Joselito parade. Il pétille, fait des
blagues, signe des autographes. On dirait un ganadero qui viendrait
de faire lidier un lot de 6 beaux toros braves et encastés. Il porte
le provocant sourire de l'homme satisfait à qui tout réussit. Ni
lui ni sa cour d'admirateurs ne paraissent autrement affectés par
ce qui vient de se dérouler sous nos yeux...
Nous autres, on fait des blagues
aussi mais on ne pétille pas trop, non. Disons que nous sommes
moins euphoriques que Joselito. En fait, on est même carrément
accablés. Et corrélativement inquiets pour les ganaderias de El Tajo et de La Reina.
Il faut dire que, pendant les deux
heures écoulées, les 6 tristes toros des élevages susnommés n'ont
cessé de nous susurrer : "Nous sommes les débris de ce que vous eussiez jadis regardé avec plaisir".
S'ils avaient eu une once de
personnalité un tant soit peu affirmée, on aurait pu dire que certains
étaient mansos. Mais là non, ils étaient juste faibles, creux,
vides, totalement décastés. Seul le cinquième a montré un peu
(très peu) de tempérament, faisant illusion sous une première
pique carrioquée avant de poursuivre aux banderilles messieurs Adalid et Mellinas qui ont salué, et d'afficher pour
la muleta une sorte d'admiration canine qui, je suppose, doit pouvoir
s'apparenter à de la noblesse.
Pas du tout le genre de toros qui
convient à Diego Urdiales (qui nous a quand même offert quelques
beaux gestes isolés).
Pas du tout le genre de toros qui
convient à Morenito de Aranda (qui était de surcroit diminué par
une douloureuse blessure au niveau du genou).
Pas du tout le genre de toros qui
convient à Saul Jimenez Fortes (qui s'est obstiné avec beaucoup
d'envie mais peu de discernement).
Pas du tout le genre de toros qui devrait convenir et faire parader les ganaderos.
Pas du tout le genre de toros qui fait
aimer les toros...
Zanzibar
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