dimanche 21 juin 2015

L'été 1846 (2)


Paquiro

"Montès lorsqu'il parut dans l'arène, couvert de son manteau de soie, passa près de nous.
C'était, car il est mort maintenant, un homme d'une taille ordinaire, un peu maigre, mais bien pris et dans une tournure élégante. On nous avait dit qu'il était fort laid, et on avait eu tort. Une fois il était tombé, et il avait eu toutes ses dents supérieures brisées par un coup de corne de taureau; cela le vieillissait un peu, mais il avait une tête énergique et fine.
Dans sa jeunesse, son agilité était extraordinaire et il se plaisait dans les essais aventureux. Il tuait souvent le taureau sans muleta, à découvert ; quelquefois il le tuait à genoux. Il bondissait dans l'arène, s'élançait parfois par-dessus la tête de l'animal. Maintenant, c'est l'homme de cinquante ans passés qui ménage plus sa vigueur et la tient en réserve pour l'instant décisif. C'est l'artiste consommé.

 Plus de ces sauts agiles pour éviter un péril ! Toujours froid, toujours tranquille, il ne fait de mouvements que ceux qu'il faut absolument faire. Il évite l'attaque du taureau en se penchant un peu ou bien en tournant sur lui-même. Il ne cherchera pas à s'en écarter d'un pied. Non ! il sait qu'un pouce lui suffit, et il s'en écarte d'un pouce. Il semble jouer avec un taureau dressé et avoir fait une répétition la veille. Il était couvert d'applaudissements."

Extrait de " Deux artistes en Espagne" de Adolphe Desbarrolles, édité par Gustave Barba dans la collection "Le Panthéon Populaire".

El Ubano

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