lundi 31 août 2015

Rue des Arènes

Fonds documentaire

des Archives Municipales du Mans

Il y en a bien eu des courses de taureaux à Roubaix alors pourquoi pas au Mans ?
J’y ai cru. Un peu. Pas trop non plus. Juste assez pour imaginer Mazzantini et sa cuadrilla paradant sur le Chemin des Arènes sous les regards incrédules, extasiés, ou jaloux, selon qu’ils étaient portés par des enfants, des dames ou des messieurs. A moins bien sûr que le matador n’ait été obligé de déguerpir en catimini après « la grande solennité tauromachique » pour avoir usé de l’épée et, partant, choqué l’âme mansote des manceaux. 

D’autres fois, j’ai pu me figurer le torero Caracho attablé au café de la Rue du Cirque. Il aurait été accompagné de Vozarron, son piquero, du temps où celui-ci n’avait pas encore pété un boulon et ne soit enfermé pour avoir piqué les gens dans la rue afin que « le public voie qu'il savait mettre les meilleures piques du monde". Ils auraient parlé d’une certaine Rosario… 

Bien sûr, elles n'auraient pas été coquettes (de toute façon, ici, rien n’est coquet sauf quelques jeunes filles et les jardins de la cathédrale) mais elles auraient été solides. Ça aurait été une placita parfaite pour quelque extravagant entrepreneur sarthois en mal d’exotisme souhaitant s’improviser empresa, et pour les modestes toreros qui se fichaient bien que le public ait jamais entendu parlé de toros pourvu qu’il n’ait jamais entendu parler de leur sulfureux passé… 

C’était l’époque où l’on risquait de voir des tas de chevaux morts dans un coin du ruedo mais peu de faenas de plus de 5 passes avant la suerte suprême. C’était à la fin du 19ème, au début du 20ème siècle. Et si « Toros » n'en a jamais parlé, c’est sans doute qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de passer par ici. C’est du moins ce que j’ai toujours voulu croire. Un peu. Pas trop non plus. Juste assez pour aller passer quelques heures dans la salle de lecture des archives municipales. 

Fond documentaire des Archives Municipales du Mans

Les arènes du Mans ont bel et bien existé. Le Chemin des Arènes aussi. C’est lui qui a donné son nom à la Rue des Arènes située à 300 mètres de chez moi. Elles ont été construites au 2ème siècle après Jésus, du temps où Le mans s’appelait Vindunum. Elles faisaient 112 mètres de diamètre et pouvaient accueillir environ 7000 personnes « placées à l’aise ». Même s’il est difficile de déterminer avec certitude la fonction de l’édifice, on suppose que des gladiateurs et des bêtes féroces y ont combattu pendant quelques temps. Mais de corridas espagnoles, c’est une certitude, il n’y eut point. C’est Saint Bertrand du Mans qui nous le confirme en 623 au travers de son testament dans lequel il évoque ses vignes qui sont situées… sur l’emplacement des arènes déjà détruites à cette époque ! 

Il faut que je me fasse une raison : il n’y a jamais eu de courses de taureaux célébrées au Mans. Si l'on y vit des toros de combat, c’était qu’ils étaient de passage pour se rendre au Havre ou à Roubaix. Et s’il y eut des toreros, ils sont passés incognito. 

Un historien dont je m’excuse d’avoir oublié le nom a écrit qu’on pouvait au mieux penser aux péplums manceaux en imaginant « ses gladiateurs aux splendides nudités adonisiennes, ses patriciens graves et recueillis et ses courtisanes aux joues fardées ».
C’est toujours ça.

Zanzibar 

jeudi 27 août 2015

Fake vs. verdad

Parmi les évolutions de la tauromachie moderne, il y a celles – comme, par exemple, le caparaçon – sur lesquelles on ne reviendra pas.
Et puis il y a les autres, celles qui s’imposent par effet de mode, par négligence, ou par confort, et qui ne sont en fait que de mauvaises habitudes.
Dans ce dernier registre, l’ « évolution » qui me parait à la fois la plus nuisible et la plus aberrante est celle qui consiste pour le matador à délaisser la lourde épée de mort au profit de la légère épée factice pendant tout le travail de muleta. Si j’osais, je dirais même qu’il s’agit là du péché originel de la tauromachie moderne. Ou, au moins, d’une hérésie.

De fait, sans l’épée, un matador ne peut pas tuer. Et face à un matador inoffensif (oxymore, s’il en est !), pourquoi l’idée de diminuer d’autant l’adversaire ne deviendrait-elle pas sournoisement acceptable ?
Et qu’est-ce qui distingue le matador des autres toreros (et, partant, lui fait gagner plus d’argent) ? Qu’est-ce qui justifie de sa condition de matador si ce n'est le port et l’usage de l’épée ? En choisissant l’épée-jouet, le modèle contrefait, en bois ou en fer blanc, il me semble que le matador déconsidère un peu sa charge et qu’il égratigne ainsi sa propre valeur.

