lundi 31 août 2015

Rue des Arènes

Fonds documentaire

des Archives Municipales du Mans

Il y en a bien eu des courses de taureaux à Roubaix alors pourquoi pas au Mans ?
J’y ai cru. Un peu. Pas trop non plus. Juste assez pour imaginer Mazzantini et sa cuadrilla paradant sur le Chemin des Arènes sous les regards incrédules, extasiés, ou jaloux, selon qu’ils étaient portés par des enfants, des dames ou des messieurs. A moins bien sûr que le matador n’ait été obligé de déguerpir en catimini après « la grande solennité tauromachique » pour avoir usé de l’épée et, partant, choqué l’âme mansote des manceaux. 

D’autres fois, j’ai pu me figurer le torero Caracho attablé au café de la Rue du Cirque. Il aurait été accompagné de Vozarron, son piquero, du temps où celui-ci n’avait pas encore pété un boulon et ne soit enfermé pour avoir piqué les gens dans la rue afin que « le public voie qu'il savait mettre les meilleures piques du monde". Ils auraient parlé d’une certaine Rosario… 

Bien sûr, elles n'auraient pas été coquettes (de toute façon, ici, rien n’est coquet sauf quelques jeunes filles et les jardins de la cathédrale) mais elles auraient été solides. Ça aurait été une placita parfaite pour quelque extravagant entrepreneur sarthois en mal d’exotisme souhaitant s’improviser empresa, et pour les modestes toreros qui se fichaient bien que le public ait jamais entendu parlé de toros pourvu qu’il n’ait jamais entendu parler de leur sulfureux passé… 

C’était l’époque où l’on risquait de voir des tas de chevaux morts dans un coin du ruedo mais peu de faenas de plus de 5 passes avant la suerte suprême. C’était à la fin du 19ème, au début du 20ème siècle. Et si « Toros » n'en a jamais parlé, c’est sans doute qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de passer par ici. C’est du moins ce que j’ai toujours voulu croire. Un peu. Pas trop non plus. Juste assez pour aller passer quelques heures dans la salle de lecture des archives municipales. 

Fond documentaire des Archives Municipales du Mans

Les arènes du Mans ont bel et bien existé. Le Chemin des Arènes aussi. C’est lui qui a donné son nom à la Rue des Arènes située à 300 mètres de chez moi. Elles ont été construites au 2ème siècle après Jésus, du temps où Le mans s’appelait Vindunum. Elles faisaient 112 mètres de diamètre et pouvaient accueillir environ 7000 personnes « placées à l’aise ». Même s’il est difficile de déterminer avec certitude la fonction de l’édifice, on suppose que des gladiateurs et des bêtes féroces y ont combattu pendant quelques temps. Mais de corridas espagnoles, c’est une certitude, il n’y eut point. C’est Saint Bertrand du Mans qui nous le confirme en 623 au travers de son testament dans lequel il évoque ses vignes qui sont situées… sur l’emplacement des arènes déjà détruites à cette époque ! 

Il faut que je me fasse une raison : il n’y a jamais eu de courses de taureaux célébrées au Mans. Si l'on y vit des toros de combat, c’était qu’ils étaient de passage pour se rendre au Havre ou à Roubaix. Et s’il y eut des toreros, ils sont passés incognito. 

Un historien dont je m’excuse d’avoir oublié le nom a écrit qu’on pouvait au mieux penser aux péplums manceaux en imaginant « ses gladiateurs aux splendides nudités adonisiennes, ses patriciens graves et recueillis et ses courtisanes aux joues fardées ».
C’est toujours ça.

Zanzibar 

3 commentaires:

  1. Peu de chance donc, que le terme MANSO, ait quelques chose à voir avec quelque histoire de tempérament peu glorieux propre à la capitale de la rillette, si j'en crois l'article ?

    RépondreSupprimer
  2. Fichtre non ! Ici nous n'avons que des taureaux... manceaux : http://algodememoria.blogspot.fr/2014/06/les-toros-manceaux.html

    RépondreSupprimer
  3. Dommage, y'avait un truc à creuser... ça aurait eu de la gueule les 24 h du Mans, toros !

    RépondreSupprimer