Juste avant, il y avait eu 5 toros qui faisaient
regretter d’avoir arrêté de fumer. A cet instant précis, on savait déjà qu’on
se souviendrait longtemps de cette course. Mais quand le sixième est sorti, là, on a compris qu’on sortirait de la
plaza un peu plus vieux qu'on y était entré.
Cantinillo a surgi. Désordre dans le callejon. Les photographes sont
rentrés aux abris. C'est un signe. Un peu comme quand la mer se retire
avant le tsunami. Port de tête altier, présence impressionnante.
Désordre en piste. Il faut passer le trait, aller le piquer le toro là où il est.
Désordre dans le public. Batacazo. Désordre partout. Solitude de
Bonijol. Magnifique
manso con casta, toro sauvage et de combat.
Je ne sais pas à quoi pense Alberto Lamelas quand il va
chercher la muleta. A quel moment sait-il qu'il ne va pas esquiver,
qu’il va opter pour le chemin des cicatrices ? A-t-il simplement sombré
dans la folie ou bien dans la sidération ?
Après la première tanda, l'homme est toujours en
vie mais ça n'est pas définitif. Trois rustiques séries plus tard, Lamelas ne
nous a pas montré la gauche mais il nous a montré quelque chose de bien
plus rare : il nous a montré que le sens de l'honneur
n'était pas une fantaisie héritée des vieux livres.
Estoconazo.
Moi qui étais allée à la course peinarde, avec mon bic et mon
couteau, prête à m'offrir comme souvent le luxe, depuis les tendidos, de
dédaigner les toreros malhabiles, et bien je vous jure que là, face à tant de courage, j'ai
eu honte.
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