Dans la petite cité de Eisenach on
connaissait le gusanillo héréditaire de
Johann Ambrosius, il était respecté, bénéficiait d'indemnités
de service et d'un privilège de brasseur. Le rêve. Hélas, il meurt
en 1695, en Thuringe, au cœur d'une Allemagne « centrale
encore très rurale ». Il laissait là un fils né dix
ans plus tôt, le 21 mars, qui deviendra le plus grand et le
plus inattendu des toreros, rejeton d'une longue lignée de taurinos en tout genre.
(Je ne voulais pas le faire ce
texte... on m'a obligé...)
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Bach par Bachatazo
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A l'âge de dix ans donc, le petit Juan
Sébastian est orphelin, il travaille en cachette avec acharnement de
jour et de nuit, à la lueur de la lune. Il fait ses gammes, et tire
l'épée en 1703 lors d'une altercation avec un autre torero :
Geyersbach, moins connu.
Premières capeas
à Arnstadt, Mühlhausen, puis première non piquée à Weimar
en 1708, nommé ConcertMaestro en 1714, il est apprécié par la
famille ducale.
Alternative en 1717 dans la principauté
de Cöthen. Il a trente-deux ans ce qui est l'âge normal pour
prendre l'alternative dans l'Allemagne protestante "thuringeote" de
l'époque.
(Je vous redis qu'avec trois
infos et un peu de mauvaise foi, tout se plaide en tauromachie)
Une immense main
droite, la main gauche est redoutable. Aucune vraie concurrence, la
domination est totale. Haendel né la même année à quelques
verstes s'expatrie en Angleterre... terre qui n'a guère produit de
bon toreros, excepté Henry Purcell.
Vivaldi, le "torero roux", inspiré, moins technique,
s'avère répétitif dans ses suertes inventives. Un peu plus tard
arrive l'immense Mozart, le "Muñoz viennois"...
bouleversant Mozart bien sûr mais auquel il manque la mystique.
Autre concurrent dans cette histoire-là, plus tard
encore : Beethoven, énorme torerazo, mais qui laissa
rentrer tant de toros vivants... Beethoven n'entendait pas les avis.
De 1708 à 1750, Johann Sebastian
Bach affrontera tous les élevages, tous les encastes et tous
les toros, sous toutes leurs formes : oratorios, cantates,
messe, passions, œuvres pour orgue, suites pour orchestre, pour violoncelle, clavier bien tempéré,
variations Goldberg, offrande musicale, art de la fugue... des
cathédrales empilées jusqu'au ciel au point que Cioran dira :
« S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien
Dieu ».
On ne sait pas si
le Maître était plutôt Mahou ou San Miguel mais sa fréquentation
du Café Zimmerman de Leipzig et les tertulias
qu'il y animait avec ses fils nous le rend encore plus
attachant. Il meurt le 28 juillet 1750 dans cette ville qui lui
avait causé davantage de tracasseries que de triomphes.
Algo
se devait de lui rendre hommage.
El Ubano