mardi 14 avril 2015

Tuer n'est pas jouer


« Tant qu’il est encore possible d’entrer a matar, on ne doit pas tenter le descabello qui est le recours destiné à achever un taureau qui agonise debout, position dans laquelle l’intervention du puntillero n’est pas autorisée.

Dans l’acte de descabellar, le matador fait fonction de puntillero et rien de plus. Cette action, par conséquent, n’ajoute ni n’enlève rien à ce qu’il a fait auparavant. 

Qu’il soit réussi ou manqué, on ne doit siffler le descabello que lorsqu’il représente un truc pour ne pas entrer a matar quand on devrait le faire. 

Est-ce que le public se rend compte de la renonciation d’un matador qui, après avoir simplement donné une piqûre pour pouvoir dire qu’il est entré a matar, prend l’épée pour descabellar alors que le taureau est entier ? Il me semble que ce n’est pas à la bête qu’il va donner un coup de grâce mais à l’art et à la science tauromachique. 

Ce n’est pas une action de tauromachie, c’est une pratique d’abattoir. En agissant ainsi, le matador révèle des instincts de garçon d’abattoir. » 


Grégorio Corrochano – ¿ Que es torear ? (Madrid, 1966)

2 commentaires:

  1. Ca fait quelques jours que je profite de mes vacances pour découvrir de manière plus approfondie votre blog. Je regrette vraiment que ce type d'articles ne suscite pas de discussions.
    Il va falloir que ça change :)

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  2. Je suis bien contente que vous rebondissiez sur ce texte qui me tenait très à coeur. Malgré sa regrettable intemporalité, sans doute n'a-t-il pas été publié dans le bon timing et aurait-il eu plus d'impact au sortir de certaines ferias...
    En tout cas, je vous remercie beaucoup pour vos commentaires. N'hésitez pas à en laisser d'autres, et surtout... bonnes vacances !

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