Dans les faits, on ne compte plus les fois où cette irréparable absence d’épée de verdad s’est avérée nuisible au torero qui, en s’éloignant du toro pour aller chercher son estoque, a compromis un cadrage que le bicho lui offrait dans la foulée de la faena, de manière naturelle.  

Je connais bien un certain avocat du diable (que je ne citerai pas pour ne pas accabler l’Ubano) qui me répondrait que le toro moderne peut aisément être posé dans un coin du ruedo, se lâcher du regard sans risque, et ne pas être le moins du monde affecté par la défection momentanée du matador. Au contraire, ça lui permet de souffler…
Certes. Mais n’empêche ! A-t-on déjà vu un combattant demander à son adversaire de l’attendre un moment pour aller chercher son arme ? Au risque de verser dans l’illustration fallacieuse, imaginez le Blondin tournant quelques instants le dos à Sentenza et Tuco pour aller récupérer son pistolet…

Il est en outre assez cocasse de penser qu’une des qualités les plus appréciées chez un matador de toros est celle de templer, ce qui, me semble-t-il, consiste à savoir trouver le rythme secret du toro. On attend de l’homme qu’il se synchronise avec la bête, qu’il découvre sa cadence profonde. Mieux encore, on valorise l’absence de heurts et de rupture dans l’exécution de la faena de muleta. Et puis, patatras, on assiste impassiblement à la fracture imbécile, parfois brutale, toujours artificielle et paresseuse, qui précède la suerte suprême… Quelle absurdité !

Apprécions mieux Morante, César Jiménez, ou Mario Alcalde lorsqu’ils font l’effort de s’armer de la lourde épée dès la première passe de muleta.

Et admirons Juan Mora. 

Zanzibar

lundi 24 août 2015

Juanito de Badajoz

En toute simplicité

Retour à Rion des Landes, bourgade forestière et paisible. On retrouve le même décor coquet, les mêmes rescapés de la temporada et de la saison touristique. A quelques jours de la reprise du boulot et de la rentrée des classes, il y a ce rendez-vous sur les planches.
Six novillos de Valdefresno, mobiles, arreglados et de bonnes proportions, plus gaillard le dernier, mansotes les 1 et 3, manso sévère le 5, bravitos les 2 et 4 et brave le sixième.

Adrien Salenc est sorti par la très grande porte au milieu d'une foule immense puis conduit jusqu'à la buvette. On le sent mûr pour passer en "piquée", à l'aise dans tous les compartiments du "jeu", le garçon est enthousiaste, technique, et possédant une condition physique impeccable. Efficace à la cape, gonflé aux banderilles et dominateur à la muleta.  Estocade et oreille à son premier puis grosse épée contraire au second, deux oreilles.

Ivan Gonzalez recherche le temple et le moelleux dans un trasteo complet, on sent bien que le garçon a bossé et qu'il veut affirmer un style. Et ça fonctionne assez.  Pinchazo et caïdita d'effet immédiat, il coupe une oreille au premier bravito et entendra  un avis au manso cinquième qui s'enracinera aux planches avec la détermination du chiendent. Il y faudra 4 pinchazos et une entière.

Juan Da Silva dit " Juanito", retenez ce nom qui pourrait illuminer vos vieux jours gâteux. Il a 16 ans, il est issu de l'école taurine de Badajoz et possède beaucoup de classe. Entendez sobre, élégant, naturel. Son premier gazapon permet d'enchaîner des séries verticales, par le bas et sur les deux mains. Il finit en querencia mais le gamin trouve la solution et l'expédie d'un pinchazo et 3/4 de lame. Une oreille.
Le dernier est plus sérieux en plus d'être brave, le faenon qui suivit, entrecoupé de deux cogidas devait se conclure sur un estoconazo. Hélas la chose fut précédée de cinq pinchazos. Vuelta méritée et affaire à suivre.

Grand soleil, deux tiers d'entrée, présidence exacte, service de piste discipliné, alguazils vénérables et sévères, anti-taurins "policés", vigiles affectueux et harmonie municipale raffinée.

