lundi 10 février 2014

Un jour, je banderillerai comme Gaona


La fameuse "paire de Pampelune" de Rodolfo Gaona

C'est ce que Román "El Chato" Guzmán avait coutume de dire. Tout le temps. Comme une litanie incantatoire qui prenait corps à chaque fois que sonnaient les clarines annonçant le deuxième tercio lors duquel il officiait.
Alors même qu'il avait intégré les cuadrillas des plus grands maestros de l'époque (Pepe Ortiz, Alberto Balderas, El Soldado, et tant d'autres), il ne cessait de répéter : "Algun día llegaré a banderillear como lo hace Gaona". 

Avant d'être inspiré par Rodolfo Gaona, El Chato rêvait d'être boxeur. Un boxeur puissant, arrogant, et qui aspirait à devenir le meilleur, ça va de soi. Sauf qu'un jour, il a pris une telle raclée par son père que son afición au punching ball en a été bigrement refroidie. Elle a dû être carabinée la rouste car le gamin a alors suivi la voie empruntée par son frère, Hilario Guzmán : la voie des toros. Et celle-là, malgré les coups, il ne l'a jamais quittée.

El Chato Guzman essayant toujours d'imiter son idole

Près de l'endroit où les toreros en herbe s'entrainaient, il y avait une fabrique d'allumettes. A l'époque, il y avait des séries spéciales de boîtes d’allumettes qui représentaient des images de toreros en vogue. Peut-être qu'il y avait aussi des séries spéciales de boîtes avec des pin-ups. Ou les premières voitures fabriquées en série.
Toujours est-il que El Chato s'est mis à collectionner celles sur lesquelles apparaissaient Rofolfo Gaona. Il était subjugué. Il avait une idole. Et il disait déjà : "Algun día llegaré a banderillear como lo hace Gaona". 

Roman El Chato Guzmán est sorti 139 fois a hombros et s'est vu remettre certains prix initialement destinés aux matadores.
C'est lui qui, en 1947, a donné la première passe de capote et cloué la première paire de banderilles en la Monumental de México et en la Plaza "El Toreo de Cuatro Caminos".
Il fut également grand défenseur de sa profession et fondateur de la Unión Mexicana de Subalternos. Un autre jour, il sera question de cette Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros. 

Roman El Chato Guzmán était un immense banderillero dont l'étincelle torera a jailli d'une boîte d'alloufs.
Il était bankable mais, quelle que soit la plaza d'accueil, quel que soit le toro à affronter, et même s'il n'a forcément pas toujours eu l'occasion de briller, il a invariablement banderillé en se disant : "Algun día llegaré a banderillear como lo hace Gaona". 


Zanzibar 

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