Cartel de José Guadalupe Posada - 1905 |
Dans les gradins, on rencontre des
aficionados a los gallos qui fument cigarette
sur cigarette sous les panneaux dédiés au Señor Évin du coin. Après une
inspection mi-dédaigneuse mi-goguenarde de la touriste que je ne peux
dissimuler être, une femme entre deux âges (mais plutôt vers celui du dessus) prend
le temps de m’expliquer dans un brouhaha infernal ce qui se passe en bas, dans
le mini-ruedo. Le combat de coqs est quelque chose de très sérieux, qui a ses règles et se doit d'être bien
fait, comme à peu près tout ce qui se fait au Mexique d’ailleurs, y compris la fiesta.
De prime abord, ce qui se joue en
piste parait relativement simple, voire familier. Il est question de terrains,
de mansedumbre, de bravoure, de mort.
Les vocabulaires s’amalgament aisément. Sauf au moment où j’évoque l’existence
d’un éventuel coq de bandera. Ça, ça
n’existe pas. Il y a des champions, mais pas de coqs invincibles. Cacucci avait
raison *.
L’homme en gris qui parle avec tout le monde en bas vient de
parier 200 000 pesos. Moi aussi j’aimerais bien parier. Mais pas autant.
Disons… 200 pesos. Pas possible. C’est 500 pesos minimum. A ce stade de l’aventure,
l’expérience des corridas ne m’est
plus d’aucune utilité.
Mon coq est mort et je ne m’en suis même pas rendue compte. Je ne suis vraiment pas fière. Ne jamais quitter le toro du regard, je le sais pourtant...
Quelques combats plus tard, je
vais faire un tour dans le coin et m’égare dans une espèce de desolladero où trône un gigantesque taxidermiste (?) volailler (?) bien peu amène qui est en train de recoudre celui que je pense être "mon" coq. Je pose quelques questions au malabar-couturier qui n'a pas l'air d'entendre.
Je demande en haussant la voix si je peux faire une photo et décide que le grognement qui suit a valeur d'assentiment.
Pour rire, et quand même un peu vexée d'avoir perdu, je me dispose à lui demander s’il ne croit pas que les bookmakers mexicains sont un peu daltoniens. Il lève vers moi son œil torve. Ma remarque me parait assez peu spirituelle d'un seul coup. Je décide
de la garder pour moi. De toute façon, je ne sais pas dire « daltonien »
en espagnol.
Je traine encore un peu et, après avoir fait le tour des lieux, je me
rends à l’évidence...
Au palenque, il
n'y a pas d'infirmerie. Sauf à être très maladroit, aucun homme n'y risque sa vie.
Zanzibar
Zanzibar
* Poussières Mexicaines de Pino Cacucci
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