El Ubano

mercredi 19 août 2015

Pedraza de memoria

Dimanche 16 août 15h30. Je file vers Dax. Au passage, je m’arrête à Saugnac-et-Cambran, pour prendre le journal local du dimanche afin de lire le compte-rendu de la course de la veille. J’entre dans la station essence-presse et… surprise… Je n’en reviens pas !
En gros titre, à la une, je peux lire « Le triomphe du toro de combat » … « La grandiose corrida de Pedraza de Yeltes, hier soir, a vu le triomphe des picadors et de la cuadra d’Alain Bonijol  lors du premier tercio. ». A ce texte, est associée une photo de Gabin Rehabi en posture acrobatique sur le dos d’un toro. Je sais que ma mémoire commence à être défaillante mais  je n’avais pas de souvenir d’une part aussi importante dédiée à ce premier tiers à la une de ce journal. D’autant plus que le matin même, Pepe Moral et le Juli, lors d’une corrida triomphale avaient coupé chacun trois oreilles et étaient sortis par la grande porte. Exit les deux toreros pour laisser la place à un toro et un picador ! Pour une corrida dacquoise… je croyais rêver !!!

Vite, j’ouvre le canard et ma surprise redouble quand je m’aperçois que le revistero vedette n’a écrit que quatre lignes un quart sur les toreros (Il nous reste à vous dire que Javier Castano n’y est plus, que Perez Mota fut submergé et que seul Juan del Alamo fit crânement et joliment face) alors que trois colonnes composent la reseña de la course faisant la part belle au toro, aux tercios de piques, aux piqueros, à la cuadra de caballos, à la ganaderia.
Le sourire me monte aux lèvres et, en regagnant ma voiture, je me mets à rêver d’autres courses futures où les toros feront la une des journaux à la place des toreros.
 
Mais vous allez me dire : et la course dans tout cela ?
 
Un lot de toros, variant de 520kg pour le premier efflanqué à 590kg pour le 5 pour une moyenne de 560kg sur la romaine, du lourd, du costaud, bien armé, applaudis plus ou moins à leur entrée en piste excepté le tambour major, ils furent tous ovationnés lors de l’arrastre avec une mention spéciale pour les 3 et 6 honorés d’une vuelta posthume fortement fêtée.
J’ai noté 20 rencontres au cheval avec principalement de vraies puyas mais aussi par-ci par-là quelques picotazos ou des loupés mais, globalement, le bétail s’est montré brave à un degré moindre le 5 plus mansote bien qu’ayant renversé le groupe équestre. Tous les piqueros ont essayé de faire au mieux leur job et ont tous reçu les palmas de la part du public, le salut de Gabin Réhabi au deuxième de la tarde me semblant inapproprié. Bien que piquant correctement lors de la première vara, il ne put garder la pique dans le dos de l’animal au second assaut où il resta acrobatiquement sur son cheval Tabarly. L’échec fut plus évident au dernier galop du Pedraza, où, juste après une girouette sur place avec son cheval, il ne planta pas la lance dans l’animal (!) alors que la musique accompagnait le tercio. Au final, il salue alors qu’il n’a placé qu’une pique et demie en trois rencontres. Cherchez l’erreur ! Le public, séduit par les qualités d’équilibriste du cavalier, a demandé le salut… que d’autres piqueros, par la suite plus adroits, n’ont pas eu le droit de faire… Nous noterons également la panique mise en piste par le 6 qui, sans mise en suerte, fut châtié près de la porte d’entrée des cavaliers. Après un batacazo, il revint à trois reprises pour se coller longuement contre le matelas de l’équidé. Bonijol et son cheval luttant seuls contre le toro fut un moment très salué par le public lors de ce dernier tercio de pique.
 
Aux banderilles, les bichos ont très souvent accompagné les peones jusqu’aux planches. Dans cet exercice, deux habitués ont été prié de se décoiffer sous l’ovation des gradins : Fernando Sanchez au 1 et 4 et Angel Otero à ce même quatrième.
 
Enfin, pour les derniers tiers, les Pedraza ont donné beaucoup de jeu, associant mobilité et caste. Ils se sont montrés souvent à leur avantage dominant les maestros excepté Juan del Alamo qui se montra supérieur à son premier avec une bonne faena coupant au passage une oreille méritée. Mais le jeune torero resta à mon goût en dessous de son second bien que coupant de nouveau un pavillon alors que, je pense, régnait la confusion dans le public. En effet, certains demandaient l’oreille alors que d’autres réclamaient le vuelta de Fantasioso. Résultat, le palco fit tomber le mouchoir blanc (vite protesté) puis quelques instants après le mouchoir bleu qui fit taire immédiatement toutes les agitations. Le public désapprouve la remise du trophée au torero qui associe, lors de sa tournée de piste, le mayoral, Miguel Angel Sanchez « Curro ».
Les deux autres maestros du jour Javier Castaño et Manuel Perez Mota n’ont pas été à leur avantage. Le premier, toujours en difficulté, ne trouve pas (plus) le sitio. Loin de son adversaire, il use du toreo profilé et distant qui ne porte pas sur ce type de bétail. Le second montra peut-être un peu plus d’envie mais tomba sur le 2, le moins disponible à la muleta, et resta sans moyen à son dernier.
 
