jeudi 18 juin 2015

La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine (Part8)

Précédemment dans « La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine »
C’est le 17 juillet 1933 que le banderillero Román "El Chato" Guzmán et le picador Saturnino Bolio « Barana » voient leur projet de plusieurs années enfin aboutir : l’Union des subalternes mexicains est officiellement créée. Ce succès qui doit beaucoup au « licenciado » Zenteno et à sa sœur Lupita leur vaut d’être bannis des ruedos aztèques et… vilipendés par une partie de leurs pairs !


Il faut reconnaître que, dans la pratique, les choses se sont pas mal améliorées à partir du moment où l’Union a été légalement constituée et reconnue. Le chemin de la légalité et des droits de chaque subalterne était désormais débroussaillé et clair pour tout le monde. Bientôt, leurs compañeros allaient se rendre compte que la lutte du Chato et de Barana n’avait pas été stérile et qu’il ne s’agissait pas de l’œuvre de fous. Mais l’homme est paré de vertus comme de vices… ces derniers faisant précipitamment surface quand l’argent s’en mêle. Certains subalternes refusent donc de faire une croix sur une coutume ancrée depuis bien trop longtemps et qu’on appelle « El Túnel ». Il s’agit ni plus ni moins de céder une partie de ses appointements au matador (ou au novillero) qui vous intègre dans sa cuadrilla du jour. Payer pour toréer, en somme. 

Bien sûr, l’Union a rapidement été informée que la « mutilation » des salaires perdurait et il n’a pas fallu longtemps à Guzmán pour partir en guerre contre cette vile pratique. Il se rendit aux arènes de Vista Alegre un lundi matin, lendemain de course, pour vérifier personnellement les faits. En le voyant, quelques uns de ses compañeros qui n’étaient pas particulièrement heureux de partager leur solde avec ceux qui les exploitaient lui dirent qu’il allait pouvoir observer en direct « El Túnel » : ils allaient toucher moins que prévu sur leur contrat de la veille. Pourtant, lorsque le Chato s’adresse à un picador qui sort du bureau où sont versées les paies en lui demandant : « Tu as touché ton solde complet ? », il s'entend répondre : « Que t’importe ce que j’ai touché ! C’est mon problème ». Le Chato lui explique énergiquement que ça lui importe beaucoup puisque l’Union a été fondée pour défendre les intérêts de chacun de ses socios, pour que plus jamais ils ne soient victimes des malversations des matadors ni de ceux qui manipulent les matadors. Il ne reçut qu’une salve de grossièretés en retour et aurait pu en venir aux mains sans l’intervention de quelques compañeros

Evidemment, la pratique du « Túnel » ne s’est pas arrêtée pour autant et le Chato y fut bientôt mêlé de près.  Liborio Ruiz était alors novillero et a proposé à Guzmán de toréer avec lui quelques jours plus tard dans cette même place de Vista Alegre. Pour ce faire, il suffit au banderillero de se mettre en contact avec un certain Eugenio Alvarado qui l’intègrerait dans la cuadrilla. El Chato informe donc Alvarado de ce que Liborio Riuz souhaite le voir dans sa cuadrilla le dimanche suivant. Alvarado n’a qu’une réponse : « OK. C’est 20% ». Guzmán indigné ne se contient pas. Cette fois-ci, il n’y a personne aux alentours pour le calmer et il propose à Alvarado d’aller en découdre d’homme à homme sur un terrain de la Colonia de los Doctores. Une fois arrivés sur les lieux, Eugenio sort une puntilla et le Chato qui n’est pas armé se contente de saisir deux gros cailloux pour se défendre. Il vise juste, réussit à déséquilibrer son adversaire et à lui faire lâcher la puntilla. Ils sont maintenant à égalité et combattent à mains nues. Román "El Chato" Guzmán sort vainqueur du duel.

 (A suivre...)

Zanzibar

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