vendredi 27 juin 2014

Qui était donc cette dame ?


" Une artiste de cinéma, très connue et même célèbre, choisit cet instant pour pénétrer dans le dancing. Pour être plus précis, nous dirons qu’elle était de nationalité française. Quant à l’idiome, elle baragouinait l’espagnol, mais d’une façon fort gracieuse. A peine avait-elle aperçu Luis Miguel qu’elle se précipitait vers notre table. 
- Et moi qui te cherche partout ! s’écria-t-elle en lui en lui appliquant deux baisers sonores sur les joues. Où donc es-tu passé ? Je voulais à tout prix que nous dînions ensemble. Tu bois du gros rouge ? Formidable. Offre-m’en un verre !
On lui remplit un verre qu’elle avala d’un seul trait. Nos compagnes la contemplaient avec extase. Elles avaient reconnu ce visage souvent admiré à l’écran. A défaut de cela, elles eussent été alertées par le magnifique manteau de vison que portait l’artiste.
- Viens à notre table, ajoute-t-elle, s’adressant à Luis Miguel. D’ailleurs, nous t’emmenons, car l’on est en train de préparer pour nous une fête flamenca à Villa Rosa.
- Je regrette, mais c’est impossible. Je suis engagé avec ces jeunes personnes et avec l’ami que voici. Vous ne vous connaissez pas ?
Il fit les présentations.
L’illustre artiste nous tendit la main comme on fait l’aumône aux pauvres des rues, sans daigner nous regarder et tout en continuant de parler avec Luis Miguel.
- Pas libre, tu dis toujours que tu n’es pas libre !
Rien ne t’empêche de venir, et tu sais, ce sera une fête exceptionnelle. Donne-moi encore un verre. Avec nous il y aura…
- Je le regrette vivement, mais je ne le puis. D’autre part, je tiens à me coucher tôt.
- Oh la bonne plaisanterie ! Te coucher tôt. Mais naturellement tu te coucheras tôt : à huit heures du matin. Impossible avant.
- Nous verrons cela. En tout cas, j’irai tout à l’heure à votre table.
En nous quittant, la grande artiste gratifia Luis Miguel de deux autres baisers tout ce qu’il y a de plus cinéma. Et elle but un troisième verre de rouquin.
- Merveilleux ton vin rouge, ponctua-t-elle. A Villa Rosa aussi nous en boirons.
Et elle s’en fut sans un regard pour les pauvres comparses que nous étions." 

Antonio Díaz-Cañabate

2 commentaires:

  1. http://www.blougou.com/bd/Vuillemin/BbSymphony.jpg

    Who else?

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  2. No one else i suppose.

    NB : dans la biographie de Paco Rabal écrite par Manuel Rodriguez Blanco, il est question de tous les gens du métier qui ont accepté de témoigner ou juste de dire un mot sur Juncal, pardon, Rabal.
    La seule personne qui ait refusé d’apporter sa contribution est une actrice française qui a fait répondre par son secrétariat qu’elle n’avait pas de temps à consacrer à de telles futilités. Je n’ai plus les termes exacts en terme mais c’était pas classe, mais alors pas classe du tout.
    C’est plus hasardeux mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire l’amalgame même si Blanco a eu lui aussi la délicatesse de ne jamais la nommer…

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