan, Miguel Angel Perera et Ivan Fandiño.

 

Affiche de fête, s’il en est, avec la ganaderia unanimement déclarée triomphatrice de la San Isidro 2014 face à un cartel piéton mêlant challengers de poids (qui avaient chacun une revanche à prendre à Madrid) et membre de feu le G-je-ne-sais-plus-combien (ayant conquis les cœurs les plus bourrus ici même l'an passé).

L'histoire commence sur un malentendu lorsque, à l'issue du paseo, quelques jeunes tentent de lancer une ovation à l'attention du service médical... pas du tout relayée par les madrilènes venus en masse directement de la Pradera de San Isidro arborant œillets ou casquettes à carreaux et partageant volontiers leurs autenticas rosquillas del santo mais n’ayant pas la moindre idée de ce qui s'était passé la veille dans ces mêmes arènes.
Abellan a mis les points sur les "i" en allant brinder le premier toro à celui qui, compte tenu des incessantes rafales de vent qui n'ont cessé de balayer la plaza, risquait encore de ne pas chômer ce soir : le bon docteur Maximo Garcia Prados. Chacun s'étant dûment renseigné entre-temps, cette fois-ci, tout le monde a compris. Ovation longue. Tonitruante. Debout. J'ai bien failli pleurer.

Conformément à ce qui s'apparente désormais à une tradition, ce premier toro a été mal piqué. Il s'avère âpre dans la muleta et Abellan, bien disposé pendant quelques minutes, réussit finalement à tirer deux séries notables qui portent d'autant plus sur le public qu'elles sont arrachées dans la tourmente. Après quoi, la vérité pâlit, les principes se fanent, et le maestro se contente de faire passer la bête en prenant plaisir à nous faisant peur. Entière ladeada pour une oreille très protestée alors qu'une vuelta aurait sans doute mis (presque) tout le monde d'accord.
Le quatrième est le seul bon toro de la tarde. En réalité c'était même un toro assez passionnant mais Abellan a préféré poursuivre dans le registre populiste qui lui avait si bien réussi 40 minutes plus tôt. Nous nous sommes finalement retrouvés dans une situation parfaitement imbécile... Alors qu'il y avait un toro et un torero sur le ruedo, la pelea ne s'est pas passée en piste mais dans les tendidos : les "olés" de l'ombre venant contrer les sifflets du soleil, "olés" n'ayant d'autre objectif que de revendiquer une ostensible opposition au tendido 7 sans jamais se préoccuper le moins du monde de ce qui se passait vraiment en bas. C'est bien. Mangeons-nous les uns les autres. Mais ne nous plaignons pas d'avoir failli voir une grande porte s'ouvrir sur un torero certes attachant mais qui n'avait pas dominé un seul instant ses adversaires du jour. Rendons grâce au pinchazo et à l’entière contraire hémorragique qui en ont fini avec la vie publique de Fanfarrio. Ovation à l'arrastre.

Fandiño chope en premier lieu un adversaire d'une faiblesse crasse qu'il liquide d'un pinchazo suivi d'une entière de travers.
Le basque va s'agenouiller au toril (c'est la quatrième réception du genre dans cette même course) pour accueillir le dernier toro, très beau, qui déboule en roulant des mécaniques. Faena construite avec du cœur mais peu de nuances. Le toro va a menos. Estoconazo énorme après pinchazo turbulent et pétition d'oreille qui valait bien celle qui avait rapporté la sienne à Abellan. Je ne sais pas trop pourquoi, le palco résiste. Fandiño salue. Il fut un temps pas si lointain où il aurait été appelé à faire une vuelta méritée. Aujourd'hui Madrid voulait des oreilles ou rien.

Miguel Angel Perera s'est fait remarquer : il n'est pas allé attendre ses toros a porta gayola.  

Zanzibar

NB : corrida vue avec mes vrais yeux et pas avec ceux du cameraman de Canal + Toros  

vendredi 15 mai 2015

Apologie d'un sacrilège

Après la bravoure

Extrait d'un long interview de Jose Escolar Gil sur un portail taurin espagnol "Pureza y Emoción" :

"En las tientas me fijo más en el caballo que en la muleta, porque la suerte de varas es lo fundamental para ver si el animal es bravo. A mí me gusta que el toro después sea bravo en la muleta y que tengan los máximos pases posibles, pero sin la suerte de varas yo no estoy conforme con un animal y no le dejo en la ganadería."