A l’issue de la course, Juan del Alamo chahuté par le public refuse de sortir a hombros. C’est le mayoral de l’élevage qui aura les honneurs de cette sortie.
Bonijol est ovationné et, au lieu de saluer seul, invite les six picadors pour une belle photo de famille.
Dans la foulé du triomphalisme général, voilà que Tabarly fait son tour de piste conduit par Madame Bonijol et Gabin Réhabi ! Le public est euphorique.
 
La présidence quitte le palco, il est 21h…
Le bonheur se lit sur le visage des spectateurs !
 
Olivier

mardi 18 août 2015

Cenicientos 2015


Le matin

La tauromachie sans impondérable on connait et c'est assez vite ennuyeux. Trop d'impondérables dans un ruedo et les questions se présentent. Cenicientos pose souvent les mêmes : la dureté du public, la présentation du bétail, l'indigence des cuadras de chevaux, les cuadrillas à la peine et des toreros qui se noient. A signaler cette année un changement perceptible de municipalité et de commission taurine, une oreille coupée en trois jours, des broncas, des cariocas, des pinchazos, des miracles, les enfants dans le ruedo, les peñas outrancières, quinze français, une présidence sans veste et sans cravate, les corrals envahis au débarquement de dix heures, le tout dans un village sans style et sans verdure où il reste toujours quelques rues en travaux, longs à terminer. Au milieu de ce chantier de chair et de poussière il y a le 15 août, le jour où débarquent la TV sur les gradins et la Vierge del Roble en procession accompagnée de tambours de cris, de larmes, et de bière.

14 août - 6 Peñajara : un lot plutôt lourd et très armé, sept puyas avec un batacazo sur la poussée. Des monopuyas parfois très dures avec pour seul motif d'économiser les coups de cape vers un cheval inerte. Encierro sérieux donc malgré trois taureaux escobillés. Les 2/4/5/6 poussaient et mettaient la tête. 

15 août -  3 Escolar Gil : sérieux et bien présentés, voire très sérieux le troisième encasté, rapide et malin,  plus petit mais très armé et mieux fait. Il a manqué de tuer trois fois un banderillero en moins de cinq secondes. Trois Escolar gris qui ont poussé en quatre grosses piques dures, et galopé de capotes en banderilleros assez longtemps pour se décomposer après une dizaine de muletazos. Le second fut mieux traité  et présenté correctement au cheval sur deux rencontres.

15 août - 3 Adelaida Rodriguez : impressionnants les trois, dans un ruedo pas bien grand. Festival du puyazo guerrier, de la carioca et du batacazo en sept rencontres. Bregas approximatives et le tout se termine en eau de boudin car le bétail renonce au combat et se défend.

16 août - 6 Saltillo et un sobrero d'Adelaïda : 16 rencontres dont quelques refilones et puyitas à la volée, bétail encasté mais s'avisant vite, brave le troisième, manso con caste le dernier qui n'était pas loin de rentrer vivant au corral. Là encore la présence d'un seul  cheval (mauvais) en piste pose problème quand personne ne pense à faire rentrer le réserve. Un lot qui parut petit au débarquement et  important en piste.

La seule oreille coupée et contestée sera accordée  à  José  Carlos Venegas. Nous avons découvert : un  Jose Manuel Mas, grand garçon âgé extrêmement circonspect dans toutes les phases du combat... Gomez del Pilar, Marco Antonio Gomez, Octavio Chacon, Christian Escribano qui a passé un très sale moment devant (ou autour) du dernier Saltillo.

Nous avons revu Ivan Garcia, qui ne change pas et Serafin Marin qui ne s'est pas arrangé, de vieux briscards qui sauvent les meubles.

Suerte suprême

Nous avons découvert des banderilleros physiquement inaptes qui  peuvent ne pas savoir sauter une barrière ou se déplacer à reculons, et il y en eut même un qui ne savait pas courir en avant ou tel autre pas bien grand qui devait sauter dans le burladero pour apercevoir où se trouvait le tio qui venait de le poursuivre. Tout cela a beau être agaçant ou drôle, le public oublie un peu vite que les garçons rechignent à se faire étriper pour quatre sous et que le recrutement de personnel est problématique en période d'Assomption.

