Luis Mazzantini est né 6 ans après la Loi Grammont, ce dont
il s’est éperdument fichu jusqu’à ses 24 ou 25 ans puisqu’il n’a jamais
envisagé de se faire torero avant cet âge avancé.
Les débuts sont durs, très durs pour cet homme qui n’entend
rien aux toros mais qui se retrouve avec charge d’âmes et a grand besoin
d’argent après la mort prématurée de son père. A cette époque où il convenait
d’être banderillero avant de se voir
conférer l’alternative, Mazzantini décide de s’affranchir de ce passage obligé
et, par la seule force de sa volonté, finit par devenir le plus grand tueur de
son époque, maître absolu du volapié.
Bientôt, Don Luis est tellement populaire qu’il est appelé à
toréer partout, y compris là où c’est interdit. C’est ainsi qu’il débarque à
Cauterets en juillet 1881*. Certains pourront s’étonner de cette date puisque
le 17 juillet de cette même année il n’y avait pas l’ombre d’un tendido dans la ville thermale. Mais
cent six ans avant l’avènement de l’ISO 9001, le Conseil Municipal a fait
construire une plaza d’une capacité
de 3000 places, réunissant « toutes
les conditions de solidité et de sécurité » en moins de 15 jours
!
La cuadrilla
espagnole du cartel inaugural est
composée de Luis Mazzantini, premier espada,
Gonzalez de Canina, Romualdo Puerto et Ramon Marquez. Ces messieurs sont
accompagnés d’une compagnie d’écarteurs à la tête de laquelle on trouve Paul
Daverat accompagné de Candau, Pinon, Boniface et quelques autres. Quant aux
vaches et aux toros, ils viennent « des
meilleures ganaderias ».
La Gazette de Cauteretsdu dimanche 24 juillet 1881 |
Le
compte-rendu de la corrida suivante est signé par Alfred de Rieux. Il y est
toujours question des costumes resplendissants mais aussi des péripéties
dramatiques de la course : avec la complicité des autorités, Mazzantini a
mis un coup de canif dans la loi Grammont et un coup d’épée dans la toro. La tarde fut un succès.
La troisième
et dernière corrida du cycle sera organisée au bénéfice de la cuadrilla espagnole et de Paul Daverat.
On peut supposer que Mazzantini n’aura pas résisté à estoquer son adversaire.
L’enthousiasme
provoqué par cette nouvelle « attraction » est retombé comme un
soufflé. En 1890, dans un sursaut de velléité taurine et alors que les arènes
de bois érigées comme par enchantement neuf ans plus tôt sont détruites, un
nouveau Comité des Fêtes songe à reconvertir la piste du law-tennis en ruedo. Le projet ne verra jamais le
jour.
En 1895,
Mazzantini est repassé par la station thermale et Le Réveil de Cauterets - journal mondain, artistique, littéraire et
d’intérêt local - envisage à cette occasion l’organisation de nouvelles
courses mais en tenant compte cette fois-ci des « interdictions très raisonnables des corridas espagnoles avec mort ». La garbure avait beau être copieuse et goûteuse, Mazzantini a naturellement passé son chemin sans s’attarder.
Zanzibar
NB : l’Abbé
Pragnère raconte dans son livre de souvenirs de chasse « A la poursuite des
izards » :
« J’étais
tout enfant quand, d’un convoi de taureaux de course venant d’Espagne aux
arènes de Cauterets où de belles corridas étaient données vers 1880, un redoutable
encorné s’échappa pendant le débarquement en gare de Pierrefitte ; il gagna la
plaine, puis après avoir traversé le gave à la nage, la montagne d’Artalens. »
L’histoire
ne dit pas ce qu’est devenu ce toro...
* Merci à Marie-Paule Mengelle de m’avoir fourni les
coupures du Journal de Cauterets qui m’ont permis de bâtir cet article.
Pourquoi il y en a qui ont pleins de bonnes reponses et qui n'ont pas de trophees?
RépondreSupprimerCher anonyme,
RépondreSupprimerJe suppose que vous faites référence aux réponses du jeu des captures publiées ci-dessus.
Les 3 premiers répondants n'ont effectivement pas reçu de trophées "classiques" mais, je les connais, ils sont bien au-dessus de tout ça et auraient même pu être vexés d'avoir affaire à un palco laxiste !
Leurs prix honorifiques respectifs n'en ont que plus de poids.