Dans ce long entretien, le ganadero fait l'éloge de l'aficion française et c'est toujours agréable de se faire gratter sous le menton par un tel personnage. Il rappelle son goût pour le toro de caste et la nécessité d'un tercio de varas qui ait du sens.
Mais parler de "bravoure dans la muleta" est une digression verbale et mentale qui va effrayer les ultra-néo-conservateurs pour qui ce concept est synonyme de dépravation et de pollution mentale diurne... Imaginez une vieille fille, catéchiste à Beaucaire, qui croirait au père... au fils... mais pas au saint esprit ! 

En faisant l'éloge du toro complet, le sorcier de Lanzahita  fait péter le dogme sans le savoir, il dit "Moi, j'aime que le toro soit brave dans la muleta et qu'il ait le plus de passes possibles."

Quelle horreur.

Mais quel bonheur.

El Ubano

mercredi 13 mai 2015

Peut-être pas dacquois, mais pas si mal les Pedraza...

6 lourds et massifs toros de Pedraza de Yeltes pour Javier Castaño, Paco Ureña et Juan del Alamo.


S'il est clair que venir à Madrid pour assister à l'encerrona de Fandiño est un acte militant, il est tout aussi clair que venir à Madrid pendant la 1ère semaine de San Isidro est un acte principalement touristique. Ceci dit, la balade peut se révéler également aventureuse lorsque sont au cartel les toros Pedraza de Yeltes, certes pas assez robustes pour supporter leur poids, mais donnant un jeu puissant au premier tiers, pétulant au deuxième tiers, et, disons, inégal au 3ème tiers. Une course pendant laquelle, en tout état de cause, je ne me suis pas ennuyée.

Castaño torée les 1265 kilos de toro qu'il a reçus en partage à sa manière toute personnelle, laissant briller sa cuadrilla et faisant tant bien que mal face à la rudesse désobligeante de son premier adversaire qui avait été très vigoureux au cheval et avait bénéficié d'une brega parfaite signée Angel Otero. Arrastre applaudi.
L'étrange épisode survenu au 4ème s'est produit après un magnifique batacazo dont le cheval a eu beaucoup de mal à se relever avant que d'être finalement délesté en piste de son peto. Pendant ces minutes ubuesques, le toro a finalement été piqué par deux fois au cheval de réserve (en poussant sous le troisième puyazo) qui était aussi prudemment que malheureusement resté au toril. Otero se fait de nouveau sacrément remarquer au banderilles et oblige d'un geste discret Fernando Sanchez à saluer avec lui. Sanchez, très classe, refuse. Otero refuse à son tour de saluer seul. Ovation pour tous les deux. Tout va bien, il nous reste encore quelques toreros.
Au final, Hurante s'est révélé parado à la muleta, et s'en est allé mourir au toril. Arrastre très peu applaudi, mais un peu quand même. 

Paco Ureña fait correctement piquer son premier opposant, compliqué, qui réclamait me semble-t-il une muleta plus énergique et mieux maîtrisée que celle, quasi-sacrificielle, qui a envoyé le torero à l'infirmerie. Entendons-nous bien, je ne vais pas à la corrida pour voir des gens raisonnables. C'est important à plusieurs titres que les hommes risquent de mourir : outre que c'est le fondement de notre tauromachie, c'est aussi ça qui maintient la tension romantique. Mais voir un homme faire plusieurs fois la même erreur sachant qu'il ne peut plus compter que sur ce ressort émotionnel pour se gagner le coeur du public, ça ne me satisfait pas.
Son deuxième toro, sorti en 6ème position, ne tenait pas mieux sur ses pattes que Ureña lui-même, courageusement sorti pour sa part de l'infirmerie... avant d'y retourner.

Juan del Alamo s'est régalé au capote toute la soirée, et nous avec. Son 2ème toro, sorti avec une faiblesse marquée (comme plusieurs de ses frères), soulève pourtant le cheval lors de la première rencontre mais se coince une corne dans le peto. Il en ressort longtemps après, avec les stigmates d'une poire williams un peu trop cuite.
Le maigrichon du jour (547 kilos) sera arrastré sous une magnifique ovation après que del Alamo nous ait fait subir le supplice du pal (celui qui commence si bien et qui finit si mal). Comme à Azpeitia l'an passé face à cette même ganaderia, le jeune homme oscille entre vérités fondamentales et sornettes inconsistantes. Mais on n'est pas à Azpeitia et le matador entendra les sifflets avant même d'avoir tué le toro le plus complet de la course... pour l'avoir placé en lui donnant la sortie contraire au moment de la suerte suprême. Malgré tous ses travers, Madrid restera toujours Madrid...

Zanzibar

NB : corrida vue avec mes vrais yeux et pas avec ceux du cameraman de Canal + Toros