mercredi 8 janvier 2014

Quand on aime...

Lorsqu’ils ont débarqué en Nouvelle Espagne, les espagnols n’avaient pas que des missels et des chapelets dans leurs bagages. Ils avaient aussi des toros et des chevaux.
Dans un premier temps, les chevaux fascinèrent beaucoup plus les indigènes que les toros mais l'introduction de ces derniers ne pouvait manquer de bouleverser l’imaginaire si fertile de ceux qui, bientôt, deviendraient les mexicains. 

Ganaderia Atenco - Bientôt 500 ans !
La première ganaderia de toros bravos du Mexique est née entre 1522 et 1527 et la première « corrida chevaleresque » organisée à Mexico date de 1529 (on peut également retenir la date de 1526, puisque Hernan Cortes aurait écrit au Roi cette même année que certains toros avaient été courus pour fêter son retour du Honduras).
A partir de là, les jeux taurino-équestres se sont développés, la charreada et le jaripeo ranchero sont devenus populaires, et la corrida espagnole s’est profondément enracinée. 

Cet ancrage est tel que tous les prétextes sont bons pour organiser des courses de toros mais il en est un qui revient sans cesse : la nécessité de rassembler des fonds (pour faire face aux dégâts provoqués par une catastrophe naturelle, pour financer l’armée, pour construire des routes, pour faire du mécénat, etc.). Et ça marche puisque les mexicains se rendent en masse aux arènes. Évidemment, je parle des périodes où les corridas sont autorisées car, quand elles sont interdites (ce qui fut le cas de décembre 1867 à décembre 1886), ils y vont plus discrètement… 

El Toreo de Cuatro Caminos - 25000 places - 1947 / 1996
Là-bas comme ici, les hommes politiques et les notables des grandes villes aiment à laisser une trace indélébile de leur passage et à marquer structurellement leur cité. Au Mans, par exemple, on a des ronds-points et des médiathèques qui fleurissent régulièrement de manière assez irrationnelle. A Mexico, ce sont les arènes qui ont autrefois eu la faveur des personnalités entrepreneuriales et politiques locales.

Bon, ok, la comparaison est un brin triviale mais quand on pense qu’il ne se construisait pas moins de 5 plazas de toros dans la ville de Mexico en 1887, ça laisse rêveur. Et quand on sait que pendant quelques temps les 5 places ont tourné en même temps, on en vient à plaindre les aficionados qui devaient choisir entre tant de ruedos (ceci dit, ils pouvaient changer d’avis au dernier moment puisque les 5 arènes étaient étonnamment situées tout près les unes des autres).

Pour la seule année de 1888 ce ne sont pas moins de 127 corridas qui ont été célébrées dans la capitale aztèque.
Plus de 10 courses par mois.
Fichtre ! 
Mais quand on aime... 

Zanzibar

1 commentaire:

  1. 5 médiathèques... et une bonne dizaine d'ouvrages relatifs à la tauromachie dans les collections. C'est pas beau ? Le rond-point du Torero, c'est pour bientôt.

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