mercredi 25 février 2015

La part des choses

Magescq

Un aficionado, « Montenegro », visiteur discret de ce blog, s'émeut récemment à propos du compte-rendu de la novillada non piquée de Magescq de ce que votre serviteur, « ancien membre de l'Anda » (donc circonstance très aggravante), soit favorable à l'octroi d'un ou plusieurs tours de piste d'une dépouille à cette sorte de spectacle où je soulignais l'agressivité et la solidité de deux exemplaires de l'élevage de Joselito. 

Tout, ou presque, se plaidant en tauromachie selon que l'on se place en spectateur d'une corrida idéale (et qui existe en théorie) ou d'une corrida faite de réalités et d'impondérables bons ou mauvais, essayons de plaider.

Il est de tradition et règlementaire que la vuelta soit accordée à un animal particulièrement brave dans toutes les phases du combat :

Article 83
S'il y a pétition majoritaire du public, le Président pourra ordonner au moyen du mouchoir bleu, le tour de piste de la dépouille de l'animal qui l'aurait mérité par sa bravoure exceptionnelle au cours du combat.
Le ganadero ou le mayoral pourront saluer ou faire un tour de piste si la majorité du public le réclame.

Article 87
Le déroulement des novilladas sans picador sera soumis très exactement aux mêmes règles que les corridas de toros à l’exception des dispositions des articles 72-1, 73, 74, 75 et 76 (relatives au bon déroulement du premier tercio et qui ne concernent pas la non piquée). 

Dans le règlement, rien ne permet d'exclure la vuelta à la dépouille d'un novillo en non piquée.

Mais Don Montenegro m'objectera que la bravoure se mesure à la pique et je répondrai qu'elle se mesure aussi et d'abord à la pique, mais pas que…
Si les tientas n'excluent pas la muleta, il y a une raison. Sauf que la principale particularité de la novillada non piquée réside dans l'absence de piques et que le règlement n'a pas prévu de mouchoir à carreau pour ce cas particulier mais laisse au président l'utilisation du mouchoir bleu.

Pourquoi un novillo ne serait pas honoré d'une vuelta qui le distinguerait des mauvais novillos si le public le souhaite, si le président l'accorde et si la ou les bestioles en question se sont montrées agressives et solides comme à Magescq ?
En quoi cela dénature la notion de bravoure, la tradition, l'histoire, le rite, l'avenir de l'élevage ?
Et pourquoi ne pas voir cette possibilité comme un « plus » ?
S'il existe des critères immuables en tout lieu (épée, carioca, enterreurs...) je suis convaincu que mon interlocuteur distingue la valeur d'une oreille coupée à Orthez d'une autre coupée à Eauze ou encore la vuelta d'un toro de cinq ans à Madrid avec celle d'un novillo piqué à Aire/Adour.

Alors pourquoi s'interdire de faire la part des choses-là aussi ?

Mario Tisné

1 commentaire:

  1. Juste une remarque en passant, pour distinguer le bon novillo non piqué des mauvais, il y a l'ovation à l'arrastre. Et pour le bon lot de novillos non piqués, faire saluer le mayoral.

    RépondreSupprimer