mardi 8 octobre 2013

Corrida vs. Novillada



Un vieil adage plein de sagesse préconise de s’abstenir en cas de doute.

Je devrais donc éviter de m’étendre sur la course des 6 brêles 6 d’Adolfo Martin présentées ce dimanche à Madrid, car je n’ai rien vu dans cette corrida qui soit mémorable (sauf la coleta très dignement coupée de Roberto Bermejo, de la cuadrilla de Ferrera). Or, après lecture de la presse taurine, il semble que je sois passée à côté d’un grand Ferrera, d’une grande cuadrilla et peut-être même d’un grand toro.

Fins (sauf le 3ème, franchement anorexique) et musculeux, bien armés, ramolos de la caste et ennuyeux à souhait, les toros ont avant tout été mauvais. Quand je dis "les toros", je veux dire "les 6".

Je reconnais à Ferrera d’avoir su abandonner le mainstream tauromachique au profit d’un toreo mutant, fait de figures vaillantes parfois, inutiles souvent. Mais quand il s’agit du primer d’une oreille (qui plus est madrilène) un torero qui s'est surtout attaché à rattraper opportunément ses multiples bourdes et qui vient de "péguer" fièrement quelques passes à un toro qui a une épée dans le corps au seul motif que ledit torero a été volontaire, alors là, non. Faut voir à quand même pas trop déconner !

Castaño, sa muleta insuffisante et les lauriers de sa cuadrilla étaient aussi au cartel. Pour le grand frisson, c’est pas assez. Pour le grand frisson, il faut au moins une grande paire de banderilles. 

Quant à Fandiño, je l'aime bien. Mais l'amour ça s'en va...

En toute franchise, pour moi, le vrai bon moment de ce dimanche fut la course matinale qui proposait 6 formidables erales de Monte la Ermita. Mobiles et d'une noblesse piquante, ils avaient tous une histoire à raconter.

Le premier : une teigne ! Malin des yeux et de la corne, retors et dangereux, il a été prompt à acquérir les vices que Angel Sanchez lui a généreusement et rapidement enseignés (aidé en celà par Manuel Gutierrez au quite).
Le quatrième a été sonné par une vuelta de campana et est allé a menos après que le même Sanchez se soit astreint à le toréer à l'envers de ce qu'il réclamait.

Les deuxième, cinquième et cinquième bis échurent à Manuel Gutierrez. Stakhanoviste de la porta gayola, le gamin met beaucoup de bonne volonté et soigne (à la mesure de son maigre bagage) chacune de ses réceptions bien qu'il se fasse littéralement labourer à chaque fois.
Une fois sortie la muleta, la violence de son désir de bien faire s'atténue  considérablement...
Il est le seul à avoir banderillé.

Adrian Henche a pécho le haut du panier au sorteo. Ca aide. Mais même sans ça, il parait plus mûr que les autres, plus posé, et plus dégourdi aussi.
Au troisième, il est intéressant. Il a du style, un capote qui pèse, une muleta agile, et de bonnes intentions. Mort brouillonne mais pas malhonnête.
Au sixième, excellent bien qu'un tantinet faiblichon, Henche succombe aux regrettables facilités réclamées avec ferveur par le public. Résultat, c'est l'eral qui gagne la bataille... et qui perd son oreille. Et c'est Henche qui gagne la finale du certamen "Camino hacia Las Ventas". Pour les mauvaises raisons.

Zanzibar

2 commentaires:

  1. des non piquées avec une telle présentation de bétail, il en faudrait partout !

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  2. Jlouis Ducournau19 octobre 2013 à 11:05

    Bien vu, bien dit!
    il faut toujours parler des toros et surtout quand ils sont mauvais.les spécialiste des résénas journalistiques sont les champions de l'apologie du toros et savent "sauver" une corrida par un soi-disant geste d'exception.
    il ne faut jamais hésiter à donner son avis, ils donnent bien le leurs!de plus ils ne peuvent pas , eux nous taxer de manger dans la soupe, excellente d'après Socato!!!

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