vendredi 4 septembre 2015

L’héritage de Gaona (1)

22 janvier 1888 - 20 mai 1975

Entre ces deux dates, toute une vie de torero… Celle de « El Indio Grande », « Califa de León », « Petronio de los ruedos », Rodolfo Gaona. 

Lorsqu’il le rencontre en 1905, Saturnino Frutos "Ojitos" (ancien banderillero de Frascuelo et fondateur de l’école taurine de León, au Mexique) est immédiatement convaincu que Rodolfo Gaona sera un immense torero. Non parce qu’il est rapidement son meilleur élève mais parce que le gamin a l’air d’un grand torero. Et de ça "Ojitos" est convaincu : pour être un grand torero, il faut en avoir l’air. Le mentor a vu juste : à partir de 1908, année de son alternative, chacun s’attache à dire que la présence de Gaona au paseo payait le billet d’entrée à la plaza.

Sa faille à Rodolfo, c’était l’épée. Mais pour le reste, on le dit aussi technique qu’esthétique (à quelques espantadas près). Je sais que la mort pare les toreros de vertus ignorées du temps de leur vivant mais celui-ci a alterné avec succès aux côtés de  Machaquito et Bombita aussi bien qu’aux côtés de Joselito et Belmonte.  Entre les deux, ses compañeros s’appelaient Rafael El Gallo, Vicente Pastor, Sánchez Mejías et Marcial Lalanda… Une telle capacité à s’affirmer et à s’adapter dans une époque aussi mouvante me semble être la preuve d’un réel grand talent et, sûrement, d’une grande toreria. 

Dans le grand dictionnaire de l’infini taurin, on gardera toujours la mémoire de Gaona, des poèmes qui le glorifient… et de sa "gaonera". La première fois que Gaona exécute cette suerte, c’est à Mexico, le 23 janvier 1910, face à un toro de Saltillo. Le maestro l’a reproduite avec le succès que l’on sait peu après à Madrid.

A l’origine, ce qui deviendra la gaonera est un quite de Cayetano Sanz que "Ojitos"  a appris à Gaona qui lui a donné le cachet que nous connaissons. Le quite originel était composé de 4 suertes différentes que Gaona a enchainées « faisant passer le toro à plusieurs reprises devant son corps à découvert, ce qui ne s’était jamais vu. D’autres fois, très souvent, il enchainait les passes de Pepe Hillo "de face par-derrière", une de ses suertes préférées depuis toujours.  Chose qui, bien qu’il s’agisse de deux suertes différentes, avec des temps différents, fit croire à beaucoup que c’était la même ; peut-être parce qu’on tient dans les deux cas la cape dans le dos, parce que les deux étaient peu connues quand Gaona les remit au répertoire ; une confusion qui existe encore s’est créée. » (Robert Ryan)

Zanzibar


Paquiro exécutant la suerte trompeusement nommée "de frente por detrás"

Lake Price


Esbelto, de goma elástica,
con otra luz y otra plástica,
vino el torero de México
con su sabor de onomástica
y su novedad de léxico.


Suerte de frente por detras de Cayetano Sanz 

Dessin de Daniel Perea – La Lidia

Una india matriz concibe
más allá del mar Caribe
un chamaco –¿un héroe, un golfo?–
y le cristiana y le inscribe
con el nombre de Rodolfo.

El  nuevo Martín Lutero
ya se estira y se apersona
y se estiliza, altanero
¡Qué elegancia de torero
La de Rodolfo Gaona!

Pues su quiebro de rodillas 
y su larga y su verónica 
su tercio de banderillas 
merecen no estas quintillas
Otro Bernal y otra Crónica 

De pecho con la derecha
va a ser el pase que estrecha 
Menfis, Aldamas y Bali
hieratismo con sospecha 
de pirámide o teocali

Lámina pura de oro
flexible, sonora, huera 
riza y desriza ante el toro
el azteca meteoro 
de la sagrada gaonera…

Gerardo Diego  


Gaoneras de Gaona a Luis Miguel - Source : La Fiesta Prohibida

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