On prend plaisir à aller au grenier, à ouvrir les malles, et à farfouiller dans les bons vieux gros pull-overs faits main. On finit par en exhumer un, pas si ancien que ça, mais qu'on ressort avec plaisir chaque année aux premiers frimas. Un douillet. Un avec un col roulé. Un de ceux grâce auxquels on apprend à mieux ouvrir les yeux au printemps suivant. Un dont on ne savait pas forcément, à l'époque où il nous a été offert, par qui il avait été tricoté.
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C’est comme une arène. Est-ce une raison
suffisante pour céder aux sirènes de la facilité ?
Faut-il plaire à tout prix ? Et
privilégier à ce point la com‘ ?...
Quel Avenir ? Quel Héritage ?
La chicuelina fût inventée par Chicuelo (1920-1967) de Séville, s’il vous plait. Orphelin, il fut recueilli et instruit de la chose taurine par son banderillero d’oncle qui s’appelait Zocato, ce qui ne le rajeunit pas.
J’aime la chicuelina. C’est beau, c’est frais… C’est féminin, ça amincit.
Imaginez un peu : le Toro vient sur vous, il charge de loin,
vous vous tenez bien droit, de face, votre cape ouverte et empoignée aux
extrémités supérieures devant vous. Jusque-là, c’est bien.
Puis, vous indiquez d’un mouvement du tissu la direction que
doit prendre la bête (droite ou gauche),
ramenez vers vous l’étoffe et faites passer l’animal tout près, sous votre coude, seulement guidé
par la moitié du leurre (faites gaffe quand même).
L’autre moitié, celle qui
n’a pas servi, vous enveloppe élégamment
et le Toro se retrouve pantois, ayant
enfourné une cible qui, se dérobant, le laisse face au vide et l’arrête
aussitôt (pensez à vous retourner).
Vous
pouvez réaliser la chose mains hautes - c’est pas mal - ou
mains basses : c’est mieux et très efficace puisque l’animal est presque
toujours stoppé.
On appelle recorte toute passe ayant pour objectif de freiner sèchement un toro et la chicuelina est un
recorte. Telle est sa fonction première.
Deux
exemples pour illustrer le propos : la demi-véronique est un recorte qui vient terminer une
série de véroniques. La trinchera conclut une série de muletazos.
L’espace d’un instant, enveloppé dans la
cape, elle vous transforme en geisha de soie rose et c’est
une belle manière de laisser le Toro immobile, en situation d’attaquer
le cheval qui attend la rencontre.
Mais que penser de la série de chicuelinas ? Trois, voire quatre chicuelinas ?
Et donc autant de recortes adressés à un animal vif et droit ?
Mais que penser de la série de chicuelinas ? Trois, voire quatre chicuelinas ?
Et donc autant de recortes adressés à un animal vif et droit ?
Quelle utilité y a-t-il à sanctionner
un tel animal ?
Avons-nous jamais vu une série de demi-véroniques ou une série
de trincheras ?
Cela
n’a pas de sens, excepté celui
de briller.
Les chicuelinas répétées se transforment alors en passes de châtiment
d’autant moins justifiées que vous ne
les verrez jamais appliquées au Toro dangereux
qui mériterait d’être traité de la sorte pour le bon déroulement du combat.
La série de chicuelinas est contre-productive car elle demeure une
série de passes sèches inadaptée au bon toro
; hypothéquant la qualité et la quantité de sa charge par la suite.
Une chicuelina, OK. Au-delà, c’est idiot. Pensez-y avant de les faire.
El Ubano
(texte paru dans le petit Journal du Plumaçon en juillet 2010, et toujours d'actualité)
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