Longtemps l’Union des subalternes mexicains n’a existé que dans la tête
de deux rêveurs trop longtemps bafoués par leurs maîtres : le
banderillero Román "El Chato" Guzmán et le picador Saturnino Bolio «
Barana ». Depuis le 17 juillet 1933, le syndicat a enfin une existence légale
et le sort des cuadrillas commence à s’améliorer. Mais tant qu’il faudra payer
pour toréer, la lutte ne sera pas terminée…
La pratique du « túnel » perdurait
avec le consentement souvent tacite et parfois explicite des subalternes. La Unión
ne pouvait accepter que les banderilleros et picadors reversent une partie de
leur traitement aux matadors ou aux novilleros (quand ce n’était pas aux apoderados ou autres taurinos qui remuaient les ficelles) pour
avoir eu le « privilège » de travailler avec eux. C’eut été nier le
sens des longues années la lutte du Chato
et de Barana.
Las, rien n’y faisait alors, la Unión
n’eut d’autre choix que d’utiliser des méthodes répressives. Felipe Mota fut le
premier à être sanctionné pour avoir accepté d’aller toréer à Puebla en échange
d’un certain pourcentage de son salaire. Même punition pour Eutiquio Ténes qui
avait payé pour aller toréer à Zitacuaro. Et d’autres ont suivi... jusqu’à ce
que le « túnel » soit enfin éradiqué.
Ainsi, après avoir connus maintes
souffrances et amertumes, enduré tant de revers, les fondateurs de la Unión
Mexicana de Picadores y Banderilleros venaient de gagner une de leurs plus
rudes batailles : une bataille qu’il aura fallu mener contre son propre
camp. Longtemps le Chato se souviendra des paroles prémonitoires de l’empresario
Eduardo Margeli : « Ecoute bien ce que je vais te dire. Au cas où tu
réussirais à faire définitivement aboutir ton projet d’Union des Subalternes,
n’oublie jamais ce que tu vas sacrifier… tes compañeros ne te le pardonneront jamais ».
Les anecdotes rapportées dans ces
quelques lignes sont loin d’être exhaustives. Román "El Chato" Guzmán
laisse entendre dans sa lettre au Doctor Gaona qu’il a préféré passer sous
silence les évènements les plus tristes et les plus douloureux. Cette longue missive
rédigée dans le cadre d’un hommage qui devait être rendu à la Unión se termine
par les mots suivants :
« La lucha fue muy dura y los sufrimientos morales y materiales
que padecimos Barana y yo, no son nada en comparación con la enorme satisfacción
que ahora tengo y que tendría Saturnino de vivir, al ver que cuando cae un
banderillero o un picador heridos, tiene hoy día doctores capaces y
especializados para curarlos. Tienen un sanatorio donde pueden pasar todo el
tiempo que amerita su hospitalización.
Si tienen necesidad de dinero, existe una caja donde conseguirlo ;
y si se retiran de toreros, tienen un seguro o póliza con suma modesta pero
buena que la Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros les entrega cuando se
van como lo que fueron : toreros subalternos respetados por matadores,
empresarios y periodistas. Se acabó el tiempo aquel de las humillaciones, de
los malos tratos.
Gracias a Dios una y mil veces porque nos iluminó tanto a Saturnino
Bolio « Barana », como a este tu amigo, para lograr lo que tanto anhelamos y al
fin vimos hecho realidad.
Tu amigo que te aprecia,
Román M. Guzmán "Chato Guzmán"
Zanzibar
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