Falla dans les rues de Valencia en 2009 |
Quand on est nunuche, on n’a pas peur de passer pour une
imbécile. Tel Ulysse, on s’accroche au mât et on résiste au chant des
Dorores Aguirre. Non, on n’ira pas à Saint Martin de Crau cette année. La politique de
la chaise vide, c’est pas très constructif mais c’est encore le seul moyen qu’on
a trouvé de manifester son indignation pour les couleuvres mal digérées des deux dernières années.
Quand on est nunuche, on a l'idée fumeuse d'aller à
Valencia. On passe l’hiver à faire sa pelote, on ne va pas chez le coiffeur, on n’achète pas de
maquillage, et bien sûr, on ne fait pas les soldes. Difficile d’être nunuche et coquette
à la fois, croyez-en ma grande expérience. Bref. Quand on est nunuche, on économise sou à
sou, avec le sourire, pour avoir le plaisir de louer à un hôtelier probablement
acariâtre une chambre ruineuse qui ne dispose pas pour autant d’une fenêtre.
On a beau être nunuche, on prépare quand même un plan
B (le Carnaval del Toro de Ciudad Rodrigo) et un plan C (Berlin). Au cas où. Mais
comme c’est pas parce qu’on est nunuche qu’on est forcément chanceuse, on est obligée
de poser ses congés avant la sortie des carteles. Alors, on réfléchit. Am,
stram, gram, pic et pic et colégram, bour et bour et ratatam, am, stram, gram. On
pose 4 jours sur la fin des Fallas et on prend son billet d’avion dans la
foulée. Et dix jours plus tard, on éclate en sanglots.
C'est la tuile, mais on tente de faire bonne figure face à cette infortune. On ira visiter les
musées. Et puis il y aura les mascletàs, les menus del dia, et la mer. Et
puis, on n’est vraiment pas tenue d’acheter une entrada pour la course tous les jours, hein. Non, c’est vrai, c'est pas obligatoire...
Mais c'est sans compter qu'on ne sait pas être nunuche à moitié. Pire, on va jusqu’à se
dire qu’après tant de déveine, on aura peut-être la chance de voir un ou deux
grands toros, que Morante pourra incidemment
se montrer lidiador, et que Ponce, en sa basilique, ira
mater quelque réticent en querencia. Pour le Juli, Manzanares et Perera,
on n’a pas encore trouvé de raisons de se réjouir… Mais faut être charitable : quand on est nunuche, on manque
parfois d’imagination.
Réflexion faite, on aurait quand même été bien inspirée de retarder
la première virée taurine de quelques semaines et de se rendre à Séville plutôt qu’à Valencia. La place étant vacante, on aurait
pu y voir des toros présentés correctement
(j'ai failli dire "comme au campo" mais vaut mieux pas)
dont quelques-uns auraient pu montrer l’étendue de leur bravoure grâce à tout
un tas de toreros certes modestes et
imparfaits mais sérieux, ambitieux, honnêtes et heureux de toréer, tirant la
bourre à quelques anciens trainant casseroles et fulgurances.
Mais qu'on
est con ! Pardon. Nunuche... C'est pas parce que les 5 nababs lui font la grâce de la bouder que
Séville va profiter de cette aubaine pour annoncer Sergio Aguilar, Antonio Nazare,
Ivan Garcia, Alberto Aguilar, Joselito Adame, Eduardo Gallo, Sergio Flores, Oliva Soto, Luis Vilches, El Payo,
Fandiño, Joselillo, et cinq ou six autres qu’on ne connait pas encore au côté du Cid, de Diego
Urdiales, de Juan Mora, de Fernando Robleño, de Antonio Ferrera, de Manolo Sanchez, de Luis Francisco Esplá, du Fundi ou du Pana. Ah non, c'est vrai, les derniers pour sûr ne viendront pas.
Zanzibar
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