Il n'y
a pas de Peña Miguel Canelo. Il est le grand oublié des apéros-tapas et
des tertulias, Miguel.
Lui et
ses copains du boulot avaient un goût prononcé pour l'esquive et la feinte aux
abattoirs de San Bernardo.
Au
début c'était pour s'amuser. Et puis on se prend au jeu..."quite"
à recevoir une secouée on essaie de faire un peu plus que le collègue, on
s'enflamme, pour peu qu'une cigarière passe par là...
Pour ne
rien arranger, la cigarière a rameuté deux copines et une jeune veuve pleine de
promesses, et tout ce petit monde a grimpé sur le toit de tuiles. Au début, ils
étaient dix mais maintenant, ils sont cent cinquante et d'ailleurs ça tousse au
conseil municipal qui a dû prévoir comme chaque année une rallonge au budget
pour remplacer les tuiles « pétées » par les admirateurs de Canelo et
autres furieux de son espèce. Canelo nie.
Il n'y
a pas de distraction populaire possible dans ce faubourg de Séville, à part le
flamenco et les règlements de compte. Les Francisco Brunete, Jose Huebo, ou les
frères Conde font un tabac, surtout auprès des cigarières, au point de
démissionner et de ne plus se consacrer qu'à leur lucrative passion.
Les spectateurs rappliquant des quartiers chics, l'affaire a pris un tour inattendu, ainsi notre Miguel Canelo entre dans l'histoire en recevant la première rémunération connue de torero : 2100 réaux pour l'année en 1733, d’après les archives municipales.
Déjà en
1601, l'article 18 du règlement de l'abattoir prévoyait « Que l'on
exerce garde et vigilance du toril », on essayait alors en vain de sauver quelques tuiles, les premières cassées avaient été signalées en 1546.
El Ubano
Merci
à Antonio Garcia Barquero et Bartolomé Bennassar, historiens.
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