A dix heures samedi dernier, à 75 kilomètres de Madrid, un homme entre deux âges est venu scotcher un papier sur la porte des arènes. Hommage serait rendu à Hubert Yonnet juste après l'apartado des Escolar Gil, voilà ce que disait le mot.
Je ne crois pas que grand-monde ait vu cette
affichette pourtant l'information était passée, à voix basse, comme s'il
s'agissait d'un précieux secret et finalement, nous nous vîmes cinquante en
arrivant au tendido 3...
Cinquante c'est pas beaucoup, mais c'est très
important.
Parmi tous ces gens, il y avait des vieux, des
enfants, quelques français, un prêtre, et le Fundi évoquant le grand ganadero autant que l’empresa qui lui a fait signer son
premier contrat de matador en France.
A midi samedi dernier, Cenicientos a rendu un hommage
simple, discret, et très touchant à Monsieur Hubert Yonnet.
Zanzibar
Cet hommage de Cenicientos à Hubert Yonnet est
significatif de la relation qu’entretenait le pelo de la Bélugue avec l’aficion.
Quelle relation a pu motiver cet hommage dans ce coin
perdu de la communauté madrilène alors
que l’éleveur ne s’y est affiché qu’une fois ?
Il faut pour
cela remonter 10-15 ans en arrière. L’arène était encore portative. Des
français, renseignés par des copains de l’association "El Toro de Madrid",
débarquent à Cenicientos dans cette "capitale" de la Vallée de la Terreur. D’autres suivront, les remplaceront et petit à petit des relations
vont se nouer avec les aficionados de Cenicientos. Imaginez, des français qui se
déplacent dans ce coin perdu de l’Espagne profonde pour voir leurs corridas
annuelles ! Una locura !
Ces mêmes français qui chaque année passaient les
Pyrénées pour se rendre dans ce village de la Sierra Madrilène se rendaient
aussi à la Bélugue. Leurs visites en Camargue n’avaient pas seulement pour but
de voir les vaches, admirer le campo ou photographier les toros de l’année. La
relation avec Hubert et Françoise était réelle et réciproque.
La quadrature s’est ainsi formée liant les
aficionados de Madrid aux aficionados de France qui se sont liés aux
aficionados de Cenicientos pour enfin connaître les Yonnet.
Voilà la magie de l’aficion dont les Yonnet ont
profité sans jamais rien solliciter, simplement en donnant de leur temps, de
leurs gentillesses et en parlant la « langue du toro ».
A un degré moindre, la venue des Yonnet cette année
à Parentis va un peu dans le même sens même si le fer du Y en France est une
petite institution.
"Los de Cenitientos", comme Hubert et
Françoise se plaisaient à nommer les français présents ce jour-là en Espagne,
sont toujours là et continueront à se retrouver, peut-être à la Bélugue… ou
ailleurs.
Laurent Giner
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