On se souviendra de la série fameuse de Salvador Cortes  en quatre véroniques achevées d'une demie, genou plié  au milieu de la mitraille, d'un banderillero appelé à saluer à l'issue d'une grande paire précédée d'une voltereta de catégorie. Il y eut enfin un vieux picador (Anderson Murillo) qui dégringola mais honora la funcion à la puya suivante.

Donc Cenicientos, peut-être pas chaque année, mais indispensable de temps en temps quand même.

El Ubano

vendredi 14 août 2015

100.5

Alignement - © Cyril Alméras - www.cyrilalmeras.com

Sur la D824, un 13 août, 12h05, premières démangeaisons. J’avais déjà des acouphènes en ouvrant la portière. L'erreur fut d'allumer l'auto-radio et d'entendre P.A.B. dire que le lot de Domingo Hernandez est très bien présenté dans la catégorie "medio toro". Un chewing-gum et je m'étouffais.

Quelques kilomètres plus loin, les premières crampes, Lescarret fait assaut de superlatifs, tout est extraordinaire. Je ne comprendrai jamais l'utilité de ce marketing des années Casas, consistant à bourrer les commentaires d'emphase et de merveilleux.

Je passe le rond-point de Tartas et j'ai peur de constater des  rougeurs sur le nez en regardant dans le rétro mais voilà l'apoderado de Leal qui s'y met... J'ai une irritation localisée mais du temps de Pierre Albaladejo les pieds me gonflaient.

12h28 le président de la commission taurine lâche que lors des négociations il a trouvé bien pire que le Juli, ça ne m'apaise pourtant pas. Voici quelques années, P.A.B. déclarait à l'antenne : "El Juli pratique une tauromachie éjaculatoire..."  Il est comme ça P.A.B. à l'antenne, le spectacle c'est lui. N'attendez pas du journalisme ou de l'information. Il se met en scène, interpelle, se gausse, flagorne l'autorité, fustige des adversaires imaginaires, la présidence, les gradins supérieurs soleil, c'est Cyrano sans panache et sans contradicteur. Devant leur poste radio ceux qui ne le connaissent pas le croient... peut-être encore. Au moins, Arnouil se taisait, lui.

12h30, c'est fini, je traverse Pontonx, les muscles se relâchent, la tension tombe, le rythme cardiaque diminue, je re-déglutis, l'émission est terminée.  Je m'en sors encore cette fois-ci, mais la prochaine fois ?

El Ubano

Appel à témoin :
La rédaction d'Algo cherche un chroniqueur susceptible de couvrir la Goyesque de Bayonne le 15 août, avec sept toros et un ténor. C'est important.

mercredi 12 août 2015

Où aller le 15 août ?

