mardi 24 juin 2014

Espontaneo

28 avril 1956 - El Cordobés

Franchir le câble, sauter dans le callejon et déboucher sur la piste.
Echapper aux peones, rentrer dans la juridiction du toro.
Garder le contact, éviter le torero qui veut le tirer par le bras.
Sans s'énerver, extorquer quelques derechazos grossiers.
Revenir à la barrière, se faire insulter par les peones qui l'escortent.
Affronter les milliers d'yeux goguenards et la guardia civil qui s'en saisit.
Aller au poste, la muleta confisquée, payer l'amende et se retrouver au point de départ.

L'espontaneo a disparu, fin des années quatre-vingt, début quatre-vingt-dix... L'étoffe de ce héros-là ne se fait plus. Il y fallait de l'aficion et de la précarité. Depuis la crise, la précarité est bien là mais l'aficion s'est effilochée. L'espontaneo était devenu un intermède salutaire les soirs de déprime. C'était l'inattendu, le danger, l'improvisation qui débarquaient en piste, de la tauromachie aussi mais disons plus... spontanée.

L'espontaneo a disparu peut-être au profit des ces jeunes et minces picadors qui ont chassé les picadors vieux et gras. Après tout, picador, c'est mieux payé qu'espontaneo, avec des risques moindres. Ces alchimies-là nous échappent, elles ont leurs propres règles, comme le déplacement des planètes dans les galaxies. C'est compliqué.

El Ubano

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