samedi 9 mai 2015

¡ Vive le roi !

6 toros de El Cortijillo (1 et 6) et 4 des Lozano Bros pour Joselito Adame, Pepe Moral et Juan del Alamo. 

 

"C'est vraiment un spectacle curieux, madame, que Madrid se rendant à une course de taureaux. On dirait un fleuve débordé roulant sur une pente. Ces âmes que vit Dante, après avoir franchi le seuil désespéré de l'enfer, et que le vent poussait devant lui comme un tourbillon de feuilles, ne franchissaient pas l'espace avec plus de vitesse et d'acharnement que cette foule partagée entre tant de spectacles, et qui était en retard comme nous pour son spectacle favori. Toute cette rue d'Alcala, large comme notre avenue des Champs-Elysées, et terminée par une porte presque aussi gigantesque que notre arc de triomphe de l'Etoile, ressemblait à un champ d'hommes et de femmes aussi pressés que le blé dans une plaine et courbés tous du même côté par le vent fiévreux de la curiosité."

C'est Dumas qui écrivait ça il y a bien longtemps, quand il était sur la route de Paris à Cadix, et ce spectacle étonnant est toujours d'actualité.

Etonnant également que de voir ces mêmes gens, tous tendidos confondus, se lever comme un seul homme,  un sourire d'abord incrédule puis infiniment reconnaissant sur les lèvres, pour faire la plus belle ovation de l'après-midi à leur roi. Un roi tout neuf, qui est venu soutenir la fiesta brava (bien que n'étant pas lui-même aficionado a los toros), n'hésitant pas à casser le protocole en s'installant en barrera un jour d'ouverture de San Isidro ¡Vive le roi!

Pauvre Felipe VI qui s'est vu brinder 3 exemplaires échappant totalement à leur condition de toro brave : abantos, mansos, décastés, derrotant furieusement, à la charge réduite ou franchement trouble. Ceci dit, les 3 autres exemplaires présentaient exactement les memes caractérisques. A ce titre, on peut parler de lot homogène...
Côté présentation, le défaut général de trapio était tel que les indispensables obscurantistes du 7 ont fini par réclamer haut et fort des Toros! Toros! Toros!
Quant au premier tiers : zéro passe de capote, 4 tentatives de mise en suerte, 23 contacts pris un peu partout dans le ruedo, 1 piquero désarçonné, et 4 quites absurdes. Je n'y reviendrai pas.

Pour faire face à ce lot infâme, les 3 gaillards du jour ont fait ce qu'ils ont pu... et en ont à divers titres été bien mal récompensés.

Joselito Adame est très courageux face à l'épouvantable premier, cinqueño, dont il ne ne réussit finalement à sortir qu'une seule série droitière à peu près homologable. Silence pour l'homme (1 avis) et légers sifflets au toro. La vaillance du mexicain aurait mérité une ovation mais... que le public est dur au premier toro ! Adame a baissé les bras face au mobile et querencioso quatrième. Silence pour l'homme et sifflets au toro.

Pepe Moral a l'avantage de tomber sur un premier adversaire qui lui permet d'allonger un peu le bras. Compte tenu du danger permanent, on ne peut pas trop lui en vouloir de tenir la muleta du bout du palo et lui aussi aurait mérité d'être applaudi. Silence (1 avis) et sifflets au toro. Au cinquième, le monton de demi-passes en rond présente d'autant moins d'intérêt que le toro ne transmet absolument rien. Du coup, on se désennuie en papotant...  Silence (1 avis).

Juan del Alamo profite de la charge du troisième pour finir par nous servir quelques avatars du toreo moderne et couper une oreille qui parait excessive à l'aune des deux silences précédents (je lui tiens en outre rigueur de ne pas avoir fait saluer Domingo Siro qui nous a gratifié du seul vrai moment de lidia de la tarde lors de la pose de la troisième paire de banderilles). Le sixième a bien failli lui mettre les couilles en bouillie mais le valeureux reste en piste pour le tuer avant de partir à l'infirmerie. Silence (1 avis)

Mialane avait raison : "Il n'y a jamais de fumistes au paseo". 

Zanzibar 

NB : corrida vue avec mes vrais yeux et pas avec ceux du cameraman de Canal + Toros

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