mardi 10 juin 2014

Vic, par où commencer ?


 

Relance al capote de Goya

 

Par la fin... Il eut été bien injuste qu'il ne sorte rien d'une féria qui alignait des cartels aussi respectables. Or un désespoir poignant se lisait sur les visages fatigués des aficionados les plus aguerris au soir du dernier soir.

Comme un pichet de bière tiède, les Adolfo dépourvus de gaz, nous plongeaient dans l’hébétude, les Pagès Mailhan nous enfonçaient dans le coma et seul un Cebada Gago nous maintenait assez de vie pour prendre la mesure de la misère moite qui dégoulinait dans nos âmes et entre les omoplates. Un soir de Toros, une féria ou quarante années d'afición ne se prolongent que par la grâce inspirée d'un Morante ou le magnifique instinct de conservation de Cantinillo. Sans ces moments d'exception, la tauromachie à pied telle que nous la connaissons ne se survivra pas. 

Le mano a mano des banderilleros du premier jour nous a porté son lot de... banderilles, très professionnelles, risquées parfois. Banderilles – plat de lentilles, ça cale avec le petit salé, mais on ne vient pas pour ça, il y faut rajouter une entrée ! un dessert ! que sais-je... des danseuses !

Les Pagés-Mailhan-vive- la- France étaient beaux et sentaient bon le sable chaud. Porteurs de nos espoirs nationaux, du coq provençal, ils étaient... mous et mon voisin coureur d'encierro, avec qui je m'engueulais presque, les trouvait plutôt... cons. La vérité se trouvant sans doute quelque part entre nous deux, je refuse de revivre une quelconque reconstitution.
Ami Vilches, merci pour tes naturelles. Valeureux Mota, gloire à ton sérieux et à ton engagement. Cher Aguilar, olé à ta combativité. Mais de Cebada Gago il n'y en eut qu'un... le dernier.

Quelques pichets de bière plus tard… On se retrouve, toujours les mêmes 6000 rêveurs, en hypoglycémie de toros quand débarque le premier Dolores blando et mansote, puis un second manso encasté, fils de plusieurs générations de patates chaudes, il sera très piqué. L'avisé troisième n'est pas tendre non plus, Lamelas s'entête à le gaver de trop de passes trop longtemps pour un tout petit résultat. Le quatrième régale d'un batacazo, il sort seul des deux puyas, et décompose sa caste au lieu de l'étaler.
"Como antes" dit la devise du nouveau CTV... et l'Esprit de Pentecôte vint à souffler avec le cinquième, très bien présenté, genre qualité supérieure, manso con casta et sin fijeza ce qui ajoutait à son charme, il sortira seul de cinq rencontres au cheval et mettra en difficulté les banderilleros vedettes. Castaño renonce à l'affrontement et choisit de rester vivant par curiosité, pas fou, il veut voir le sixième.
Il se nomme Cantinillo, il vit seul et pèse 600kg. Assez renfermé, ses voisins ont déclaré à la gendarmerie qu'il ne recevait personne, se montrait discret et affable. A la "dehesa de Frias" on ne lui connait pas d’ennemis, ils sont morts. Il est beau et il fait peur.
« On s'enfuit, on franchit les grilles ...». Pétoche aussi dans les gradins des escaliers A.B.C...Y.Z à la perspective d'un saut réussi. Le seul à ne pas perdre les papiers et les factures sera Bonijol plutôt exposé mais sa passion du cheval est grande.
Trois cartons au cheval en sortant seul ne font pas un toro piqué et on est même loin du compte, Gabin lui, le sait, et va chercher Cantinillo là où il est... au centre si nécessaire. Les néo-aficionados s'étonnent et s'insurgent, le palco tient des raisonnements... or IL FAUT PIQUER... on discutera plus tard.
Et là, chère enfant, j'en suis à regretter la présence du deuxième picador et l'application d'une manœuvre d'encerclement subtile qui permette de piquer "al alimon" comme il est prévu dans les traités de tauromachie. Mais déjà résonnent les clarines et pour Lamelas, co-responsable du prématuré changement de tercio, la mission est simple : tuer Cantinillo avec une épée et un chiffon rouge.
Cela va prendre cinq exaltantes mais interminables minutes dépourvues d'orthodoxie.
Minutes chargées d'incertitude : la mort de Cantinillo ou celle de Lamelas.
Epilogue : estoconazo et descabello.
En récompense Lamelas obtiendra une oreille d'un palco mesquin mais souverain, deux vueltas triomphales, des contrats, et notre estime à jamais.

Bon anniversaire patronne.

El Ubano

3 commentaires:

  1. Merci moussaillon, ça me va droit au coeur. Mais qu'entends-tu exactement par "affable" en parlant de Cantinillo ?

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  2. d'un commerce agréable ?

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  3. et donc qui avait déjà vu une vuelta chevaleresque?
    Feliz cumple añitos à la (quasi)gemelle.
    Le hautboa

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