Le 15 août


  • 15/08/2015 Caldas de Rainha (Leiria) Portugal - Toros de David Ribeiro Telles para Antonio Ribeiro Telles (I), João Moura (hijo), Sánchez Vara, Antonio Joao Ferreira
  • 15/08/2015 Villarrobledo (Albacete) España - Toros de Hijos de Eduardo Miura Fdez para Curro Díaz, Rafael Rubio "Rafaelillo", Miguel Tendero
  • 15/08/2015 Dax (Landes) Francia - Toros de Garcigrande para El Juli, José María Manzanares, Pepe Moral
  • 15/08/2015 Dax (Landes) Francia - Toros de Pedraza de Yeltes para Javier Castaño, Pérez Mota, Juan del Álamo
  • 15/08/2015 Reguengos de Monsaraz (Évora) Portugal - Toros de Murteira Grave para Luis Rouxinol, Vitor Ribeiro, Filipe Gonçalves
  • 15/08/2015 Bayona (Pyrénées-Atlantiques) Francia - Toros de Antonio Bañuelos para Juan Bautista, Daniel Luque, Alberto López Simón
  • 15/08/2015 Béziers (Hérault) Francia - Toros de Robert Margé para Manuel Escribano, Iván Fandiño, Cayetano Ortiz
  • 15/08/2015 Pontevedra (Pontevedra) España - Toros de Román Sorando Herranz para Rivera Ordóñez "Paquirri", El Fandi, Miguel Abellán
  • 15/08/2015 Roquefort (Landes) Francia - Novillos de Pedraza de Yeltes para Andrés Roca Rey, Joaquín Galdós, Louis Husson
  • 15/08/2015 Guijuelo (Salamanca) España - Toros de Adelaida Rodríguez García para López Chaves, Jiménez Fortes, Damián Castaño
  • 15/08/2015 Gijón (Asturias) España - Toros de Adolfo Martín Andrés para Fernando Robleño, Miguel Ángel Perera, José Garrido
  • 15/08/2015 Tulancingo (Hidalgo) México - Toros de Puerta Grande (Mariano Ramírez) para Rodrigo Santos, Rafael Ortega, José Mauricio
  • 15/08/2015 San Sebastián (Guipúzcoa) España - Toros de Juan Pedro Domecq para Morante de la Puebla, Sebastián Castella, Alejandro Talavante
  • 15/08/2015 El Puerto de Santa María (Cádiz) España - Toros de Luis Terrón Díaz para Fermín Bohórquez, Rui Fernandes, Leonardo Hernández, Manuel Manzanares, Andrés Romero, Manuel Moreno
  • 15/08/2015 Arbeláez (Cundinamarca) Colombia - Toros de Clara Sierra para Willy Rodríguez, Cristóbal Pardo Jr., Luis Miguel Castrillón
  • 15/08/2015 El Burgo de Osma (Soria) España - Toros de Pilar Población del Castillo para Lea Vicens, Óscar Mota, Mario Pérez Langa
  • 15/08/2015 Roa de Duero (Burgos) España - Toros de Fernando Peña Catalán para Juan José Padilla, Morenito de Aranda, Paco Ureña
  • 15/08/2015 Tafalla (Navarra) España - Toros de Dolores Aguirre Ybarra para Luis Miguel Encabo, Francisco Marco, Alberto Aguilar
  • 15/08/2015 Briviesca (Burgos) España - Toros de Soto de la Fuente para Luis Vilches, Joselillo, Iván Abásolo
  • 15/08/2015 Blanca (Murcia) España - Novillos de Hdros. de José Cebada Gago para Daniel Crespo, Varea
  • 15/08/2015 Las Ventas (Madrid) España - Toros de Santiago Domecq Bohórquez para Frascuelo, Ángel Teruel, Javier Jiménez
  • 15/08/2015 Messejana (Beja) Portugal - Toros de Canas Vigouroux para Luis Rouxinol, Vitor Ribeiro, Brito Paes
  • 15/08/2015 Leganés (Madrid) España - Toros de Castilblanco para Pablo Hermoso de Mendoza, Andy Cartagena, Diego Ventura
  • 15/08/2015 Valverde del Camino (Huelva) España - Novillos de Manuel Ángel Millares para Álvaro Lorenzo, Ginés Marín, David de Miranda
  • 15/08/2015 Hervás (Cáceres) España - Toros de Victorino Martín Andrés, Ganadería de Urcola, Francisco Galache de Hernandinos, Peñas Blancas (Antes Sánchez Ybargüen), Luis Albarrán y El Cubo para Emilio de Justo
  • 15/08/2015 Sigüenza (Guadalajara) España - Novillos de Miranda y Moreno para Miguel Ángel Silva, Adrián Henche
  • 15/08/2015 Cenicientos (Madrid) España - Toros de José Escolar Gil y Adelaida Rodríguez García para Salvador Cortés, Octavio Chacón, Iván García
  • 15/08/2015 El Espinar (Segovia) España - Toros de Antonio San Román para Joselito Adame, Víctor Barrio, Martín Escudero
  • 15/08/2015 Cebreros (Ávila) España - Toros de Peñajara para Serafín Marín, Javier Herrero, Gómez del Pila.

Si on pouvait comparer avec le 15 août 1870 ou le 15 août 1920, 1935, 1955... Quelqu'un aurait de telles archives ? Ce serait intéressant.
Normalement demain les aficionados sont tous dehors. Ils iront à la plaza à pied, en bus, en voiture. En ville ou à la campagne, demain c'est la fête de l'Immaculée Conception et des Aficionados. On pourrait tous avoir un œillet à la boutonnière pour les garçons ou sur l'oreille pour les filles. On disait autrefois que le torero sans contrat ce jour-là devait se faire du souci pour sa carrière.
Demain il y a 29 fois fiesta brava. Qu'on se le dise.

El Ubano

Parentis 2015 - La troisième

4 novillos de Castillejo de Huebra et 2 de José Manuel Sanchez (les 2 et 4, avec de l’Atanasio dans le sang) pour Miguel Angel Leon, David de Miranda et Alejandro Marcos.


Dimanche 9 août - 18h

Bien remplis, les tendidos… Dommage, les gars, fallait venir à 11 h.

Des galops de toros il y a eu, sans grande classe et sans véritable intérêt, hormis peut-être le dernier, manso-manso pas loin de mériter les banderilles noires, dont le comportement eut la vertu de nous changer du pataclop ambiant… Pas loin de la dizaine de rencontres avec le cheval pour ce novillo, qui finit, comme il se doit, piqué à proximité des chiqueros (un alguazil a-t-il reproché cela au piquero, vraiment ???). Après la course, deux remarques intéressantes ont été faites par plusieurs : dans ce cas, pourquoi ne pas faire entrer un second cheval ? Le novillo avait très vraisemblablement un problème de vue, ce qui contribue à expliquer pour partie son comportement.

