Monumental Plaza de toros México.
31 mètres au-dessus du ruedo. Déclivité de
76°.
Les delanteras des générales sont conçues
pour des fakirs. Je monte un peu.
35 mètres au-dessus du ruedo.
Curieusement, on a moins le vertige ici que dans
les tendidos.
Il est 15h30 et déjà les peñas s'interpellent,
Lucio vend sa première bière, et les longs courriers commencent à nous frôler. Dans les gradins, si j’en crois la quantité de
nourriture qui transite, les 35000 présents doivent s’attendre à être assiégés et à
ne pas pouvoir sortir du chaudron avant une bonne semaine. En se restreignant un peu, on devrait pouvoir tenir 10 jours.
Une heure plus tard, quatre microscopiques bonhommes
prennent la tête du paseo. Ce sont Emiliano Gamero, El Juli, Joselito Adame et El Payo. Les 3 derniers, sauf à l'ordre d'ancienneté, on ne
peut pas les reconnaitre. Le premier triche : il est monté sur un cheval.
Les toros (je suis en mesure d’affirmer qu’ils
avaient 4 pattes chacun, mais je ne peux toutefois pas m’avancer en ce qui
concerne la présence de cornes) sont de Fernando de la Mora (Santa Coloma).
El Juli ferait charger un tabouret, alors il fait
charger son premier opposant dont il se tient certes un peu plus près que moi,
mais pas tant que ça. A son second, il parait hébété, perdu, absolument sans
envie. Epées scandaleuses à chaque fois. Mauvais lot. Mauvaise journée. Salut
au tiers et silence.
Pour Joselito Adame, ce qui s’est passé est bien
plus fâcheux. Avec ses deux adversaires très nobles, le torero est tombé de Charybde en
Scylla finissant par faire passer son second à droite en le tenant par une banderille.
Deux faenas vides de toute toreria et
maculées d’une vulgarité crasse qui, 4 oreilles et deux arrastres lents plus tard, deviennent
d’anthologie.
A Madrid, j’ai hâtivement pensé que Adame en avait
plus dans la taleguilla que sous la montera mais, si le jeune homme a malgré tout deux
sous de bon sens, il devrait rapidement arrêter de se jouer la vie avec vaillance pour aller cueillir les fruits du succès accrochés aux branches d'en bas, ceux qui assurent les sorties a hombros en forme d'éloge à la défaite de l'homme face à la bête.
El Payo a été injustement privé de la deuxième
oreille de son premier adversaire (merci de ne jamais sortir cette phrase de
son contexte) dans la mesure où il a sorti les plus belles séries au toro le plus complet de l’après-midi. Le
dernier bicho ne valait rien. En revanche, le blondinet s’est entendu comme cul et chemise avec le toro de regalo (lui montrant plus souvent
le premier que la deuxième). Et le palco
de sortir deux nouvelles oreilles en se levant (ce qui est signe d'arrastre lent).
Ici, on n’a pas l’hypocrisie de dire que le salut
de la tauromachie réside dans l’aficion
française. Que les toros soient piqués, que les toreros se mettent de face, que le palco soit clairvoyant, tout ça importe
peu. Ou plutôt si, ça importe. Car quand ça arrive, ça gronde. Et quand la plaza quasiment pleine se met à gronder...
La plupart des aficionados mexicains
que j’ai rencontrés n'ont ni l’envie, ni le besoin d’avoir
peur. Dans l’ensemble, ils ne sont pas aficionados
a los toros. Ils sont aficionados
à ce groupe d’appartenance un peu subversif (qui ne le restera que
tant que l’épée sera admise dans le ruedo),
bien habillé, très attachant, et toujours convivial, qui n'est pas sensible à l'orthodoxie de la lidia mais à la générosité du moment partagé et à la présence de la mort potentielle.
L’entrée m’avait coûté 80 pesos. Moins de 12
pesos par oreille.
Bonne tarde pour Lucio.
Zanzibar
Zanzibar
Un peso vaut combien d'euros ?
RépondreSupprimerCa fait l'oreille à 70 centimes.
RépondreSupprimerLe salut du mayoral, on l'a eu à l'oeil !