mercredi 5 mars 2014

Cantinflas au cinéma


"La primera obligación del hombre es ser feliz

y la segunda hacer feliz a los demás"

Mario Mereno Reyes "Cantinflas"

Il a son verbe : cantinflear (une manière de parler pour ne rien dire basée sur le non-sense et la digression qui fait aujourd’hui le fonds de commerce d’une série d'animation télévisée et d’une application pour smartphone).

Il a son pays : le Mexique.

Et il a maintenant son biopic. Ou plutôt son énième biopic. Sobrement intitulé "Cantinflas". Actuellement en post-production, il devrait sortir en 2014 sur le continent européen.
Son réalisateur, Sebastian del Amo (inconnu au bataillon), a défrayé la chronique lorsqu’il a choisi Óscar Jaenada pour interpréter le rôle de Mario Moreno Reyes.
Un espagnol dans la peau de Cantinflas : inconcevable !
Le pauvre Óscar n'a vraiment pas de bol. Il avait déjà subi les foudres de la critique lorsqu’il avait été choisi par Jaime Chávarri pour jouer José Monge Cruz dans son film biographique.
Un gadjo dans la peau de Camaron de la Isla : hérésie ! *

Il parait que le film (celui sur Cantinflas, pas celui sur Camaron) couvre la période allant des années 30 aux années 50. On n’y verra donc vraisemblablement pas la scène où, à 16 ans, le jeune Mario Moreno enfle un sergent du 27ème Bataillon de la 3ème Compagnie en prétendant qu’il a 21 ans pour pouvoir s’engager. L’armée n’ayant pas l’heur de lui convenir, il en ressort aussi sec pour devenir boxeur. Premier combat. 1er round. 1er KO. Gants raccrochés.

Ensuite, il devient Cantinflas. Il fait le clown. Il torée beaucoup. Il regarde le monde autour de lui, trouve matière à en rire, et à en faire rire. Et ça marche tant et si bien qu'entre 1930 et 1950, le petit bonhomme tournera bon nombre des quelques 55 films dont il a été le protagoniste. De 1942 à 1944, il sera également président de l'ANDA**. Rien que ça !
En France, nous le connaissons surtout pour son rôle de Passepartout dans Le Tour du Monde en 80 Jours (Golden Globes du meilleur acteur dans un film ou une comédie) au côté de Phileas-David-Fogg-Niven et pour son interprétation de D’Artagnan dans Los Tres Mosqueteros (film primé à Cannes en 1946).

Admiré par Charlie Chaplin qui le tenait pour le plus grand comique du monde, ami de Manolete qui piquera pour lui un novillo à l’occasion d’un festival de bienfaisance, et honni par Díaz-Cañabate qui n’avait que mépris pour les toreros comiques qui causèrent « un grave préjudice moral à la fiesta authentique » et qui « contribuèrent à encanailler la fiesta nationale », Cantinflas est une icône mexicaine adorée par les vieillards autant que par les mouflets.
Il est le premier à avoir rempli la Monumental de Mexico (en vérité, ça, la majeure partie des mexicains s'en fiche, ça n'intéresse que les aficionados), il a créé la Casa del Actor (en vérité, ça aussi, la majeure partie des mexicains s'en fiche, ça n’intéresse que les gens du spectacle), il a fait construire des logements sociaux et a trouvé mille manières d'aider généreusement les plus démunis (et ça, en vérité, c'est pas que tout le monde s'en fiche mais ça intéresse surtout les sans-logis et les miséreux)... En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Mexique, tout le monde a une bonne raison d'aimer Cantinflas.

Il n'a épousé qu'une seule femme dans sa vie et a fondé sa propre ganaderia de toros braves en 1959. La ganaderia Moreno Reyes Hermanos. A sa mort, en 1993 à Mexico, le deuil fut national. Il a duré 3 jours. Au Sénat des États Unis, il n'y a eu qu'une minute de silence pour lui rendre hommage. Mais Cantinflas le savait, il avait raté sa carrière américaine. La faute à son mauvais anglais.

Óscar Jaenada a reçu en 2005 un Goya pour son interprétation de Camaron dans ce biopic
** ANDA : Asociación Nacional de Actores

Zanzibar 

Vidéo d'une corrida burlesque à Mexico en 1951 (INA)

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