Quant à nous, nous avons vu quelques bons exemples de puta puya. Nous avons vu de l’authentique destoreo, notamment avec David de Miranda qui faène son premier partout dans le ruedo, à la guise du quadrupède, jusqu’au toril. Nous avons vu un troisième novillo cojo mais non changé, invalide devant lequel Marcos tente une faena d’esthète, si si… Nous avons entendu les clarines (issues de la festive banda) répondre à la présidence qui s’impatientait de ne pas les voir sonner l’avis demandé : « On a le soleil dans la gueule !!! On voit rien !!! » . Bref, nous en avons quand même vu, des choses. Et nous avons aussi constaté, au son des belles ovations reçues par les novilleros, que beaucoup en ont vu d’autres…

Alors, on se drape dans sa superbe et l’on persifle : pour ceux que cela met en joie de voir faire tourner quelque chose dans un sens et puis dans l’autre, l’on ne saurait trop conseiller les championnats du monde de yoyo. Spectaculaire discipline dans laquelle on peut en outre devenir aficionado practico à moindre frais.

Quoique.

Julito

Parentis 2015 - La deuxième

4 novillos de Los Maños pour Guillermo Valencia et Louis Husson


Dimanche 9 août - 11h

Alors là, oui ! On en redemande. Et tant mieux pour le tout petit tiers d’arène présent, pour l’ADA, et, allons-y, pour la temporada. Un novillero qui, en trois séries de naturelles et quelques kilos de vaillance, remet certaines choses en place et 4 novillos 4 morts bouche close (plus un, presque inédit, mais prometteur) et dont la semence, sans être uniformément exceptionnelle, valait plus que celle de tous les barbapapas indultés en ces temps.

Supérieur le premier, par sa présence en piste, sa caste, son poder. Très vif de charge, il se retourne presto, choisit où, quand et comment. Part vite à la première pique, pousse d’une corne, sort seul. Se grandit encore à la deuxième, poussant fort sous un fer lourd et correctement placé. Sort seul. Il met encore les reins, plus brièvement, à la troisième, trasera. Comme plusieurs de ses compagnons du matin (le 2 et le 4), il néglige le porteur de cape qui le cite pour se fixer sur le banderillero lointain et le sortir du ruedo en une course pour le moins convaincante. Pirri posera malgré ce une bonne paire. Peu disposé à prêter le ruedo, ce novillo garde la tête vive et attentive à tout mouvement. Charge forte, parfois raccourcie, vite sur le retour, dans la muleta de Valencia qui s’arrime, alternant les moments croisés et les passes du pico. Difficile de tirer la charge et de tenir l’animal dans les trastos. Peut-être eût-il été bon de lui donner plus de distance. Très près, Valencia se fait salement attraper et semble prendre un plat de corne en pleine tête. Tuméfié, il revient pour une entière delantera efficace. Mélange de pétition (oreille ou/et vuelta au novillo) : mouchoir blanc et grande ovation à l’arrastre.

Le troisième charge queue à l’horizontale, mais se claque, déboite ou fracture en piste. Changé par un magnifique playero splendidement armé (n°21), mis en sobrero car « hors-type » (faisons l’éloge des lots hétérogènes…). Lequel s’annonce toro de sentido d’entrée de jeu. Tendance parado, il se désintéresse de la pique (mis en suerte bien trop loin pour une première) puis finit par aller au tampon et envoie à terre la monture. Pousse fort à la deuxième puis en remet un coup plus bref à l’ultime. Diminué mais gardant toute sa caste teintée de mansedumbre (comportement passionnant, faut-il encore le relever ?), il oblige Valencia à se croiser pour démarrer ses charges, ce que le novillero met à profit dans trois bonnes séries de naturelles, posées et dominatrices. Cela suffisait. Mal conseillé depuis le callejon et mal encouragé par la musique, Valencia rempile… et se prend une pile. Deux pavillons vite sortis après entière fort efficace. Mérités, exagérés : je ne sais pas. Il a montré plus en deux sorties que tout ce que nous avons vu du week-end, et semblait deux tons au dessus de sa propre prestation de l’an passé : puisse-t-il surtout tirer de ces combats édifiants plusieurs enseignements sur la lidia, et non la seule rançon du succès. La dépouille du novillo : très applaudie.

