Précédemment dans « La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine »
Román "El Chato" Guzmán et Saturnino Bolio "Barana", respectivement banderillero et picador de renom, ne supportent plus les humiliations et les mauvais traitements que les matadors et novilleros réservent à leurs subalternes. A partir de 1927, ils n’ont qu’une idée en tête : fonder un syndicat qui défendrait les intérêts de leur corporation. Ils savent que la tâche sera longue et rude mais ils ne manquent ni de courage ni de volonté.
Román "El Chato" Guzmán et Saturnino Bolio "Barana", respectivement banderillero et picador de renom, ne supportent plus les humiliations et les mauvais traitements que les matadors et novilleros réservent à leurs subalternes. A partir de 1927, ils n’ont qu’une idée en tête : fonder un syndicat qui défendrait les intérêts de leur corporation. Ils savent que la tâche sera longue et rude mais ils ne manquent ni de courage ni de volonté.
Pendant plusieurs années, les
discussions avec le collectif des subalternes adhérents au projet n’ont pas
cessé. Pour Guzmán et Bolio, un jour
sans toréer est un jour consacré aux pourparlers, à la négociation et à la
planification de la création de l’Union. Les jours où ils toréent, les
anecdotes tragiques s’accumulent…
Leur compañero Eugenio Cuevas est gravement blessé à Veracruz : cornada grave et fracture de la jambe
gauche. Une fois de plus, le blessé est « abandonné » par son patron
et les infortunés subalternes connaissent à nouveau le calvaire d’un long
trajet jusqu’à Mexico avant de se réfugier chez le bon Docteur Ortega qui,
comme à son habitude, a gracieusement soigné le malheureux Cuevas.
Peu après et dans un registre différent (mais pas moins insultant pour
leur condition), ils passèrent également un mauvais moment à Mérida. En
arrivant là-bas pour y toréer, El Chato et Barana ont aperçu tout un tas de
gens munis de caméras et d’appareils photo. Les prenant pour des touristes, ils
ne s’en sont pas plus inquiétés que ça jusqu’au lendemain matin où l’apoderado de David Licéada, le matador
au service duquel ils travaillaient la veille, vint les voir et exigea d’eux
qu’ils se vêtissent de torero. L’équipe de tournage (il ne s’agissait pas de
touristes) devait filmer une scène taurine et ils devaient se rendre habillés
de lumières à la plaza.
El Chato : Pourquoi nous habiller et aller à la plaza puisque notre engagement s’est terminé avec la course d’hier ?
El Chato : Pourquoi nous habiller et aller à la plaza puisque notre engagement s’est terminé avec la course d’hier ?
Camacho (l’apoderado de Liceaga) : Parce que ce sont les ordres
du matador !
El Chato : Dites-nous d’abord combien on va être payés pour
s’habiller de torero…
Camacho (s’adressant uniquement à Barana) : Puisque Le Chato
refuse de s’habiller, fais-le toi et viens à la plaza !
Barana n’a pas cédé et a confirmé que s’ils n’étaient pas payés, ils
n’iraient pas à la plaza.
Effectivement, aucun des deux n’apparait dans le film en question.
L’anecdote est moins dramatique que les précédentes mais la posture du
matador vis-à-vis de ses subalternes est tout aussi offensante. La coupe était
pleine et le projet d’association suffisamment ressassé pour être prêt à
aboutir.
Dans la lettre que Román Guzmán
adresse à l’ex-impresario Gaona à l’occasion de l’anniversaire de la Unión, se
trouve un paragraphe dans lequel il affirme que c’est le 2 novembre 1932 à
Morelia que la lutte a finalement vraiment commencé. C’est ce 2 novembre 1932, "jour des morts", que les subalternes ont symboliquement
« tué » l’esclavage dont ils souffraient. Cette courte histoire
mérite d’être racontée…
(A suivre...)
Zanzibar
Zanzibar
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