jeudi 23 avril 2015

Welcome Lindbergh


Dans le hangar d’une ancienne conserverie de poisson de San Diego, Lindbergh s’obstine pendant des heures et des heures à faire démonter puis remonter le moteur de son avion. Quand les gars en charge de la construction du Spirit of St. Louis lui demandent pourquoi il s’acharne de la sorte, celui qui n’est encore qu’un obscur rêveur rétorque : « Parce que je ne sais pas nager ».
On est en 1927 et, quelques semaines plus tard, c’est un aviateur anonyme, maniaque et taiseux qui décolle de Long Island. Trente-trois heures et trente minutes plus tard, c’est un héros qui atterrit au Bourget.

En décembre de cette même année, faisant fi des admonestations des animalistes déjà cités en bonne place dans les reseñas de l’époque, Lindbergh assiste à une corrida organisée en son honneur à la plaza de toros « El Toreo » de Mexico. 

Dépucelage taurin en grande pompe : abondante ovation pour l’aviateur dont le nom apparait sur le ruedo, cartel de choix, soleil et jolies pépés sont au rendez-vous. Las, la bonne volonté du Niño de la Palma et le capote créatif de Pepe Ortiz face aux très mexicains taureaux de La Laguna n’ont pas fait chavirer Lindy. Il faut dire que sur les questions de l’adversité, du pundonor, et des sorties a hombros, il en connait un rayon le garçon…

Pour se voir brinder un toro et offrir un capote de paseo par Pepe Ortiz, Lindbergh avait volé plus de vingt-sept heures d’une traite entre Washington et Mexico et aguanté quelques avatars… « Il descend de la côte est du Texas, avant de s’engager dans la vallée de Mexico, mais il constate qu’il n’est pas au bon endroit. Trompé par une mer de brouillard, il a dévié de sa trajectoire. Comme il se réfère à une carte rudimentaire, il ne trouve aucun repère. Il sillonne le ciel pendant des heures avec l’espoir de détecter des voies ferrées qui coïncideraient avec celles figurant sur sa carte, puis, faute de mieux, se résout à suivre des rails à une altitude suffisamment basse pour lire le nom des gares. La fatigue finit par l’égarer autant que l’absence d’indications. U instant, il croit identifier un village grâce à une pancarte signalant « Caballeros », puis il réalise que ce terme mexicain signifie « toilette pour hommes » ! Puis, au-dessus d’une ville, il réussit à lire « Hotel Toluca ». Or, Toluca apparait sur sa carte et se situe à environ 45 kilomètres à l’ouest de son but, l’aéroport Valbuena où, en cet après-midi ensoleillé, l’attendent avec une impatience délirante cent cinquante mille personnes, dont la plupart ont passé la nuit sur le terrain et ses abords. »* 

Quand on lui a demandé ce qu’il avait pensé de la course, l’aviateur a laconiquement répondu « Well, I have seen things I enjoyed more ».

Zanzibar 

* Source : Lindbergh, l’ange noir de Bernard Marck

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