Les deux combattus par Louis Husson furent également ovationnés à l’arrastre.
Le deuxième de la matinée s’approprie la piste, fait multiplier les capotazos à une cuadrilla dépassée, coupe les courses, et sort par deux fois le banderillero du ruedo.
La présidence change le tiers sans attendre que quatre palos ne soient posés. Mauvaises piques pompées et foultitude de muletazos inutiles n’empêchent pas la bête de garder tête haute. Husson montre une sobre application que l’on ne lui avait pas vue à Orthez et débute bien, fixant au centre, mais recule et s’éloigne bien vite du novillo, lequel a l’appétit suffisant pour manger son immense muleta. Mauvaises épées, très bonne puntilla. Salut au tiers. Le dernier novillo, toujours bien fait, accuse d’entrée une légère faiblesse de pattes. Mansedumbre plus marquée au cheval dont le pilote pilonne sans ménagement ni précision. Husson, volontaire, semble pourtant toucher rapidement ses limites actuelles, notamment sur le placement. La charge est pourtant devenue franche, mais la muleta est accrochée, hormis sur une série de derechazos sérieux qui ne pèsent pas pour autant sur le novillo. Affaibli, perdant beaucoup de sang, il n’est pas dominé par un long enchainement de passes. Trop longue faena et mise à mort laborieuse vaudront un avis.

Julito

lundi 10 août 2015

Parentis 2015 - La première

6 novillos de Monteviejo pour Juan Miguel, Vicente Soler et Lilian Ferrani 


Samedi 8 août - 18h - Entre 2/3 et 3/4 d'arène.


Victorino fils, présent, amène un lot de bon trapio, excepté le deuxième, et de têtes inégales (le premier et le quatrième nommés "Cornicorto"), lot composé de trois berrendo (sortis en 1, 4 et 6) et de trois negro bragado ou/et meano. Cobaleda d'un côté, Encinas de l'autre ? 

De l'allant pour partir au cheval mais peu voire pas de vraies bousculades aux Bonijol pourtant loin de faire de l'ombre au château d'eau (en même temps, l'ombre, vu le temps du jour...). 17 rencontres comptées pour sensiblement moins de piques réelles.  L'ADA ne donne pas de prix au piquero, n'a donc pas à le déclarer desierto. Dans la muleta, la plupart ont gardé de la charge, bouche close, couci-couça, parfois sans saveur, de temps en temps un peu plus piquante avec une tête chercheuse (il faut dire que les œufs n'étaient pas très bien cachés, et même découverts à plusieurs reprises) et donnant quelques coups de tête en milieu de passe. Ni enthousiasmant (attendez...), ni désolant (attendez...) : couci-couça.

A son premier - un peu chercheur mais loin d'être insoluble dans le toreo - et après une entrée en matière intéressante citant de loin et conduisant la charge, Juan Miguel aurait pu montrer autre chose que son séant,  mis à jour mais heureusement préservé. Fuera de cacho et muleta tenue en bout de bout du bâton. Au quatrième, très Barcial, bien fait mais faible (ce ne fut pas le seul), nouveau début intéressant par doblones, puis très vite du tout-fait tout-faux, sans recherche de sitio, sans construction. Des gauchères télescopiques. Faena cela-dit coiffante, oui, car l'homme sait renvoyer sa mèche de coups de tête fort efficaces. Son coup d'épée l'est un peu moins. Et le résultat de l'absence de dominio se manifeste dans la grande difficulté rencontrée au moment de porter le descabello à un novillo qui ne baisse plus la sienne, de tête.

Soler voulait, nul doute. Il prend un quite au premier novillo de l'après-midi, brinde à Victorino, puis aux tendidos, pose les banderilles. Côté motivation, entrega, il gagne sans souci. Sa première faena, gauchère, le donne toutefois à voir souvent décroisé, et présentant le pico. Plus volontaire, me semble-t-il, voire démonstratif, que dominateur. Entière basse et efficace. Oreille-de-la-majorité-qui-l'emporte. Son deuxième (n°12), le mieux présenté de l'envoi, accuse aussi de la faiblesse. Il fait reculer Soler en début et en fin de faena, avec un peu d'ennui au milieu et quelque inquiétude, le garçon ayant tendance à mettre le novillo sur la voie de sa cuisse. Vuelta-de-l'envie-qui-l'emporte.

Ferrani semblait porter la peur sur lui, samedi, face au troisième, qui derrote et désarme au capote, et face au sixième, plus difficile à fixer (il ira d'ailleurs cueillir Gabin Rehabi dès son entrée en piste ; lequel lui donnera bastonnade de coquin (il ne fut pas le seul)). Ferrani abandonne vite le troisième, essaie de s'accrocher au six mais l'étouffe plus qu'il ne le tient. Dépassé.

Julito