mercredi 9 octobre 2013

De l’inconvénient d’aimer les toros


Aller aux toros, on le sait, c’est prendre le risque d’étouffer sous une chape d’ennui pendant quelques 120 minutes au moment où les autres, les bienheureux autres, profitent de l’entrée gratuite au Prado, s’offrent une glace chocolat-pistache en déambulant dans les rues encore chaudes de la ville, ou bien même patientent anxieusement chez le dentiste avec la consolation de savoir qu’ils se sentiront mieux après.

Assister à la course des 6 inutiles et vaguement nobles toros du Puerto de San Lorenzo & Co sortis samedi à Madrid relevait du sacerdoce. Il m’a même traversé l’esprit que la privation de sommeil et le jeûne devaient être des pratiques de pénitence moins pénibles (mais force est d’avouer que j’ai radicalement changé d’avis sur ce dernier point aux alentours de 22 ou 23 heures). 

Comme de juste, les 12 piques prises de salon évoquèrent peu (ou plus précisément pas du tout) la bravoure dont il est question dans les livres d’initiation à la corrida (même les plus récents).

Avec une telle opposition, les efforts très très très peu convaincants d’Alberto Aguilar n’ont sans contredit pas permis de libérer le moindre atome, que dis-je, le moindre proton d’émotion.  

Joselito Adame a montré moins de bagage technique que les novilleros de la veille. Il se jette à corps perdu dans une espèce de faena-ninja, passant plus de temps en l’air, derrière et sous le toro qu’en face. Il a été mauvais, mais ceux qui ont un cœur (et un péroné) ont applaudi l’épée portée dents serrées, tête sonnée et jambe chancelante. Le mexicain ne ressortira pas de l’infirmerie.

Après nous avoir fait l’honneur équivoque de nous brinder son second « adversaire », Jimenez Fortes a réussi l’exploit de nous faire tomber dans une torpeur encore plus profonde que celle qui nous a engloutis lors de sa première faena

L’inconvénient d’aimer les toros, c’est que ça nous oblige parfois à entretenir un rapport étrange avec le temps qui passe. Cette corrida,  je vous le jure, aura bien duré 6 heures...

Zanzibar

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