En 1920, Manuel de Falla himself écrivait : « Dès
maintenant je veux dire très haut que si Claude Debussy s'est servi de
l'Espagne comme base de l'une des plus belles parties de son œuvre, il a si
largement payé sa dette que c'est l'Espagne, maintenant, qui reste sa
débitrice. »
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1864 - Le Charivari - Cham - |
Mais Debussy n’est pas le seul grand artiste à s’être
inventé une authentique Espagne par la seule évocation des livres, des images,
des chants et des histoires racontées par les voyageurs et les exilés…
Lorsque Manet a peint Épisode d’une
course de taureaux, lui non plus n’avait encore jamais passé les Pyrénées.
Il est vrai toutefois que l’œuvre initiale n’a pas eu immédiatement le succès escompté. Exposé au Salon
de Paris de 1864, le tableau représente au premier plan un homme gisant au sol
et, au second plan, en une invraisemblable perspective, un toro ridiculement petit, trois toreros et le
public. L’homme à terre est vêtu d’un
costume noir (n’oublions pas que Manet n’ira en Espagne et ne verra son premier
costume de lumières qu’en 1865) mais il est à n’en pas douter torero : il
tient un capote de la main gauche. La fadeur des teintes utilisées et l'irrespect des proportions mis en lumière par le toro miniature vaut au grand peintre la risée des
critiques et de féroces caricatures (alors qu'il n'était rien moins que très en avance sur son temps). Edmond About a
parlé d’un «
toréador de bois tué par un rat cornu» et les caricaturistes s’en sont donné à
cœur joie.
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1864 - Le Journal Amusant – Bertall -Les « Joujoux espagnols accommodésà la sauce noire de Ribera parDon Manet y Courbetos y Zurbaran de las Batignolas » |
Baudelaire, ami fidèle s’il en est, défendra énergiquement
le peintre et n’hésitera pas à répondre à ce Monsieur Thoré :
« Monsieur Manet que l’on croit fou et enragé
est simplement un homme très loyal, très simple, faisant tout ce qu’il peut pour
être raisonnable, mais malheureusement marqué de romantisme depuis sa
naissance. Le mot « pastiche » n’est pas juste. Monsieur Manet n’a
jamais vu de Goya, Monsieur Manet n’a jamais vu de Gréco. Monsieur Manet n’a
jamais vu la Galerie Pourtalès. Cela vous paraitra incroyable mais cela est
vrai ».
Manet tiendra une resplendissante « vengeance » sur ses détracteurs en découpant en deux cet Épisode d’une course de taureau et en retravaillant les deux fragments de la toile originelle de manière indépendante.
Manet tiendra une resplendissante « vengeance » sur ses détracteurs en découpant en deux cet Épisode d’une course de taureau et en retravaillant les deux fragments de la toile originelle de manière indépendante.
La partie supérieure du tableau
est désormais exposée à la Frick Collection (New York) sous le nom de « La
Corrida ».
Le fragment du bas avec le torero à terre est aujourd’hui connu
sous le titre « Le Torero Mort ». Il est exposé à la National Gallery
of Art de Washington.
Zanzibar
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