lundi 22 décembre 2014

Quelques-unes d’entre elles

Cuadrilla de las Noyas

Las Señoritas Toreras Catalanas

Forcément, je ne peux faire l’impasse sur la première fameuse, Nicolasa Escamilla, "La Pajuelera". Elle toréait à pied et à cheval au milieu du 18ème siècle et c’est à elle que Goya a rendu hommage dans la 22ème planche de sa Tauromaquia intitulée "Valor varonil de la célebre Pajuelera en la de Zaragoza". Mais n’allez pas croire que la dame n’a eu que des admirateurs. Un certain Vargas Ponce s’est fendu d’une diatribe dont la traduction est superflue : " No hace muchos años que en Madrid se presentó en la plaza pública una mujer para torear, y que de hecho toreó. […] Este fenómeno ha sido la ignominia del devoto femíneo sexo, que tiene adherente la compasión, y la afrenta del indiscreto sexo barbado que toleró y dió licencia para que saliese al público semejante monstruosidad. [...] ¿Qué ha sido aquello, sino ridiculizar la fiesta de los toros? "

Un siècle et quelques toreras plus tard, on peut voir des affiches annonçant les "Señoritas Toreras". Dans ces cas-là, on est sûr de ne pas voir Rafael Guerra “Guerrita” partager le cartel puisque le grand homme allait jusqu’à refuser de se produire dans les ruedos où ces dames étaient passées avant lui ! Les espadas Dolores Pretel et Angela Pagés, accompagnées de leurs 6 banderilleras sont passées par Calasparra en juillet 1898 pour y affronter une novillada de Flores. Les revisteros ont écrits que “Lolita”, “Angelita”, Encarnación, Rosa, Julia, Isabel, María et Francesca avaient été ce jour-là très "discrètes". Qu’on me permette d’en douter…

Au vingtième siècle, c’est moins ce qu’on dit d’elles que ce qu’elles disent d’eux qui mérite considération.
Juanita Cruz cumule les tares : non seulement elle est une femme, mais elle a le mauvais goût d’être douée et d’obédience républicaine par surcroit. Interdite de ruedo à la demande du Ministre espagnol de l’Intérieur en 1932, elle ne sera pas aidée par ses confrères qui refusent pour la plupart d’alterner avec elle. Finalement, Juanita la Rouge est condamnée à s’exiler pour toréer en Amérique du Sud quand Franco prend le pouvoir. A l’attention des toreros de son pays natal, elle aura cette phrase explicite : "Allez, ils m'ont bien eue, ces tapettes de toreros espagnols. Il aura fallu une guerre civile pour me vaincre." Sur sa tombe et en guise d’épitaphe, au pied de la statue qui la représente en train de brinder au ciel, il est écrit : “En dépit du tort que me firent dans ma patrie les responsables de la médiocrité du toreo de 1940 à 1950,… Je brinde ce toro à l’Espagne !”

Verónica Rodriguez

Arles 2010

Evelyne Fabregas s’est expatriée en Espagne dans les années 80 pour pouvoir toréer. Elle explique pourquoi : "En France, il y a deux sortes de novilladas, les cartels économiques et les actuaciones de fils à papa. Les premières rapportent trois sous à des jeunes qui en ont besoin pour subsister, les secondes engraissent largement ceux qui n'en ont pas besoin. Si vous ne faites partie ni de l'une ni de l'autre catégorie, si vous êtes un novillero normal, qui réclame un cachet normal, vous ne toréez pas en France".

Plus près de nous, elles sont nombreuses à se jeter dans le ventre de l’arène et dans l’antre du mundillo. Personne ne dit rien de la plupart d’entre elles et leurs propos ne sont consignés nulle part. Difficile de savoir si c’est un choix délibéré ou subi, l'aficion qui s'étiole, la détermination qui fatigue, le manque de talent ou d’entregent, qui fait qu’on ne revoit presque jamais leur nom sur une affiche à peine les a-t-on découvertes. Motifs universels ou féminité trop encombrante ? Veronica Rodriguez était plein de promesses…

Le 28 décembre prochain, Hilda Tenorio, Lupita López et Karla de los Ángeles ont été convoquées par la tyrannie des médias à la Monumental Plaza de Toros México. Un "cartel femenino" pour affronter six toros de De Guadiana. Que dira-t-on d’elles le 29 décembre au matin ?

Zanzibar

1 commentaire:

  1. Juanita CRUZ fur aussi l'épouse de Rafael GARCIA qui organisa une palanquée de novilladas dans le Sud -ouest de la France et ailleurs fin des années 50 et toutes les sixties (Soustons,Vieux Boucau,Saint Sever,Aire,Roquefort,Vichy...)

    Le auboi

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